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Paris, le 22 novembre 2010 M. Brice Hortefeux
La « Ligue
de défense juive » (LDJ) vient de se livrer à nouveau, ce dimanche, à
des actes de pure violence extrême contre, cette fois, le Musée d’art moderne
de la Ville de Paris qui accueille une exposition du grand photographe Kai Wiedenhöfer. Cette
exposition résulte d’un séjour et d’un travail de trois mois, sur place, du
célèbre photographe après les tragiques événements de Gaza. Elle donne à voir
des aspects effroyables – aussi bien humains que matériels – de l’offensive
israélienne qui s’est abattue contre les populations de cette bande de terre
palestinienne durant l’hiver 2008/2009. Ce reportage, a
été récompensé par de nombreux Prix internationaux. Ces distinctions n’ont
pas empêché le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF)
de manifester, le 15 novembre dernier, son « indignation » contre
ce qu’il qualifiait d’« acte de militantisme politique que ne devrait
pas accepter le Musée d’art moderne de Paris, qui est sous la responsabilité
de la ville de Paris ». Coïncidence ?
Six jours après cette attaque contre la liberté de création et d’expression,
une bande de voyous se réclamant de la LDJ, encagoulés pour certains, a voulu
détruire cette exposition, au risque d’endommager les œuvres de Picasso et de
Matisse accrochées à proximité. Les vigiles du
Palais de Tokyo ont fort heureusement réussi à s’interposer, mais le musée a
été fermé et l’accès à l’exposition également. Ce n’est pas acceptable.
Ce n’est pas la
première fois que la LDJ mène ce type d’opération commando destructeur et
aveugle mettant en cause des œuvres d’art notamment. Et ce n’est pas
la première fois que nous signalons que ce groupe extrémiste a été dissous,
en raison de ses actes extrémistes violents d’un autre âge, aussi bien en
Israël qu’aux Etats-Unis. Faut-il vous
rappeler que, le 7 avril 2002, l’un de ces voyous, qui se livraient à
une « ratonnade », avait grièvement blessé d’un coup de poignard un
commissaire de police ? Des complicités lui avaient permis de se
réfugier en Israël. Là-bas, cinq ans plus tard, le même homme avait tué un
père de famille palestinien de 35 ans de vingt-quatre coups de couteau…
Compte tenu de
ce qui vient de se passer au Musée d’art moderne de la Ville de Paris nous
vous demandons instamment : 1) D’assurer,
par une présence policière adaptée, la protection de cette exposition qui
doit se poursuivre en toute tranquillité. Rien ne serait pire que de céder à
l’intimidation violente de la LDJ. 2) De diligenter
une enquête sur les conditions dans lesquelles, après le communiqué du CRIF,
ces individus, faute de pouvoir obtenir l’interdiction de cette exposition,
ont cru pouvoir l’interdire eux-mêmes. Ils doivent être sanctionnés fermement
par la justice de notre pays. Ces malfrats de la politique nuisent évidemment
à la communauté dont ils se réclament et dont ils ternissent terriblement
l’image. Votre collègue Michèle Alliot-Marie, lorsqu’elle était ministre de
la Justice et Garde des Sceaux, a demandé incroyablement aux Parquets de
poursuivre des militants pourtant pacifistes et antiracistes pour
« provocation publique à la discrimination ». Si les nervis,
violents et racistes, de la LDJ n’étaient pas poursuivis, votre gouvernement
tout entier serait légitiment soupçonné de pratiquer au minimum un
intolérable « deux poids deux mesures ». 3) De décider,
au vu de l’ensemble des « actions radicales » menées
systématiquement par ce groupuscule, de dissoudre la LDJ, qui, depuis
longtemps, ne devrait pas avoir pignon sur rue dans notre pays. Il est temps,
plus que temps, que cette décision s’impose. Dans l’attente
de décisions rapides de votre part, Je vous prie de
croire, Monsieur le Ministre, à l’expression de mes salutations distinguées.
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