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Dimanche 14 – lundi 15 octobre 2012 page 2 Un label " Made
in Palestine " ? Par
Sébastien Hervieu Au cours du
mois écoulé, Jonathan Dockney et quelques dizaines
de militants se sont rendus à plusieurs reprises dans une boutique de la
chaîne sud-africaine de produits cosmétiques, Wellness
Warehouse, dans la ville du Cap. Ils ont retiré des
rayons les crèmes de la marque Ahava, entreprise
israélienne dont une usine est implantée sur la rive nord de la mer Morte,
située en Cisjordanie. " Ces produits importés des territoires
palestiniens occupés par Israël ont un statut illégal ",estime le
secrétaire de l'organisation Open Shuhada Street,
qui relaie une campagne de boycottage international, "
l'objectif est de faire pression sur les distributeurs et ainsi d'isoler
économiquement les colonies ". Pour
l'instant, la direction de l'enseigne n'a pas cédé face à ces actions
spectaculaires mais rares. Si l'initiative ne rencontre pas un grand écho
dans la population sud-africaine, d'ici quelques mois, le chaland pourrait
lui-même constater l'origine controversée de son achat. Le 22 août, le
gouvernement sud-africain a décidé d'apposer sur ces produits vendus par des
entreprises israéliennes le label " Fabriqué dans les
territoires palestiniens occupés " à la place du "
Made in Israël ". Des boissons gazeuses et des produits frais -
légumes et fruits - pourraient aussi être concernés. La date
d'apparition de ces étiquettes reste incertaine : des consultations publiques
sont en cours et une organisation juive, la Fédération sioniste sud-africaine
(SAZF), a porté plainte contre le gouvernement. Mais si la décision était
appliquée, elle serait une première dans le monde. En août, le porte-parole
du gouvernement avait précisé qu'elle était conforme à la ligne de l'Afrique
du Sud, qui reconnaît les frontières de 1947 délimitées par l'ONU et ne
reconnaît pas les territoires occupés au-delà de ces frontières comme faisant
partie de l'Etat d'Israël. En juillet,
le ministre adjoint aux affaires étrangères, Marius Fransman,
avait justifié " ce coup de pouce symbolique " en
rappelant que " les Palestiniens et leurs soutiens, inspirés par
le boycottage économique de l'Afrique du Sud du temps de l'apartheid, cherchent
depuis des années à imiter notre succès dans ce domaine ". La
diplomatie du gouvernement du Congrès national africain (ANC), qui a fait
tomber il y a vingt ans le régime de la minorité blanche soutenu alors par
Israël, milite pour le droit des Palestiniens à " un Etat
indépendant et viable ". Même si ces
produits ne représentent qu'une fraction infime des échanges commerciaux,
assez faibles, entre les deux pays, la décision a suscité l'ire des autorités
israéliennes. " Elle est discriminante à l'égard d'un pays,
alors qu'il y a beaucoup d'autres territoires disputés dans le reste du monde
comme le Sahara occidental, les îles Malouines, dénonce Jeff Katz, du
Conseil des représentants des Sud-Africains juifs (SAJBD). Un
étiquetage doit avoir une vocation commerciale, pas une connotation
politique, ce n'est pas acceptable ". Le
responsable propose que l'on inscrive seulement le nom de la ville d'origine
ou le code postal. " Mais comment voulez-vous que l'acheteur
sud-africain connaisse par coeur la carte d'Israël
? ", rétorque Jonathan Dockney. "
Ce label sera un immense pas pour forcer Israël à mettre fin à cette
situation d'apartheid, juge le militant propalestinien. L'Afrique
du Sud pourra ainsi montrer la voie à d'autres pays dans le monde. " |