|
|
|
avec
AFP Article paru dans l'édition du 29
décembre 2011 Israël
valide la construction d'un complexe touristique disputé à Jérusalem-Est La municipalité de Jérusalem a
autorisé mercredi 28 décembre la construction d'un complexe touristique
controversé dans le quartier palestinien de Silwan,
à Jérusalem-Est annexée. Le projet
prévoit "notamment 250 places de parking, un parc archéologique, des
salles de réception, des restaurants et une bibliothèque", a
détaillé le conseiller
municipal Pépé Alalou, membre du parti d'opposition
Meretz (gauche). D'après le quotidien israélien Haaretz,
vingt-deux habitations palestiniennes seront rasées pour dégager
le terrain sur lequel sera construit le complexe. La municipalité assure
qu'elle aidera les résidents arabes à se reloger,
mais ces derniers accusent Nir Barkat,
le maire de Jérusalem, de faire
le jeu des colons. Ce projet "va changer
le caractère du quartier pour privilégier l'idée que Jérusalem est la capitale du peuple juif
puisqu'il s'agit aussi d'un projet politique", a dénoncé Fakhri Abu Diab, responsable du comité de défense palestinien de Silwan. Parallèlement au complexe touristique, les autorités ont
approuvé la construction d'un bain rituel, pour l'usage des visiteurs juifs
de la "Cité de David", un ensemble de vestiges archéologiques
datant de l'époque du roi David. Les deux projets ont été lancés par
l'organisation nationaliste Elad (également connue
sous le nom Ir David Foundation) dont le but avoué est de renforcer
la présence juive dans les quartiers arabes de Jérusalem-Est. Celui de Silwan, qui compte plus de 40 000 habitants palestiniens
installés en contrebas de la Vieille Ville, est régulièrement le théâtre de
tensions entre résidents et colons juifs. Considéré par les historiens israéliens comme le site de
la cité de David, berceau de la Jérusalem biblique, Silwan
est truffé de vestiges antiques et notamment de tunnels. Leur mise en valeur
dans les années 1980, sous la forme d'un parcours archéologique, a accompagné
et favorisé l'intrusion de familles juives dans cette zone jusqu'alors
peuplée exclusivement de Palestiniens. Israël considère l'ensemble de la "Ville
sainte", y compris Jérusalem-Est, comme sa "capitale
indivisible" depuis sa conquête et son annexion en juin 1967 à
l'issue de la guerre des Six Jours. Silwan, chaudron de la colère des Palestiniens de
Jérusalem-Est Silwan (Jérusalem) Correspondant -
Chaque jour, peu après midi, des détachements de police prennent position aux
carrefours d'Al-Bustan, au coeur
du quartier de Silwan à Jérusalem, plus précisément
aux abords de la "tente de protestation". Depuis février 2008, les résidents en ont fait leur
quartier général pour renforcer
la mobilisation contre la politique d'urbanisation du maire de Jérusalem, Nir Barkat, qui a pour effet d'étendre
la colonisation israélienne à Jérusalem-Est. Midi, c'est l'heure de la sortie des écoles : chaque jour
ou presque, les gamins de Silwan renouent avec le
jeu dangereux qui consiste à caillasser les voitures des colons et de la police. Cette
"révolte des pierres" des adolescents est-elle, sur un mode mineur,
de même nature que celle de 1987 ? C'est ce qu'affirme Fakhri
Abou Diab, le responsable du quartier : "Il
y a un début d'Intifada à Silwan, qui pourrait se propager
à l'ensemble de Jérusalem,
assure-t-il. Les enfants du quartier entendent dire
que les Israéliens vont venir
démolir
leur maison. Parfois, la nuit, des soldats forcent la porte. Alors, la
journée, ils lancent des pierres. C'est leur façon d'exprimer
leur colère." Le tollé international provoqué par la décision du
gouvernement israélien d'autoriser
un important programme de constructions dans la colonie d'Har
Homa et le grignotage maison par maison de Silwan
illustrent le même phénomène : la politique continue des autorités
israéliennes d'étendre
leur contrôle au-delà de la "ligne verte" - celle de l'armistice de
1949 - par la multiplication des faits accomplis. C'est ce qui fait de Silwan un
chaudron prêt à exploser.
C'est un quartier de maisons basses, avec ses ruelles escarpées en mauvais
état, qui occupe le fond de la vallée du Cédron, entre les remparts de la
Vieille Ville et le mont des Oliviers. A Silwan,
qui détient le record de pauvreté et de chômage de la partie orientale de la
ville, habitent 55 000 Palestiniens et 500 Israéliens. Eparpillés
sur une quinzaine de sites, ceux-ci vivent une existence étrange, protégés
par la police, des gardes privés (payés sur les fonds publics), des barbelés
et des caméras de sécurité. C'est leur choix : les enfants se rendent à l'école et les
mères vont faire
leurs courses en convois protégés. Ces "îlots", souvent identifiés
par des drapeaux israéliens, ont été créés grâce à l'action d'une très riche
organisation sioniste, Elad, qui, de concert avec
la municipalité, s'efforce d'exproprier
les maisons palestiniennes. David Beeri, le patron d'Elad, est un ancien commandant adjoint de l'unité Duvdevan (les forces spéciales chargées d'infiltrer
les milieux palestiniens). Il travaille main dans la main avec la
municipalité, le département des fouilles archéologiques, du tourisme et des
parcs nationaux, ainsi que le Fonds national juif. L'action d'Elad rejoint celle d'Ateret Cohanim, une autre organisation rattachée au mouvement
des colons et qui s'est spécialisée dans le rachat de maisons palestiniennes
dans le quartier musulman de la Vieille Ville de Jérusalem. Elad et Ateret Cohanim
utilisent des prête-noms palestiniens pour reprendre
des maisons ensuite attribuées à des colons. Par précaution, ces transactions
sont conclues lorsque le vendeur et sa famille sont à l'abri à l'étranger.
Car ils risquent la peine de mort. Mais l'arme favorite d'Elad,
c'est l'application du "droit de la propriété des absents" aux
termes duquel l'Etat devient propriétaire de la
maison de tout Palestinien qui était physiquement absent du territoire en
1967 (lorsqu'Israël a annexé Jérusalem-Est). La même loi permet aux juifs
propriétaires de maisons ou de terres de Jérusalem-Est avant 1948 d'obtenir
leur restitution. Les services gouvernementaux ont récemment dénoncé une
explosion de constructions illégales palestiniennes à Jérusalem-Est, en
particulier à Silwan : 130 aujourd'hui contre
seulement 13 en 1967. Du coup, les amendes et les avis d'expropriation se
multiplient. Que Silwan se soit développé dans
l'illégalité n'est pas niable, mais Fakhri Abou Diab s'insurge : "Il est impossible à un
Palestinien d'obtenir
un permis de construire
: moins de 100 permis ont été accordés depuis 1967 !" Muna Hasan, porte-parole du centre d'information de Wadi Hilweh (un quartier de Silwan) dresse un constat similaire : "Nous
payons 100 % des impôts locaux, pour recevoir
moins de 2 % des services municipaux : le ramassage des ordures est
épisodique, il existe une seule école secondaire et aucun terrain de jeux
pour les enfants !" Les menaces s'accumulent sur Silwan,
dont le sous-sol l'objet de fouilles archéologiques destinées à retrouver
les vestiges de la cité du roi David. Autant de prétextes à des
expropriations. Elad est directement impliqué dans ces travaux, dont le vaste
projet lancé par le maire, avec le soutien du gouvernement, dit du "jardin
du Roi (Salomon)" : pour réaliser
ce parc à thème biblique, il est envisagé d'exproprier
et de raser
une bonne partie des quartiers Al-Bustan et Wadi Hilweh. D'ores et déjà, 22
maisons ont reçu des avis d'expropriation. "La destruction de ces 22
maisons, corrige Fakhri Abou Diab, va entraîner
celle de quelque 80 autres. 1 500 habitants sont concernés." Alors qu'une partie des habitants d'Al-Bustan
vivent dans la hantise d'être
chassés de chez eux, les enfants de Silwan
s'enfoncent dans la "révolte des pierres". De juillet à octobre, la
police a recensé une moyenne de quatre caillassages
par jour. Pour y faire
face, elle multiplie les arrestations et assigne à résidence les enfants de
moins de 12 ans, qui ne peuvent être
envoyés en prison. Laurent Zecchini Résolution 478 du
20 aout 1980
: "Le conseil de sécurité considère que toutes les mesures et
dispositions législatives et administratives prises par Israël la puissance
Occupante, qui ont modifié ou visent à modifier le caractère et le statut de
la ville sainte de Jérusalem et en particulier la récente loi fondamentale
sur Jérusalem "sont nulles et non avenues. |