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Informations Ouvrières N°213 page 10 Une guerre sans nom contre le peuple
palestinien Par François Laza Derrière
les gros titres qui évoquent les pressions de l’Etat israélien pour
déclencher une attaque « préventive » contre l’Iran, la répression se
poursuit, quotidiennement, contre la population palestinienne dans les
territoires occupés depuis 1967, et la ségrégation raciale s’aggrave contre
les « Palestiniens de l’intérieur ». La
Cisjordanie avait été divisée en trois zones, à la suite des accords d’Oslo,
en 1993. Deux de ces zones, comprenant environ 40 % du territoire, sont
toujours censées être sous la responsabilité policière et administrative de
l’Autorité palestinienne (zones A et B). Sur
la carte, cette zone ressemble à un archipel de petits territoires —
encerclés par un mur de sept mètres de haut ou un réseau de barrières
métalliques— de plus en plus isolés les uns des autres, au milieu de l’océan
de la zone sous contrôle exclusif israélien (zone C, soit 60 % de la
Cisjordanie, de fait annexés par l’Etat hébreu). Les deux cent mille
Palestiniens qui vivent toujours dans la ville de Jérusalem, coupés du reste
de la Cisjordanie par un système quasi étanche de check-points, sont harcelés
dans leur vie quotidienne et sous la menace permanente d’être expulsés de
leurs maisons. Tous
les moyens sont bons pour évincer les Palestiniens de leur terre et les
contraindre à un (nouvel) exil. Ainsi, fin juillet, le ministre de la
Défense, le travailliste Ehoud Barak, a décidé
d’expulser plusieurs centaines de fermiers et bergers palestiniens de la
région du sud d’Hébron, sous le prétexte que les terrains où sont situés les
villages se trouveraient sur des zones présentant des risques d’incendie.
Pour ces expulsés, il n’y aura plus aucun moyen de recours possible. En
effet, le quotidien Haaretz (6 août) rapporte qu’une nouvelle
réglementation va interdire aux Palestiniens des territoires et aux migrants
de faire appel devant les cours de justice israéliennes. Comme
le note un militant israélien opposé à cette colonisation (Haaretz, 3
août), « l’établissement d’une université dans la ville d’Ariel en
Cisjordanie, l’affirmation d’un juge suprême indiquant qu’Israël n’est pas un
occupant, la construction de milliers de nouveaux logements dans les
colonies, l’intense activité israélienne dans la zone C, tout cela indique
les principes politiques fondamentaux qui guident Benyamin Netanyahou » (le
Premier ministre actuel). Ne
s’agit-il pas tout simplement des principes fondamentaux du sionisme ? Il
convient ici de souligner que le refus de ces principes est très largement
absent des mouvements sociaux israéliens, qui ne parviennent pas à faire le
lien entre l’oppression du peuple palestinien et la situation économique et
sociale dégradée qui aggrave, année après année, les conditions de vie des
populations juives, pour qui la seule perspective politique actuelle est le
déclenchement d’une nouvelle guerre d’agression contre un peuple de la
région. L’Autorité palestinienne, qui n’a d’autre pouvoir que celui de
réprimer les revendications palestiniennes, est au demeurant entièrement à la
merci des décisions et diktats de l’armée d’occupation. Ainsi, début août,
une réunion des pays non alignés qui devait se tenir à Ramallah a été
interdite par le gouvernement israélien, les ministres et autres
représentants de plus de dix pays n’ayant pas obtenu le droit d’entrer en
Cisjordanie. Voilà qui illustre à quoi ressemblerait le prétendu « Etat
Palestinien » que ladite « communauté internationale » appelle de ses vœux
depuis plus de vingt ans. Pendant ce temps, comme pour camoufler les
exactions contre les Palestiniens et évacuer toute revendication économique
de la part des populations juives (l’Etat d’Israël vient d’adopter un plan
d’austérité sans précédent), les médias et les milieux politiques israéliens
débattent du « danger nucléaire iranien », de manière parfois hystérique. Benyamin Netanyahou a déclaré que « le
temps de la diplomatie est écoulé avec l’Iran ». L’ancien chef du Mossad Efraïm Halévy a indiqué, début août, que « l’Iran doit
craindre les douze semaines à venir », faisant référence, de fait, au
calendrier de l’élection présidentielle américaine. De telles menaces sont
devenues quasi quotidiennes. Netanyahou et Barak, principaux fauteurs de
guerre au Moyen-Orient, menacent l’Iran d’une attaque « préventive », alors que pas une
preuve de l’existence de la moindre installation nucléaire iranienne à
vocation militaire n’a été établie... Pas plus que ne l’était l’existence d’
« armes de destruction massive » censée justifier la guerre contre l’Irak.
Une dépêche de l’agence Reuters, datée du 9 août, titrait d’ailleurs : «
Les Etats Unis croient toujours que l’Iran n’est pas sur le point d’obtenir
l’arme nucléaire et que Téhéran n’a pas pris la décision d’en réaliser une,
selon des responsables américains. » Si l’Iran est dans le collimateur de
l’impérialisme, une confrontation militaire pourrait avoir des conséquences
incalculables. Le secrétaire américain à la Défense, Leon
Panetta, a fait plusieurs allers-retours entre Washington et Tel-Aviv dans la
dernière période, tant l’impérialisme (et l’état-major américain lui-même)
est hésitant sur l’opportunité d’attaquer l’Iran, au regard de la
déstabilisation qui pourrait s’ensuivre, notamment en Irak et dans le golfe
Persique. Il a néanmoins été assuré qu’une fois de plus, il pourra compter
sur son bras armé israélien pour mener une attaque. Quant à l’Iran, on ne
pose pas la question de savoir s’il se sent lui-même menacé. |