|
|
|
PALESTINE Le
mondialisme plus que jamais C'est
une banalité de dire que, depuis les accords d'Oslo, en 1993, les
négociations entre Israéliens et Palestiniens piétinent dramatiquement. Pour
ne pas dire qu'elles sont en net recul par rapport à la poignée de main
historique entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin, cette même année 1993. Un
recul dangereusement désespérant. On le pressentait et on en a, hélas, la
confirmation, rien de positif ne pouvait sortir du face a face entre
Israéliens et Palestiniens, que ce soit a Gaza, en Cisjordanie ou autour
d'une table de négociation. Que du négatif même ne pouvait en sortir si l'on
songe au grignotage permanent du territoire palestinien par les colons
israéliens et la construction par Israël du mur dit « de sécurité »
a l'intérieur même de ce territoire. M.
Mahmoud Abbas, le leader de l'Autorité palestinienne, a donc décidé en toute
logique de dépasser le cadre local (bilatéral) pour porter le règlement de ce
conflit à un autre niveau, le plus élevé qui soit, le cadre multilatéral
total : l’ONU. Le
Conseil de sécurité de l'ONU vient de refuser d'accepter la Palestine en tant
qu'État à part entière au sein de l'Organisation, l’UNESCO l'a acceptée. Il
est plus que probable que l’Assemblée générale de l’ONU accepte, elle, la
Palestine comme État observateur, et c'est tant mieux. La Palestine ne pourra
donc pas prendre part aux votes mais le peuple palestinien aura au moins la
satisfaction de voir que, désormais, le problème qui le .mine depuis des
décennies va être pris en considération au niveau mondial et devra donc être
réglé dans le cadre d'une négociation multilatérale. En
2004, l'Autorité palestinienne avait déjà contesté la construction du
« mur de sécurité » devant une juridiction des Nations unies : la
Cour Internationale de Justice (CIJ), laquelle avait déclaré illégale cette
construction et demandé à tous les pays membres de l’ONU d'œuvrer pour son
démantèlement. En vain, certes. Il n'empêche que les Palestiniens ont depuis
quelques années le bon réflexe : ce qui ne peut être résolu de façon
pacifique au niveau local doit être porté devant une instance internationale. On
sait bien que jusqu'à maintenant Israël a fait fi de toutes les résolutions
de l'ONU et de la CIJ le concernant, comme l'a expliqué avec lucidité et
franchise M. Shlomo Ben Ami, ancien ministre des Affaires étrangères d'Israël
passé, depuis des années, dans le camp pacifiste. C'est pourquoi nous
estimons qu'il est plus que jamais nécessaire d'aller plus loin que les
seules instances de l'ONU : Assemblée générale et Cour Internationale de
justice, d'aller vers la création d'une Autorité mondiale de règlement des
conflits ou, si l'on préfère, une Cour Internationale de justice dotée d'un
pouvoir réel, afin que ses décisions soient
exécutées - et rapidement - par les États concernés. Souvenons-nous de
l'intervention d’Aristide Briand, ministre des Affaires étrangères, devant
l'assemblée générale de la Société des Nations (qui précéda l’ONU) à Genève,
en septembre 1929 : « Les hommes se sont donnés des juges pour éviter de se
battre sur des questions d'intérêt. Les nations peuvent bien s'en donner pour
éviter d'ensanglanter les champs de bataille. . . Il n'y a pas de honte pour
le pays qui croit avoir raison à proposer d'aller devant des juges qui diront
où est la vérité, où est la justice. Chaque fois qu'une nation peut faire
l'économie d'une guerre, elle a remporté une victoire. » Les
peuples palestinien et israélien s’opposeraient-ils à ce propos plein de bon
sens ? Pourquoi, d'ailleurs, ne pas leur donner la parole conjointement
dans le cadre d'un référendum sur ce sujet précis qui les concerne tous les
deux ? Joël Luguern Extrait de
« Citoyens du monde » Bulletin trimestriel du Centre Français n°8
page 2 |