|
|
|
Article paru dans
l'édition du 8 Février 2011 Les Palestiniens déplorent la timidité du Quartet Par Laurent Zecchini L'objectif peu réaliste de la création d'un Etat
palestinien en septembre 2011 est maintenu Les Palestiniens n'ont pas
caché leur déception, dimanche 6 février, après la réunion du Quartet la
veille, à Munich. Il était pourtant improbable, à plus forte raison en pleine
crise égyptienne, que ce forum sur le Proche-Orient, associant les
Etats-Unis, la Russie, les Nations unies et l'Union européenne, "prenne
la décision historique" de reconnaître un Etat palestinien sur la
base des frontières de 1967, comme l'avait souhaité le principal négociateur
palestinien, Saëb Erakat. Mais l'absence de référence
à un tel objectif, tout comme celle d'une condamnation explicite de la
politique israélienne de colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est,
représente, du point de vue palestinien, une sérieuse déconvenue. Le Quartet
se contente de "regretter" l'arrêt du moratoire de la
construction dans les territoires occupés, tout en renvoyant dos à dos
Palestiniens et Israéliens. "Les actions
unilatérales de l'une ou l'autre partie ne peuvent préjuger du résultat des
négociations et ne seront pas reconnues par la communauté
internationale",
est-il indiqué. Cette condamnation indirecte des efforts poursuivis par
l'Autorité palestinienne pour convaincre davantage de pays à reconnaître un
Etat palestinien représente une autre déception. Le Quartet souligne le
caractère "impératif" d'une reprise des négociations
israélo-palestiniennes et souhaite qu'elles aboutissent à un accord d'ici à
septembre 2011. Les pourparlers étant
suspendus depuis fin septembre 2010, et les Palestiniens exigeant pour les
reprendre un arrêt total de la colonisation, cette date butoir relève du vœu
pieux. Le Quartet, a commenté Saëb Erakat, "ne s'est pas hissé au
niveau que nous attendions de lui, ni à celui des événements que traverse la
région". La direction palestinienne
s'efforce de convaincre qu'ils sont une conséquence du blocage du processus
de paix même si rien dans les slogans entendus en Egypte ne confirme une
telle corrélation. "Le Quartet n'a pas raté une occasion de se
taire", se félicite un haut diplomate israélien. Les Israéliens
voient dans la pusillanimité de la position du Quartet un succès de leur
diplomatie. Vendredi, veille de la
rencontre de Munich, le gouvernement du premier ministre israélien, Benyamin
Nétanyahou, avait annoncé, en concertation avec Tony Blair, représentant du
Quartet, une série de "mesures de confiance" destinées à convaincre
les Palestiniens de reprendre le chemin des négociations. Dans un premier
temps, il s'agissait d'inciter le Quartet à renoncer à une condamnation de la
politique de colonisation poursuivie par l'Etat juif. "Supercherie" M. Erakat a immédiatement
jugé que ces dispositions relèvent de la "supercherie".
Israël se propose notamment d'autoriser des programmes de construction à
Jérusalem-Est, de confier la sécurité de plusieurs villes de Cisjordanie à
l'Autorité palestinienne, de régulariser la situation de 5 000 Palestiniens
originaires de Gaza vivant en Cisjordanie, et de permettre l'exploitation de
gisements de gaz naturel au large de Gaza. Ces mesures sont, à ce
stade, imprécises et aléatoires. Pour les Palestiniens, elles relèvent de
gestes dérisoires au regard de l'enjeu que constitue l'arrêt de la
colonisation. Elles vont dans le sens de la stratégie de "paix
économique" de M. Nétanyahou, laquelle, dans les faits, se substitue aux
avancées politiques nécessaires pour réaliser l'objectif de deux Etats. Mais
elles ne sont pas contradictoires avec l'action concrète que mène Salam
Fayyad, le premier ministre palestinien, en Cisjordanie. "Mahmoud Abbas (président de l'Autorité
palestinienne) et Salam Fayyad sont devenus les gardiens de la prison dans
laquelle l'occupation israélienne enferme les Palestiniens", assure
Mahdi Abdul Hadi, directeur de Passia, un centre de recherche palestinien. Le
contexte régional ne leur est pas favorable et l'absence de soutien politique
du Quartet les conforte dans une stratégie consistant à court-circuiter le
processus de paix. Le premier stade est d'obtenir du Conseil de sécurité de l'ONU le vote d'une résolution condamnant la colonisation israélienne. Parallèlement, il s'agit d'étendre le nombre des pays qui ont reconnu officiellement l'Etat palestinien. Cette offensive diplomatique tient de la fuite en avant, mais,résume M.Abdul Hadi: "Si les négociations ne mènent nulle part, et que la violence n'est pas une option, que reste-t-il ?" |