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10 mai 2012 page 21 “débats” Le Proche-Orient dans l'impasse. Une initiative française s'impose ! par Yves Aubin de La
Messuziere Nicolas Sarkozy et
François Hollande se sont prononcés en faveur d'une paix au Proche-Orient,
consacrant la reconnaissance d'un Etat palestinien. La légitimité historique
et politique de cet Etat, prévu dès 1947 par les Nations unies, à l'égal de
l'Etat d'Israël, n'est pas contestable. Un tel objectif, conforme aux
principes fondamentaux qui inspirent la diplomatie française en faveur de la
libre détermination des peuples, mérite de rallier le soutien de la
communauté internationale et de l'Europe, concernée par la solution d'un
conflit qui dure depuis plus de soixante ans. Les anciens
ambassadeurs, qui avaient adressé à ce sujet une lettre ouverte au président
de la République en mars 2010, ne peuvent que se féliciter de la priorité
donnée à un problème récurrent qui affecte les relations de la France et de
l'Europe avec le monde arabo-musulman et entrave la mise en oeuvre d'une coopération méditerranéenne si nécessaire
pour l'avenir des relations entre Etats riverains. Il leur semble
qu'une initiative française est justifiée par l'impasse tragique dans
laquelle le peuple palestinien voit son destin suspendu. Si en effet, à ce
jour, un consensus est établi pour l'existence d'un Etat palestinien, rien
n'a été fait au regard du droit international pour sa réalisation. Certes, la
France a indiqué une voie latérale pour sa reconnaissance aux Nations unies,
mais cette position ne répond pas à la légitime attente du peuple
palestinien. Elle ne modifie en rien la situation sur le terrain où l'emprise
de la colonisation israélienne se poursuit ruinant toute possibilité de
cohérence d'un futur Etat. Par ailleurs, l'annexion décidée de Jérusalem avec
le contrôle des Lieux saints et l'éviction de sa population arabe privent de
toute substance le concept de capitale partagée entre les deux Etats. Enfin,
le blocus de Gaza et la poursuite du mur de séparation confirment le rejet du
droit international par Israël. Le Quartet ayant
montré son impuissance, il est avéré que la reconnaissance des droits
palestiniens ne peut être obtenue au vu du rapport des forces sur le terrain
par un accord bilatéral résultant d'un processus de paix sans cesse remis en
chantier. Non pas que l'opinion palestinienne soit hostile à l'approche
réaliste d'un compromis mais parce que le gouvernement israélien, se refusant
à mettre un terme à la colonisation, n'a pas d'offre politique raisonnable à
faire pour permettre à une négociation d'aboutir. Il porte ainsi la
responsabilité de son blocage et considère en réalité que le statu quo lui
profite pour poursuivre l'annexion rampante de la Cisjordanie, qui reste son
ambition réelle. L'occupation
israélienne continue, avec son cortège d'oppressions et d'humiliations.
Comment penser qu'une situation aussi injuste ne soit pas ressentie dans
l'opinion arabe attachée à reconquérir sa dignité ? Ne trouveront-ils pas un
appui auprès des puissances émergentes, soucieuses d'affirmer leur rôle dans
la vie internationale ? La France, qui
souhaite soutenir les émancipations en cours, ne peut rester indifférente à
cet état de chose. Comme elle l'a fait en son temps pour la reconnaissance du
droit à l'autodétermination du peuple palestinien, elle doit au nom des
valeurs historiques qu'elle représente pour la liberté et la dignité des
peuples agir pour faire respecter enfin les droits fondamentaux de ce peuple. Elle doit mettre en
garde Israël sur les conséquences que le rejet de ces droits comportera pour
ses relations avec la France, l'Europe et la communauté internationale, mais
aussi pour sa sécurité et son devenir national, auquel tous les Français sont
attachés. Collectif de diplomates : René Ala, Jacques Andréani, Denis Bauchard,
Pierre-Louis Blanc, Christian Graeff, Stéphane
Hessel, Pierre Hunt, Pierre Lafrance, Philippe Louet, Jean-Louis Lucet,
Gabriel Robin, Jacques-Alain de Sédouy, Henri
Servant, Alfred Sieffer-Gaillardin. |