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http://medias.lemonde.fr/mmpub/img/lgo/lemonde_pet.gif  23 février 2012

Khader Adnan fait plier le gouvernement israélien après 66 jours de grève de la faim

Jérusalem Correspondant

Le Palestinien, détenu sans charges, a obtenu l'engagement d'être libéré

Khader Adnan a mis fin à la grève de la faim qu'il poursuivait depuis soixante-six jours, mardi 21 février. Sa décision fait suite à celle des autorités israéliennes, qui ont accepté de le remettre en liberté, en principe le 17 avril. Même si cet épilogue reste à confirme, ce prisonnier palestinien âgé de 33 ans, qui avait été arrêté le 17 décembre et condamné à quatre mois de détention administrative, peut d'ores et déjà se targuer d'une triple victoire.

La première est celle de sa propre vie : les médecins estiment qu'il est extrêmement rare qu'un gréviste de la faim survive au-delà de soixante-dix jours. Sa deuxième victoire est politique et judiciaire : les autorités israéliennes ont été obligées de capituler parce que les pressions internationales se multipliaient et que sa mort risquait d'entraîner une flambée de violence en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

Sa dernière victoire n'est pas la moindre : elle jette un coup de projecteur sur les 309 prisonniers palestiniens (sur plus de 4 000 au total) incarcérés sous le régime de la détention administrative, une pratique unanimement condamnée par les associations de défense des droits de l'homme israéliennes. Hérité de l'époque du mandat britannique sur la Palestine, ce type de détention permet d'incarcérer sans jugement un suspect pendant six mois renouvelables, sans limitation de temps.

Selon l'organisation israélienne B'Tselem, qui cite les statistiques de l'administration carcérale, sur 309 prisonniers palestiniens en détention administrative, 80 le sont depuis six à douze mois, 88 depuis un à deux ans, 16 n'ont pas quitté la prison pendant une période allant de deux à quatre ans et demi, et un prisonnier est en prison depuis plus de cinq ans. Les autres détenus sont incarcérés depuis moins de six mois.

A la demande du Shin Beth

Les prisonniers sont détenus sans procès et sans que des accusations leur soient signifiées : il ne s'agit pas de punir mais de priver de liberté un individu jugé potentiellement dangereux. La plupart des arrestations sont effectuées à la demande du Shin Beth, le service de sécurité intérieure israélien.

Khader Adnan va être libéré après un accord passé entre son avocat et l'avocat général du ministère de la justice : si aucune accusation n'est présentée contre lui, la justice israélienne n'étendra pas sa période de détention au-delà de quatre mois. Porte-parole du Djihad islamique, un mouvement radical reconnu comme terroriste par l'Union européenne, ce boulanger originaire du village d'Arabeh, situé près de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, a déjà été détenu au moins une demi-douzaine de fois, et il a eu recours à la grève de la faim à plusieurs reprises.

Son exemple pourrait faire des émules parmi les prisonniers palestiniens en détention administrative. Il s'agit d'un " dangereux précédent " pour Israël et d'une " capitulation devant le terrorisme ", a estimé Danny Danon, député et membre de l'aile droite du Likoud, le parti du premier ministre Benyamin Nétanyahou.

Laurent Zecchini

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