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http://pubs.lemonde.fr/5/WWW_autres/129623088/x01/default/empty.gif/35313134643132343461366162643830http://medias.lemonde.fr/mmpub/img/lgo/lemondefr_pet.gif Article paru dans l'édition du 24 octobre 2010

http://pubs.lemonde.fr/5/WWW_autres/54733050/Top3/default/empty.gif/35313134643132343461366162643830

En Israël, l'héritage politique d'Yitzhak Rabin est de plus en plus contesté, quinze ans après son assassinat

Combien seront-ils, samedi 23 octobre, sur la place Rabin de Tel-Aviv, à célébrer le quinzième anniversaire de la mort de l'ancien premier ministre travailliste ? Moins nombreux, à coup sûr, que cette foule de 200 000 personnes qui s'était rassemblée il y a cinq ans, alors que le « camp de la paix » n'avait pas encore un moral en berne.

De toute façon, ce devrait être la dernière fois que la place Rabin accueille une telle cérémonie : trop peu de monde, conséquence d'une sorte d'apathie nationale... Tel est le constat de plusieurs éditorialistes et des responsables du Yitzhak Rabin Center, décidés à trouver à l'avenir un lieu de rassemblement plus modeste.

En Israël, des places et des rues portent le nom du signataire des accords de paix d'Oslo (1993), mais son « héritage » est de plus en plus contesté, ou récupéré. Certes, beaucoup d'Israéliens continuent de penser que si le Prix Nobel de la paix 1994 (avec Shimon Pérès et Yasser Arafat) n'était pas tombé (le 4 novembre 1995) sous les balles d'Yigal Amir, militant juif d'extrême droite, la paix aurait été signée, mais rien n'est moins sûr.

Dans le cadre de ce devoir de mémoire, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a profité de l'occasion pour répondre à ceux qui l'accusent de torpiller le processus de paix avec les Palestiniens. Yitzhak Rabin, a-t-il rappelé, était à la fois hostile à la création d'un véritable Etat palestinien, à la division de Jérusalem, à l'évacuation des colons et à l'abandon de la vallée du Jourdain. Lui, Benyamin Nétanyahou, chef du parti de droite Likoud, a imposé un moratoire de dix mois sur la colonisation et donné son accord à un Etat palestinien « démilitarisé ». CQFD : politiquement, il a doublé Yitzhak Rabin sur sa gauche.

L'icône a pâli

La démonstration emporte moyennement la conviction, mais il est vrai qu'au sein même du Parti travailliste, l'icône de Yitzhak Rabin a pâli. La députée Einat Wilf a proposé de décrocher son portrait de la salle de réunion du Labour, expliquant que si Ben Gourion, père de l'indépendance de l'Etat d'Israël, se définit « par ce qu'il a fait », M. Rabin, lui, se définit par « ce qu'il aurait pu faire ». Pour enrayer son déclin, a-t-elle noté, le Parti travailliste a besoin d'un électrochoc, qui passe par l'arrêt d'un deuil de quinze ans.

Mais le malaise paraît plus profond : depuis plusieurs années, rares sont les manifestations sur la place Rabin de Tel-Aviv. Le militantisme politique, estiment plusieurs observateurs, est en déshérence, la société civile israélienne n'a plus le ressort pour se mobiliser, notamment pour la paix et les droits de l'homme. Faute de faire recette, Yitzhak Rabin aura au moins servi, post mortem, de révélateur à un certain déficit démocratique.

Laurent Zecchini (Jérusalem, correspondant)

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