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image001                                           Article paru dans l'édition du 17 Janvier 2012

 

 

  Les Européens estiment qu'Israël menace le projet de création d'un Etat palestinien

Par Laurent Zecchini

 

Le caractère acrimonieux des relations entre Israël et l'Union européenne s'explique par les critiques de la seconde à propos de l'occupation des territoires palestiniens et de la politique systématique de colonisation poursuivie par le gouvernement de Benyamin Nétanyahou. La colère des autorités israéliennes a été récemment attisée par plusieurs rapports européens qui stigmatisent la recrudescence des constructions en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, les violences commises par les colons, ainsi que le traitement jugé discriminatoire de la minorité arabe israélienne (20,5 % de la population d'Israël).

Faute de consensus communautaire, ces documents sont rarement publiés, ce qui n'empêche pas, tôt ou tard, leur diffusion. C'est le cas d'une étude européenne portant sur la marginalisation et l'exclusion croissante des Palestiniens de la zone C, cette partie de territoire qui représente 62 % de la Cisjordanie et où, selon les accords d'Oslo (1993), Israël exerce un contrôle total sur le plan de la sécurité, et presque complet s'agissant des questions civiles.

Le rapport annuel des consuls généraux en poste à Jérusalem, transmis vendredi 13 janvier à Bruxelles, condamne, d'autre part, avec la même vigueur la détérioration de la situation des Palestiniens dans la partie orientale de la Ville sainte, et recommande à la Commission européenne d'envisager des réponses légales pour que soit mis fin aux investissements européens dans les colonies juives, ce qui revient à préconiser, officieusement, un rejet des produits des colonies.

Comme l'année dernière, ces conclusions ne seront pas adoptées, plusieurs pays européens, à commencer par les Pays-Bas, l'Allemagne, l'Italie et la République tchèque, étant traditionnellement hostiles à toute condamnation officielle d'Israël. Ce sont là des précautions dont le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, n'a pas voulu s'embarrasser, samedi, lors de son passage à Beyrouth. "L'occupation par Israël des territoires arabes et palestiniens doit cesser. Les colonies, nouvelles et anciennes, sont illégales. Elles contrarient la naissance d'un Etat palestinien viable", a insisté Ban Ki-moon.

 

 

SOUTENIR LA PRÉSENCE PALESTINIENNE DANS LA ZONE C

 

Le secrétaire général de l'ONU s'est exprimé le jour où les négociateurs palestiniens et israéliens se rencontraient à Amman. Leurs discussions se sont révélées tout aussi stériles que lors de leurs deux précédentes entrevues, les 3 et 9 janvier. Le rapport européen souligne que les colons étaient 1 200 en 1972 dans la zone C, puis 110 000 en 1993, et 310 000 (sans compter quelque 200 000 colons établis à Jérusalem-Est) aujourd'hui, soit plus du double de la population palestinienne (150 000).

En zone C, les colons sont répartis dans 124 colonies dites "officielles", c'est-à-dire construites avec l'agrément des autorités israéliennes et environ une centaine d'avant-postes, c'est-à-dire des petites implantations sauvages constituées, selon les cas, de mobile-homes, de caravanes, voire de quelques tentes.

"La fenêtre pour une solution à deux Etats se referme rapidement, avec l'expansion continue des colonies et les restrictions d'accès pour les Palestiniens dans la zone C", souligne le rapport.

Mais la politique de colonisation n'est pas le seul outil à la disposition d'Israël pour substituer à la présence des Palestiniens celle des colons : l'étendue des "zones militaires fermées" et des "réserves naturelles" ne cesse de s'accroître, tandis que se poursuivent les destructions et démolitions de structures appartenant à des Palestiniens.

Si le constat des Européens n'est pas vraiment nouveau, plus inattendue est la longue liste de recommandations visant à soutenir coûte que coûte la présence palestinienne dans la zone C, par des mesures en faveur de l'irrigation, de la construction de routes et de différentes infrastructures, comme des écoles, des dispensaires, etc. Sans le dire, les Européens préconisent l'intensification d'une contre-politique à celle mise en place par Israël dans cette partie de la Cisjordanie.

Le constat dressé par les Vingt-Sept pour la partie orientale de Jérusalem constitue un autre cri d'alarme. "Il exprime un sentiment d'urgence, résume un diplomate européen, face à une nette détérioration de la situation des Palestiniens, qu'il s'agisse de la colonisation, des expulsions, des destructions de maisons et, d'une manière générale de la dégradation de leurs conditions de vie, due notamment à la violence croissante des colons. Ce rapport dit qu'il faut agir et que l'un des moyens est de lutter contre le financement des produits des colonies."

 

 

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