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Article
paru dans l'édition du 15 mars 2011 Des centaines d'arrestations après le massacre d'une famille de colon à Après une tuerie, Israël relance
la colonisation
Le gouvernement israélien a répliqué, samedi
12 mars, à l'assassinat de cinq membres d'une même famille, dans une colonie
de Cisjordanie, en approuvant la construction de plusieurs centaines de logements
dans les territoires palestiniens occupés. L'émotion et la tension étaient
grandes en Israël après le meurtre, dans la soirée de vendredi, de Udi et Ruth Fogel et de trois
de leurs enfants, âgés de 11 ans, 3 ans, et 3 mois, tous tués à l'arme blanche
dans leur maison de la colonie d'Itamar, au sud-est
de la ville palestinienne de Naplouse. Un état d'alerte a été déclenché durant le week-end dans le
nord de la Cisjordanie et à Jérusalem, à la fois pour retrouver les auteurs
de ce massacre, et par crainte de représailles. Selon la presse israélienne,
les premiers éléments de l'enquête permettent d'affirmer que "deux
terroristes palestiniens" sont
recherchés, et que le système de sécurité de la colonie (où cinq Israéliens avaient
déjà été tués en 2002) s'est montré défaillant. Arrestations de
"suspects" Une vingtaine d'arrestations de "suspects" ont été opérées dans les villages
palestiniens de la région d'Itamar, où des heurts
se sont produits entre colons et villageois, notamment à Burin et Hawara. Quelque 20 000 personnes ont assisté, dimanche
matin, aux obsèques des victimes, mais la polémique politique a vite repris
ses droits. "Notre vengeance sera de
construire encore et encore", a promis à cette occasion Reuven Rivlin, président de la
Knesset, le Parlement israélien. "Il devrait y avoir 1 000 nouveaux
logements pour chaque meurtre", a insisté le ministre de
l'intérieur, Eli Yishai. "Ils tirent, nous construisons",
a insisté le premier ministre Benyamin Nétanyahou au cours d'une visite à Itamar. Auparavant, il avait exhorté les Israéliens à "ne
pas se faire justice eux-mêmes", tout en dénonçant ce qu'il
estime être le manque de fermeté et l'ambiguïté de l'Autorité palestinienne
pour condamner ces assassinats, ainsi que sa responsabilité indirecte. Selon
lui, les dirigeants palestiniens font preuve de laxisme pour dénoncer les"incitations" (à la haine) envers Israël et les
juifs, à la fois "dans les écoles, les livres de
classe et les mosquées". Dans la soirée de samedi, le gouvernement a donné son feu vert
à la construction de 400 à 500 nouveaux logements, essentiellement dans les
"blocs de colonies" (de larges implantations), du Goush Etzion et de Maalé Adoumim (au sud et à
l'est de Jérusalem) et à Ariel (nord de la Cisjordanie), des zones qu'Israël
souhaite annexer en cas d'accord pour la création d'un Etat palestinien.
Cette décision, qui constitue un geste de soutien appuyé au mouvement des
colons, a été dénoncée par les Nations unies et les Etats-Unis, et fermement condamnée
par l'Autorité palestinienne. Cette dernière y voit une provocation au moment
où M. Nétanyahou est supposé mettre au point une "initiative
diplomatique" pour
relancer les négociations interrompues depuis 2010. Du point de vue israélien, la Cisjordanie avait connu en 2010
l'année la plus calme depuis une décennie, avec 9 morts israéliens, contre 15
en 2009 et 40 en 2008. Cette accalmie, due principalement à la coopération
entre les forces israéliennes et les services de sécurité palestiniens, pourrait
cependant être menacée : les assassinats d'Itamar
interviennent dans un contexte de vide politique et diplomatique qui nourrit
l'extrémisme de tous bords. Laurent Zecchini Article
paru dans l'édition du 16 mars 2011 Des centaines d'arrestations
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