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Les mots sont devenus des maux

 

Par Jean-Claude Lefort,  vendredi 12 août 20

 

Ca n’arrête pas… C’est un déluge.

 

Jeudi 4 août : feu vert est donné par Netanyahu pour la construction illégale de 900 logements à Jérusalem-Est. La France… proteste tandis que l’Union européenne… condamne.

 

Hier jeudi 11 août : feu vert est donné à la construction de 1.600 logements à Jérusalem-Est. La France… condamne tandis que l’Union européenne… proteste ou, plus audacieusement, … déplore.

 

Et d’autres projets sont en cours : 2.000 logements de plus à Jérusalem-Est sont annoncés plus encore 600 autres. Quand la décision de lancer ces constructions sera officielle, la France…condamnera et l’Union européenne… protestera. Et ainsi de suite. On condamne. On désapprouve. On proteste. On déplore. On parle. Des mots rien que des mots.

 

Combien de temps encore cela va-t-il continuer ? Combien de fois encore faudra-t-il qu’Israël viole le droit international et « pollue » totalement la situation sur place pour que les actes succèdent enfin aux mots ? Quand ? Quand donc le courage et l’esprit de responsabilité pour le peuple palestinien et le peuple israélien ? Quand donc des actes pour éviter que ce conflit ne dégénère en conflit régional à portée internationale Quand donc la fin d’un « deux poids deux mesures » qui dure depuis plus de 40 ans ? Quand donc la paix ? Quand ?

 

Ca suffit ! Les mots sont devenus des maux. La seule chose qui n’a pas été essayée au Proche-Orient c’est l’action pour imposer la paix. C’est donc bien que toute autre voie est sans issue. Pire que cela : catastrophique.

 

Il est aujourd’hui un acte majeur devant lequel la France se trouve placée, comme tous les pays du monde. Celui de la reconnaissance de l’Etat palestinien dans les frontières de 1967 et son admission à l’ONU en septembre prochain. Voilà un acte qui, certes, ne réglera pas tout mais qui – enfin ! – fera bouger les lignes et posera un jalon décisif et positif pour la paix.

 

Or la France n’a pas encore pris position officiellement sur ce point. Elle laisse entendre que... mais elle n’affirme pas formellement qu’elle reconnaîtra effectivement la Palestine et votera pour son admission à l’ONU, que ce soit au Conseil de sécurité tout comme en Assemblée générale.  C’est le seul acte – un acte enfin – possible aujourd’hui pour elle. Du moins si elle veut être et demeurer la France… Et c’est la seule décision à partir de laquelle elle pourra et devra agréger d’autres forces parmi ses partenaires européens.  

 

Qu’on ne nous dise pas que l’Union européenne n’est pas unie sur ce point pour en « rabaisser » au nom du consensus. Car ce serait lâcheté. La Lybie ? Y avait-il – quoi qu’on pense de cette intervention – unanimité au niveau européen pour une intervention militaire dans ce pays sous l’égide de l’ONU ? Pas du tout ! Alors, Mesdames et Messieurs le Chefs d’Etat et de Gouvernement, pas de fausse fenêtre, assez de bla-bla, assez de vos « considérations diplomatiques » pour nous faire avaler la pilule de l’inaction.

 

Cela n’a que trop duré. Il y a 12 ans déjà – au sommet de Berlin – que l’Union indiquait vouloir reconnaître la Palestine le « moment venu ». 12 ans. Des mots. Aujourd’hui le moment est venu : il faut des actes ! D’urgence.

 

De l’action, des actes c’est ce qu’il faut, et vite, pour la Palestine et pour Israël. Plus d’autre choix, en vérité. Demander des négociations entre Palestiniens et Israéliens aujourd’hui c’est tout simplement du « pipeau », une mauvaise « farce » ! Le gouvernement et le président sont au pied du mur.

 

Rien ne viendra seul C’est pourquoi nous appelons toutes les femmes et tous les hommes de progrès à se rassembler pour exiger avec force que la France reconnaisse la Palestine et pour qu’elle vote pour son admission à l’ONU en septembre prochain.

 

Cela n’est pas une affaire de « droite » ou de « gauche ».

 

C’est une question autre mais qui est fondamentale : oui ou non on applique le droit international dans cette région aussi ? Il le faut. En urgence totale. Pour le bien des deux peuples directement concernés mais plus largement : pour tous les peuples de la région. Et pour la paix et la stabilité mondiale.

 

C’est le rôle de l’ONU qui est en cause et en jeu. C’est son rôle. Son objet. Sa mission : imposer la paix ! Et le rôle de la France c’est d’être un acteur – un acteur – qui compte et qui soit donc audacieuse sur le plan international. Les mots ça suffit ! Faut des actes clairs maintenant. Vous serez jugé sur cela, vous, les autorités françaises. Par l’Histoire.

 

Liberté, égalité, fraternité… Ce n’était pas audacieux, cela ? Et pourtant, nous l’avons fait !

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