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Article paru le 24 Mai 2011
– Page 14 Face à la paix,
l’arrogance d’Israël
Par Pierre Barbancey Le premier ministre israélien refuse tout en
bloc et craint la reconnaissance de l’État palestinien. Un sondage donne son
parti en progression. Avis de tempête au Proche-Orient. Avant même d’entrer dans la salle du Congrès américain,
Benyamin Netanyahou savait que la partie était gagnée pour lui. Lui et ses
conseillers avaient décelé dans le discours prononcé quelques jours
auparavant par Barack Obama
la faiblesse de l’engagement américain, ses contradictions et surtout
l’absence de toute mesure coercitive en cas de refus des deux parties sur une
relance du processus de paix. Non, le président américain s’est contenté de
généralités en s’adressant aux Israéliens tout en les rassurant (un État
palestinien dans les frontières de 1967 comme base mais en tenant compte des
évolutions depuis cette date !), mais a multiplié les mises en garde vis-à-vis des
Palestiniens : pas de retour des réfugiés, aucune mention des
colonies, refus de la reconnaissance d’un État palestinien par l’ONU en
septembre… Pas question de revenir aux frontiÈres
de 1967 Dans ces conditions, le premier ministre israélien y est
allé franco. Il n’a fait aucune concession. Même pas pour la forme. Pis, il
s’est comporté comme si tout le Proche-Orient appartenait à Israël, se disant
« prêt à être généreux » (sic) quant à la taille de l’État palestinien. « Mais nous serons très
fermes quand il s’agira du tracé de la frontière. C’est un principe
important. » Et pour être sûr d’être bien compris, il a rappelé
qu’il n’était pas question de revenir aux frontières de 1967 et que, de toute
manière, même en cas d’accord de paix, il y aurait encore des colonies juives
en dehors d’Israël. En toute logique, pas question de diviser Jérusalem qui
doit rester la capitale « une et indivisible
d’Israël ».
S’en sont suivies quelques habituelles considérations sur les « compromis douloureux » qu’il était prêt à
faire, même si « ce n’est pas facile pour moi, car je reconnais que, dans
une paix véritable, nous devrons abandonner des parties de l’ancestrale
patrie juive » ; sur le « Hamas version palestinienne d’al-Qaida » ; sur les Palestiniens
en général, accusés de ne pas accepter l’existence d’Israël (pourquoi,
devrait-on lui demander, ces mêmes Palestiniens s’en tiennent alors seulement
aux frontières de 1967 ?). Un congrès acquis à la cause de Netanyahou Malgré ce ton dominateur, victorieux, sûr de lui,
Netanyahou a néanmoins
laissé apparaître une crainte majeure. Car l’un des enjeux, pour lui, est
d’empêcher par une initiative la tentative des Palestiniens de faire voter à
l’ONU, en septembre, la reconnaissance de leur État. Cette démarche doit être
combattue, a-t-il plaidé devant un Congrès très largement acquis à sa cause,
et qui l’a applaudi de nombreuses fois debout. Un sondage indique que si des
élections avaient lieu aujourd’hui, le Likoud, le parti de Netanyahou,
progresserait. Lors d’une réunion de l’Organisation de libération de la
Palestine (OLP), Mahmoud Abbas a estimé que le discours de Benyamin
Netanyahou était une fin de non-recevoir à l’appel d’Obama
à un dialogue de paix fondé sur les frontières qui ont précédé la guerre des
Six-Jours, « éloignait la paix » en cherchant à dicter des solutions avant même que ne
s’engagent des négociations. Abbas devrait consulter les États arabes ce
week-end. « Nous
avons déclaré dans le passé et nous disons toujours que la négociation est
notre choix, la négociation et rien d’autre. Mais si rien ne se produit d’ici
septembre, nous irons devant l’ONU », a-t-il expliqué. |