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Marwan Barghouti appelle à des manifestations de masse

Par Hassane Zerrouky

 

http://www.humanite.fr/21_07_2011-marwan-barghouti-appelle-%C3%A0-des-manifestations-de-masse-476758

 

De sa prison, le dirigeant palestinien en appelle au soutien populaire pour appuyer la reconnaissance d’un État palestinien par l’ONU, en septembre prochain. De son côté, Israël s’emploie à rassembler une « majorité morale » afin de la faire échouer.

Contraint par un contexte proche-oriental en plein bouleversement, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, veut négocier. « Tout est sur la table, mais il faut se rendre à la table. » Il l’a clamé sur la chaîne de télévision arabe Al Arabiya, concurrente d’Al Djazira. « Je suis prêt à négocier la paix entre nos deux peuples, directement avec le président Mahmoud Abbas, et nous pouvons le faire chez moi, à Jérusalem, à Ramallah, ou n’importe où ! » Coïncidence ou non, cette déclaration intervient à moins de trois mois de l’Assemblée générale de l’ONU qui, sauf surprise, votera la reconnaissance de l’État palestinien (lire Pour la reconnaissance de l’État palestinien)  dans ses frontières de 1967 et son admission au sein des Nations unies… Et le jour même où Marwan Barghouti, le dirigeant du Fatah, qui purge une peine de prison à vie après une parodie de procès, a appelé les Palestiniens à des manifestations de masse, en septembre, pour soutenir la demande d’adhésion d’un État palestinien (lire :  Le difficile et long chemin vers l’Etat palestinien à l’ONU. « Remporter la bataille de septembre prochain, qui est un pas important dans notre lutte, exige les plus grandes manifestations populaires et pacifiques ici et dans la diaspora, dans les pays arabes et musulmans et dans les capitales internationales (…) Ce n’est pas seulement le combat du président Mahmoud Abbas, de l’Organisation de la libération de la Palestine, de l’Autorité palestinienne », a-t-il déclaré, dans un communiqué rédigé mercredi. De fait, la proposition israélienne d’ouverture de négociations ne vise rien de moins qu’à torpiller la reconnaissance de l’État palestinien par l’instance onusienne, d’autant que le rapport des forces n’est pas en faveur d’Israël. « Il y a 117 pays qui reconnaissent l’État palestinien dans ses frontières de 1967 », a assuré mercredi le président Mahmoud Abbas, en visite en Espagne.

L’obstination d’israël

La tâche s’avère compliquée pour Israël (lire : « Israël mine la voie menant à un État palestinien ») : depuis la réconciliation entre le Fatah et le Hamas, intervenue dans le sillage du « printemps arabe » (lire : La révolution arabe frappe aux portes d’Israël) , il ne peut plus surfer sur les divisions interpalestiniennes, comme il le faisait dans un passé récent. En outre, il n’est pas sûr de convaincre certains pays « amis » ou hésitants à voter contre la reconnaissance d’un État palestinien. Les Israéliens ont besoin, en effet, de 30 voix pour rassembler « une majorité morale » afin de faire échouer la demande d’admission d’un État palestinien. « Mais ils seront encore défaits parce qu’ils n’obtiendront pas les 30 voix pour voter contre nous », a affirmé Ryad Mansour, l’ambassadeur palestinien aux Nations unies. Visiblement, la réconciliation interpalestinienne, sur fond de blocage du processus de paix, intervenant dans le sillage du « printemps arabe », qui s’est notamment traduit par la chute d’un allié de poids de Netanyahou, en l’occurrence Hosni Moubarak, a introduit une nouvelle donne régionale qu’Israël ne peut plus ignorer. L’aspiration présente des peuples du Moyen-Orient à la démocratie (lire :  Un État palestinien, l’idée fait son chemin ) et aux libertés rend ainsi la tâche difficile à la diplomatie israélienne, qui ne peut plus faire valoir le fait qu’Israël est le seul État démocratique de la région, « encerclé » par des pays dont les peuples seraient acquis aux idées de feu Ben Laden et qui seraient rétifs aux idées démocratiques et aux droits de l’homme, pour justifier le refus d’Israël de négocier et de se retirer des territoires occupés. Et partant, de refuser le plan arabe de paix adopté en 2002 à Beyrouth préconisant le retrait d’Israël de tous les territoires occupés, y compris de Jérusalem-Est et du Golan syrien, en échange de sa reconnaissance et de l’établissement de relations diplomatiques. Bien qu’approuvé, du moins verbalement, par les États-Unis (lire : Après les mots d’Obama, l’attente des gestes politiques)  et l’Union européenne, ce plan est resté lettre morte, et cela en raison de l’obstination d’Israël.

 

 

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