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Israël et la Révolution arabe, le syndrome d’El Khalil

Par Brahim SENOUCI

 

El Khalil (Hébron), ville palestinienne de 150.000 habitants, "abrite" quatre-cents colons israéliens, protégés par un millier de militaires. Ces colons pourrissent la vie des Palestiniens, entre autres en déversant leurs ordures sur les toits des maisons. Cela a contraint les Palestiniens à tendre des filets de protection au dessus de leurs cours. Par ailleurs, il prend envie à ces colons de faire une promenade dans les rues de la ville ; l’armée organise alors le bouclage complet de la ville et instaure un couvre-feu qui dure le temps que dure le bon plaisir des promeneurs qui, naturellement, prennent tout leur temps.

Ainsi, la vie de dizaines de milliers de Palestiniens est entièrement subordonnée aux caprices de quelques centaines de fous furieux dont le passe-temps favori est de faire pleuvoir leurs déchets sur les toits de leurs voisins et de jouer du fusil mitrailleur.

Ce microcosme peut aisément être transposé à l’échelle du monde. Tout le monde a remarqué qu’Israël s’"inquiète" du vent de contestation des régimes qui souffle en terre arabe, au motif qu’il "risque d’amener les intégristes au pouvoir". Certains, bien naïfs, s’étonnent que la "seule démocratie de la région" ne salue pas l’avènement d’autres démocraties qui viendraient rompre cette solitude dont il se plaint si fort. En réalité, c’est qu’Israël est, jusqu’à aujourd’hui, très satisfait de l’ordre du Proche-Orient. Des dizaines de millions d’Egyptiens, de Syriens, de Jordaniens… voient leur liberté et leur bien-être sacrifiés sur l’autel du confort de quelques millions d’Israéliens dont la sécurité est un impératif qui prime (mais à quel titre ?) sur toute autre considération. Comme les malheureux habitants d’El Khalil, leur vie est suspendue au bon vouloir d’un gouvernement étranger qui les méprise autant qu’il méprise le pouvoir local qui lui est inféodé et qui exécute ses basses œuvres.

Quel remarquable silence de la coterie d’intellectuels occidentaux autoproclamés défenseurs des droits de l’Homme, si prolixes quand il s’agit du Tibet ou du Darfour, si gênés aux entournures qu’ils en oublient de saluer le combat d’un peuple pour sa liberté. A l’évidence, la possibilité pour l’homo arabicus d’accéder à la dignité et à la maîtrise de son destin n’était, non seulement pas envisagée, mais certainement pas souhaitée. C’est que ce peuple se mêlerait sans doute de soutenir les Palestiniens sous occupation plutôt que de participer à leur bouclage. C’est qu’il pourrait remettre en cause des pactes léonins pour lesquels son avis n’avait pas été sollicité…

Cela n’a sans doute pas compté pour peu dans le déclenchement de l’insurrection citoyenne qui court comme un incendie à travers le monde arabe.

Israël est inquiet de l’évolution de la situation en Egypte ? C’est le signe qu’elle va dans le bon sens ! 

 

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