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article paru dans l’édition du 16
février 2012 - page 7 « Compte à
rebours » Le compte à rebours est commencé " : tel est le commentaire du médecin
qui a rendu visite il y a quelques jours à Khader Adnan, ce prisonnier
palestinien qui poursuit une grève de la faim depuis soixante jours. Membre
de l'ONG humanitaire (israélienne) Médecins pour les droits de l'homme, ce
praticien indiquait ainsi que l'hypothèse d'un décès ne peut plus être
écartée. Originaire du village d'Arraba, dans le district de Jénine (nord de
la Cisjordanie), Khader Adnan, âgé 34 ans, a été arrêté le 17 décembre 2011. Les autorités israéliennes n'ont jamais expliqué les charges
retenues contre lui. Selon le Shin Beth, le service de sécurité intérieure, " son activité en tant que
membre du Djihad islamique menace la sécurité de la région ". C'est
donc l'appartenance à ce mouvement islamiste radical qui justifierait son
placement en détention administrative pour quatre mois (une période
renouvelable), une procédure couramment appliquée en Cisjordanie, qui permet
d'incarcérer un suspect sans l'inculper. Selon les chiffres de l'administration pénitentiaire, 307
Palestiniens étaient dans cette situation fin 2011. C'est pour protester
contre l'arbitraire d'un tel régime et contre les brutalités subies lors de
son arrestation que Khader Adnan poursuit une grève de la faim. Ces derniers
jours, plusieurs organisations humanitaires, l'Autorité palestinienne et
l'ONU ont appelé Israël à juger le prisonnier ou à le relâcher. Une manifestation de soutien était organisée dans la soirée de
mardi 14 février, devant le ministère de la défense, à Tel-Aviv, à l'appel de
Médecins pour les droits de l'homme. Elle faisait suite à d'autres
manifestations qui se sont déroulées à Ramallah, en Cisjordanie, à Gaza, mais
aussi à Londres et à Glasgow. Un tribunal militaire israélien a rejeté lundi
l'appel interjeté pour la libération de Khader Adnan et a confirmé l'ordre de
détention administrative, une décision qualifiée de « meurtre avec préméditation » par
le ministre palestinien chargé des prisonniers, Issa Qaraqaë. "Conscient et lucide " Khader Adnan est hospitalisé au centre médical de Safed, une
ville située à l'extrême nord-est d'Israël. Il est enchaîné à son lit et
transfusé, a confirmé, mardi soir au Monde,le
professeur Raphi Walden, l'un des responsables de Médecins pour les droits de
l'homme. Selon lui, l'état du prisonnier n'est " pas critique ".
" Il est parfaitement conscient et lucide. Il tient le coup de façon
extraordinaire ", indique le professeur Walden, tout en précisant
que tout individu entre dans une phase aléatoire de survie après environ
quarante jours sans alimentation. C'est ce danger que soulignent les membres du comité de
soutien de Khader Adnan, en rappelant le sort de Bobby Sands, membre de
l'Armée républicaine irlandaise mort dans une prison britannique, en 1981,
après soixante-six jours de grève de la faim. Laurent Zecchini
(Jérusalem, correspondant) |