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Lettre des Relations
Internationales DÉCEMBRE 2010 Palestine Obama et le Moyen-Orient : itinéraire d’un désastre… À grand renfort de matraquage médiatique,
nul n’a pu échapper, au lendemain de l’élection de Barack Obama à la Maison
blanche, aux promesses d’une paix durable au Moyen- Orient. Pourtant, depuis cet
élan général d’optimisme, force est de constater que la situation dans cette
zone du monde ne cesse de se dégrader. Au milieu de ce mois de décembre,
l’administration américaine à annoncé, rien de moins, que l’abandon de la question
du gel de la colonisation israélienne comme condition d’un règlement final ! Ainsi, Obama rejoint le cortège
des personnalités qui se sont cassé les dents sur « le mur israélien ». Les États-Unis
avaient pourtant formulé une série d’offres à Israël pour le convaincre de
prolonger de trois mois ce moratoire, dont la livraison de 20 chasseurs F-35 d’une
valeur globale de trois milliards de dollars. Le secret espoir de Washington
était qu’en 90 jours les deux parties feraient assez de progrès sur la
question des frontières de la future Palestine pour rendre la question des
colonies secondaire ! Mais c’était sans compter l’arrogance israélienne. Washington, à défaut d’annoncer un
échec, va donc se concentrer « sur les problèmes centraux du conflit ». Mais
si la colonisation n’est plus un problème central, de quoi les États-Unis
vont-ils discuter à l’avenir ? Des frontières ? Du statut de Jérusalem ? Du
droit international ? Du droit au retour ? Aucun de ces problèmes ne peut se
traiter indépendamment de la question des colonies et de la judaïsation des
territoires occupés. Que vaudrait un accord de paix dans ces conditions, que
vaut la paix sans justice ? Sans doute Washington aura
préféré, à la paix et la justice, la satisfaction de ses intérêts : la
division du Moyen-Orient et l’encouragement d’une radicalité de tous bords.
Netanyahu a désormais les mains libres puisque même les États-Unis renoncent
à montrer que faire obstruction aux efforts de paix peut avoir des conséquences.
Si les Américains se plient aux exigences de Netanyahu, c’est parce qu’Israël
est redevenu une carte essentielle dans leur politique moyen-orientale. L’Iran,
l’Afghanistan, l’Irak, le terrorisme, le pétrole sont autant de raisons qui font
d’Israël un atout pour les États-Unis. Que vaut le sort de quelques
Palestiniens face à la mécanique géopolitique ? Peut-être est-il temps pour l’Union
européenne de prendre la mesure de ses responsabilités en reconnaissant un
État de Palestine dans ses frontières de 1967. Invoquer le droit
international sans se donner les moyens de la réalité d’une telle politique
ne fera qu’accentuer l’écroulement de la construction européenne déjà
affaiblie par la crise et subordonnée aux contraintes économiques. Les dirigeants de ce monde ne
doivent pas oublier que si la justice et l’état de droit coûtent cher, ils
séparent sans doute l’humanité de la barbarie… Yann
Leroy |