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Dans un dossier de "contre enquête" consacré à la diplomatie européenne où figurent  plusieurs interrogations, concernant les "vingt-sept" dont celle-ci: "peuvent-ils se faire entendre au Proche Orient?" figure l'article qui suit du correspondant à Jérusalem du quotidien du soir.

Nous nous contenterons de noter que pour se faire entendre, encore faut-il avoir quelque chose à exprimer. Le moins que l'on puisse dire est que l'Europe n'a pas de position radicalement différente de la position des Etats Unis, ne serait-ce parce que, comme l'indiquait Natalie Nougayraide, responsable des pages de politique extérieure du quotidien, début 2007, à propos de la suspension de l'aide à l'autorité palestinienne, parce qu'elle n'est pas financièrement indépendante de son tuteur d'outre Atlantique.

Les épisodes du rehaussement de l'accord Union Européenne Israël délivrant un permis de tuer à Israël pour Gaza en décembre 2008, l'intégration de cet Etat dans le club des riches occidentaux qu'est l'OCDE en mai dernier, l'absence ne serait-ce que la suspension de l'accord UE-Israël qui pourtant viole tous les jours les droits de l'Homme en Palestine,  montrent hélas que pour les Palestiniens cette Europe est fondamentalement associée au colonialisme qui les frappe.

Jean-François Larosière

http://medias.lemonde.fr/mmpub/img/lgo/lemondefr_pet.gif Article paru dans l'édition du 27 octobre 2010

http://pubs.lemonde.fr/5/WWW_autres/1045370868/Top3/default/empty.gif/35313134643132343461366162643830

La diplomatie européenne peut-elle parler d'une seule voix ? Zoom

Proche-Orient : du Quartet au Quintet ?

Le voyage de Bernard Kouchner et Miguel Angel Moratinos à Jérusalem, le 10 octobre, quelques jours après une visite de Catherine Ashton, la haute représentante pour les affaires étrangères de l'Union européenne, a illustré le caractère aléatoire et souvent brouillon de la diplomatie européenne au Proche-Orient. Les ministres français et espagnol des affaires étrangères ont subi un accueil à la limite des convenances diplomatiques de leur homologue israélien, l'ultranationaliste Avigdor Lieberman. La personnalité abrupte de l'intéressé n'explique pas tout : Israël n'a jamais considéré que l'Europe pourrait jouer un rôle d'intermédiaire de même nature que celui dévolu aux Etats-Unis, parrain historique du processus de paix.

Telle n'est pas a priori l'ambition de l'UE dans la région. « Nous ne sommes pas en compétition, nous ne sommes pas jaloux, nous voulons ajouter notre énergie et notre sensibilité » à celles des Américains, avait plaidé, le 23 septembre, le ministre français, tout en faisant part de l'« irritation » de l'UE de ne pas avoir été invitée aux pourparlers directs israélo-palestiniens.

La France déplore le peu de visibilité de Mme Ashton. Ces critiques traduisent la frustration des Européens de ne pas être considérés comme un acteur d'influence. D'où l'initiative isolée et mal préparée du duo Kouchner-Moratinos (le second a aujourd'hui quitté ses fonctions). « Ils sont passés, ils ont vu tout le monde, mais ils n'étaient porteurs d'aucune proposition », résume un haut fonctionnaire israélien. Un diplomate européen, qui s'est rendu récemment au Caire, à Amman et à Ramallah, abonde : « Nos interlocuteurs se sont tous demandés ce que Kouchner et Moratinos étaient venus faire, à part relayer le message américain. »

Constat sévère ? « L'Union européenne étant incapable d'avoir une vision et une action communes au Proche-Orient, les initiatives des Etats-membres sont positives », corrige un ambassadeur. L'Europe, qui a été la première à soutenir la création d'un Etat palestinien et à conforter l'Autorité palestinienne, veut sortir de son éternel rôle de bailleur de fonds. Ou plutôt, elle estime que sa position de premier financier des Palestiniens (420 millions d'euros par an) doit lui donner voix au chapitre politique.

C'est le sens des récentes critiques de Nicolas Sarkozy à l'encontre de la « méthode » utilisée par la diplomatie américaine pour tenter de faire progresser le processus de paix, et de l'inanité du Quartet, qui associe les Etats-Unis, la Russie, les Nations unies et l'UE. La raison d'être du Quartet est d'apporter à l'action de Washington au Proche-Orient une caution internationale. Quant au soudain activisme de la diplomatie française, il suscite, tant à Jérusalem qu'à Ramallah, un intérêt poli : « C'est un coup de menton du président Sarkozy, lié, semble-t-il, aux difficultés que connaît la politique intérieure française », estiment plusieurs observateurs.

Divisée quant à l'attitude à adopter à l'égard d'Israël, l'UE dispose des outils de la puissance mais sa volonté de s'en servir est émiettée entre les Vingt-Sept. Trop souvent, ceux-ci agissent en ordre dispersé, quitte à donner l'impression de vouloir concurrencer la Haute Représentante de l'UE pour la politique étrangère.

Chaque année, les consuls généraux européens à Jérusalem se mettent d'accord sur un rapport qui critique notamment « la politique [israélienne] délibérée visant à rendre progressivement impossible une solution à deux Etats ». Faute de consensus, décision est prise de ne pas rendre public ledit rapport. Cette pusillanimité européenne peut-elle être dépassée et l'UE pourrait-elle, par exemple, se faire le champion de la reconnaissance par les Nations unies d'un Etat palestinien dans les frontières de 1967 ? Une telle audace diplomatique semble improbable.

Laurent Zecchini (à Jérusalem)

 

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