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Par l'
UJFP de Lyon, le 22 février 2011 Le CRIF organisait à Lyon le 17 Février dernier son dîner
annuel et, comme chaque année, dictait aux politiques et aux médias présents
leur feuille de route pour l'année en cours. C'est chose faite ! Le Progrès du 18 février rendait compte de cet événement
dans sa rubrique « religion et croyance », sous le titre : L'appel
au boycott d'Israël : une discrimination imbécile ! Non ! Critiquer la
politique israélienne, critiquer cet État qui viole impunément le droit international,
les Conventions de Genève, le droit humanitaire international, n'est en rien
faire acte d'antisémitisme, ne relève d'aucune « discrimination
imbécile » comme le prétendent les représentants du CRIF. Non ! Il s'agit plus exactement d'une prise de conscience
majeure de la société civile internationale, de la société civile française,
d'une réponse fraternelle à l'Appel lancé en juillet 2005 par l'ensemble de
la société civile palestinienne (172 organisations, partis et syndicats) au
monde entier. Une prise de conscience indignée, face à la complaisance
de la communauté internationale vis à vis d'Israël (tel le récent véto opposé
par les États-Unis au projet de résolution arabe parrainé par 130 pays, condamnant
la politique de colonisation israélienne dans les Territoires Palestiniens
Occupés, alors que les 14 autres membres ont voté en faveur de ce texte),
celle de l'Europe, celle de la France en particulier. Ainsi, la Campagne
Internationale BDS : Boycott, Désinvestissements, Sanctions est bien une stratégie
pleine de dignité, basée sur le droit pour une paix juste jusqu'à ce
qu'Israël se conforme au droit international et respecte les droits
inaliénables du peuple palestinien. Devons-nous
craindre que l'on appelle à ne plus acheter des produits « fabriqués par
les juifs » s'interrogent ces Messieurs ? C'est un
argument particulièrement pervers qui assimile les juifs français aux
Israéliens qui approuvent et participent à la colonisation continue de la
Palestine, au blocus, aux massacres des civils et à la destruction de Gaza,
aux massacres en tout genre dans les Territoires Occupés, à l'occupation
continue de Jérusalem-Est, à la politique d'apartheid en Israël même à
l'encontre des palestiniens de l'intérieur qui représentent prés de 20% de la
population. Cet amalgame
entre juifs français et les citoyens israéliens est inadmissible. Cet argument
que nous affirmons pervers exacerbe les replis communautaristes, exacerbe le
racisme, l'antisémitisme, ces maux que tout le monde prétend combattre. Comment,
sans ridicule peut-on attaquer les intellectuels et les hommes de culture
juive qui se joignent à cette campagne internationale ? Attaquer
Stéphane Hessel – Résistant, Déporté, Ambassadeur de France, co-rédacteur de la Déclaration Universelle des Droits de
l'Homme en 1948 ? Comment nier
à ce point les valeurs juives universelles portées par nos pères ? Ces attaques
sont indignes. Tout comme les propos de l'Ambassadeur d'Israël tenus ce soir
là et ceux des politiques français eux aussi présents. Non M. l'Ambassadeur, les
économies israéliennes et celles – palestiniennes – des Territoires Occupés
et de Gaza n'ont pas partie liée, comme la corde et le supplicié pendu, il
n'y a entre les deux aucun point commun : – l'un est spoliateur –
Israël – celui qui accapare les terres, accapare l'eau, détruit tous les
moyens de production, – l'autre est le spolié –
le peuple palestinien – réduit à la pauvreté absolue, victime d'un blocus implacable comme les
Gazaouis, victimes d'une politique de destructions massives ne permettant
aucune activité économique, victime d'une politique d'apartheid pour les
Palestiniens vivant en Israël. C'est à cette aune que nous
devons comprendre l'opération de charme lancée cet hiver par la société
israélienne Agrexco intitulée « fraises de
Gaza », opération destinée à masquer les importations illégales en
France et en Europe des produits cultivés dans les Territoires Occupés, opération dénoncée par les agriculteurs
palestiniens eux-mêmes, dénoncée par les associations françaises, constat
d'huissier à l'appui, mettant en évidence que cette entreprise israélienne
exporte illégalement des produits issus des colonies dans les Territoires
Occupés. Enfin, le soutien de Mme
Rama Yade à ces propos, son souci à ce que Israël
« vive en paix et en sécurité » sans tenir compte des droits
des Palestiniens à ce que – eux aussi – vivent en paix et en sécurité, à
l'heure où les peuples du Maghreb et du Moyen-Orient se libèrent de leurs
bourreaux, témoigne de l'aveuglement
de nos dirigeants politiques face aux bouleversements auxquels nous assistons
actuellement. Reste cette question
majeure : Au nom de qui parle le
CRIF et qui prétend-il représenter ? Il est clair pour nous,
juifs français progressistes, que le CRIF – comme il s'obstine à le faire
croire – ne représente pas les juifs de France, tous les juifs de
France. Plus exactement – et son
discours au cours de ce dîner est on ne peut plus clair – le CRIF est
aujourd'hui en France le porte-parole des gouvernements israéliens
successifs, de celui aujourd'hui, d'extrême droite avec lequel il semble
n'éprouver aucune contradiction. En clair, le CRIF ne nous
représente pas, il ne peut parler en notre nom ! Tout comme l'État israélien
n'est pas notre État, ne peut commettre ses crimes en notre nom ! Michel Warshawski
– opposant israélien anti-colonialiste – l'a bien
exprimé au cours du dîner de l'UJFP à Lyon en octobre 2009 devant les
politiques de la région présents à propos du boycott : « Il s'agit d'une question d'hygiène
publique, de civilisation des relations internationales ». |