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BALADI – Prisonniers 8 - Mars 2013 

 

« Nés libres, nous le resterons »

Soutenir la lutte des prisonniers détenus dans les geôles sionistes

 

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I - Abolir la détention « administrative »

 

Le résistant Samer Issawi est toujours en grève de la faim, depuis plus de 230 jours. Sa sœur Shirine a annoncé à la presse que les autorités de l’occupation ont proposé à Samer la libération à condition d’être déporté vers la bande de Gaza, proposition qu’il a refusé net, considérant que l’occupation procède à un nettoyage ethnico-religieux de la ville occupée d’al-Quds, pour en faire une ville juive et sioniste. Il a jugé que sa vie n’était pas plus chère que la capitale palestinienne occupée.

Samer Issawi a purgé la peine pour laquelle il a été arrêté et détenu, à la date du 6 mars, celle de s’être déplacé vers les territoires occupés de Cisjordanie. Il avait été condamné à 6 mois de prison. Aujourd’hui, il est maintenu en prison pour un autre motif concocté par les services sécuritaires de l’occupation. Il risque, comme Ayman Sharawneh, tous les deux prisonniers libérés lors de l’accord d’octobre 2011, à être condamné à purger le reste de la peine pour laquelle il avait été arrêté auparavant et dont il a accompli 10 ans de prison. En effet, l’occupation se venge des prisonniers libérés lors de cet accord, profitant du silence international sur ses violations et crimes, et profitant surtout de la complicité criminelle de l’impérialisme.

Ayman Sharawneh poursuit également la grève de la faim, qu’il a reprise il y a plus de 80 jours, malgré son état de santé critique. L’occupation lui a également proposé la déportation à Gaza, il y a une semaine. Il n’a toujours pas répondu, sa famille souhaitant qu’il reste en vie, mais respectant toute décision prise par Ayman.

Trois détenus « administratifs » du Jihad islamique sont toujours en grève de la faim depuis 12 jours, il s’agit de Mohammad Najjar, du camp d’al-Fawwar, de Zakaria Al-Hih, de Sourif, et de Ibrahim Ibrahim, du camp Aqaba, dans la province d’Ariha, arrêtés puis détenus sans aucune charge. Ils réclament leur libération immédiate et l’abolition de la détention administrative.

Plusieurs détenus « administratifs » ont subi le renouvellement de leur détention : Ayman Hamdane, 6 mois, Ayman Zaaqiq, 4 mois et Issa Awawdeh, 2 mois. Tous avaient été arrêtés en 2011 en tant que membres du Jihad islamique.

Tareq Qaadane et Jaafar Izzidine, détenus « administratifs », avaient suspendu leur grève de la faim, en attendant la décision du tribunal de l’occupation. Celui-ci n’a pas pris de décision, puisque la séance a été reportée, mais le juge avait déclaré qu’ils seraient libérés à la fin de la durée à laquelle ils ont été condamnés, et qu’elle ne serait plus renouvelée après le 21 mai 2013. Transférés à un hôpital à l’intérieur de l’Etat sioniste pour quelques jours, ils ont été remis en prison.

Le mouvement de solidarité avec les prisonniers en lutte déclenché il y a plusieurs semaines dans les territoires occupés a son premier martyr, Mohammad Asfour, qui a succombé à ses blessures le mercredi 6 mars. Le martyr Mohammad Asfour est tombé en défense de la dignité du peuple palestinien et des prisonniers. Il avait été gravement blessé par les forces de l’occupation lors d’une manifestation de soutien aux prisonniers en lutte. Les sionistes avaient alors « offert » de le soigner dans leurs hôpitaux pour éviter son martyre, par crainte de susciter de nouvelles révoltes. Mohammad Asfour (22 ans) était étudiant à l’université d’Abu Dis, dans la banlieue d’al-Quds. Nombreux sont les dirigeants de la résistance palestinienne à appeler à une révolte généralisée contre l’occupation, à partir du vendredi 8 mars, date de ses funérailles. Mais l’Autorité Palestinienne de Ramallah veille : pas question de révolte avant la venue du président américain Obama. L’occupant sioniste craint également ces « troubles » en Cisjordanie.

Les prisonniers palestiniens détenus dans les prisons sionistes lancent un mouvement de protestation progressif en soutien aux prisonniers en lutte. Ils protestent contre l’assassinat du prisonnier Arafat Jaradat et réclament la fin de l’isolement de Darrar Abou Sissi. Ils réclament l’intervention des autorités égyptiennes pour obliger l’Etat sioniste à respecter l’accord d’échange d’octobre 2010. Dans un communiqué publié le 5 mars, les prisonniers ont annoncé le début de leur mouvement disant que « le mouvement des prisonniers est capable de prendre l’initiative et d’affronter le geôlier sioniste ». Ils ont appelé le peuple palestinien à se soulever et à considérer la journée du vendredi 8 mars « vendredi de la colère, de soutien et de fidélité aux prisonniers ».

Les Palestiniens sont de plus en plus en colère contre les organisations internationales dont le mutisme envers la cause des prisonniers grévistes de la faim n’a jamais été aussi flagrant. De l’ONU au CICR, c’est la même attitude qui prouve qu’elles sont en réalité un bras de l’occupation. De même, de nombreuses associations de défense des droits de l’homme que les Etats européens ont financées depuis les accords d’Oslo montrent à présent leur vraie nature : leur financement leur interdit d’être actifs dans le soutien aux prisonniers palestiniens et de mobiliser en leur faveur, alors qu’elles multiplient depuis des années des rapports sur les « droits de l’homme » dans les territoires occupés palestiniens. Ils sont surtout en colère contre les Etats occidentaux qui sont considérés comme les principaux partenaires de l’Etat sioniste dans sa politique coloniale et répressive. Les étudiants de l’université de Bir Zeit ont chassé le consul britannique et l’ont empêché de tenir une conférence le 5 mars dernier. Sur sa voiture, fut collée la photo du prisonnier en lutte S amer Issawi. Sheikh Khodr Adnane a rappelé la révolte des étudiants de Bir Zeit contre la visite de Jospin, en 2000. Il fut arrêté par l’Autorité palestinienne à cette époque. Il a déclaré que les universités palestiniennes sont et doivent rester un lieu de protestation contre l’occupation et ses alliés et que « la visite des représentants de l’impérialisme à nos universités est interdite ».

II - Statistiques

Les autorités de l’occupation sioniste ont arrêté 382 Palestiniens au mois de février 2013. Parmi eux, 72 Palestiniens de la ville de Nablus, et 70 de la ville d’al-Quds. Au cours de ce même mois, trois députés du mouvement Hamas ont été enlevés, dont Ahmad Attoun député de la ville d’al-Quds et refoulé vers Ramallah.

Entre 2009 et 2011, seuls 77 ont été annulés par le tribunal militaire sioniste sur les 2867 ordres de détention administrative prononcés par l’armée d’occupation sur avis du shabak, soit 2,6%. En 2011, 855 ordres de détention administrative ont été prononcés, 539 ont été approuvés, 21 annulés et 272 ont été réduits, dont 26 réduits fondamentalement. Une augmentation de 64% a été enregistrée au cours de 2011 pour les ordres confirmés, par rapport à l’année 2010.

L’Unicef (organisme international de l’ONU) vient de publier un rapport sur les enfants détenus dans les prisons sionistes. Selon cet organisme, 700 enfants palestiniens sont arrêtés tous les ans. Mis à part les rapports qu’ils publient de temps à autre, à quoi servent ces organismes qui ne prennent aucune mesure concrète contre l’occupation ?

III - Arrestations et condamnations

Le tribunal de l’occupation a condamné Intissar Sayyad, de la ville d’al-Quds, à 30 mois de prison ferme, l’accusant d’avoir tenté de poignarder un soldat sioniste. Intissar Sayyad est mère de quatre enfants. Elle a refusé d’avouer ce dont elle est accusée, malgré l’interrogatoire violent subi depuis son arrestation.

Nader Jaffal, membre de la direction centrale du FDLP, et prisonnier libéré (40 ans) a été arrêté à Abou Dis, dans la banlieue d’al-Quds. Nader Jaffal avait été détenu dans les prisons de l’occupation pendant 15 ans, et fut libéré en 2009.

14 prisonnières sont détenues dans les geôles de l’occupation, la doyenne étant Lina Jarbouni, des territoires occupés en 1948. La plus jeune est Hadeel Abou Turki, 17 ans.

Les forces de l’occupation ont arrêté le prisonnier libéré, blessé et paralysé, Mu’tazz Ubayd, de la ville d’al-Khalil au début du mois de mars. Il a été libéré une semaine plus tard.

Thamer Sabaana, frère du caricaturiste palestinien Mohammad Sabaana, arrêté et détenu depuis le mois de février, a été arrêté par les forces de l’occupation. Son crime ? Son soutien actif aux prisonniers en lutte, puisque Thamer a lancé depuis plusieurs mois un mouvement populaire de solidarité avec les prisonniers. Il avait déjà été arrêté plusieurs fois.

Le prisonnier Mukhles Sawafta de Toubas entame la 23ème année de sa détention dans les prisons sionistes. Il avait été arrêté le 9 mars 1991 et condamné à la prison à perpétuité après avoir été accusé d’avoir tué un soldat sioniste. Il n’avait que 17 ans à l’époque. Le résistant Sawafta est privé de visites familiales depuis 11 ans, pour des motifs soi-disant sécuritaires. Lors de son arrestation, il a été isolé pendant 7 mois dans la prison de Junayd, pour interrogatoire. Puis tansféré à la prison de Telmond, il y a été isolé pendant 8 mois où il fut victime de traitements inhumains.

Depuis plusieurs mois, les forces spéciales de l’occupation mènent des raids contre les diverses prisons où sont détenus les Palestiniens, et notamment dans la prison du Naqab. Les sections 6 et 7 sont particulièrement visées. Les prisonniers palestiniens y sont battus, comme au cours du dernier raid où le prisonnier Sami Usayleh a été violemment battu avant d’être mis en isolement.

IV - Libération

Shadi Issawi, frère de Samer Issawi, a été libéré après 14 jours. Il a subi un interrogatoire dur et pénible et a été contraint à payer 8000 shekels. Une récente étude a montré que les Palestiniens non seulement subisssent l’occupation, mais la financent et financent les tribunaux et les prisons en étant obligés de payer des amendes, aux tribunaux et prisons sionistes.

V - Ils ont perdu la dépouille d’un martyr

Le tribunal suprême sioniste vient d’annoncer que les autorités de l’occupation ont égaré la dépouille d’un prisonnier tombé martyr, il y a trente ans, dans la prison d’Ascalan. Il s’agirait du martyr Anis Mahmoud Dawla. D’après Qaddoura Farès, président du Club des prisonniers, l’occupant aurait vendu les organes du martyr ou procédé à des expériences sur son corps. Que les sionistes soient aussi criminels, n’est pas étonnant, les massacres commis en Palestine depuis leur arrivée en Palestine au début du siècle dernier le prouvent. Mais c’est l’attitude du CICR qui est étrange, puisqu’il est normalement chargé de suivre les dossiers des prisonniers. Si le CICR et les organismes internationaux sont incapables de protéger les prisonniers, à quoi servent-ils donc ?

Mahmoud Dawla avait été arrêté le 30 juin 1968 lors d’une bataille contre l’occupation dans la région d’al-Aghwar (Jourdain). Le tribunal militaire l’avait condamné à la perpétuité. Il mourut en martyr dans la prison d’Ascalan, le 31 août 1980, suite à la détérioration de sa santé, des suites des conditions de détention. Sa dépouille mortelle n’a jamais été rendue à la famille. Des centaines de martyrs palestiniens ont subi le même sort. Leurs familles réclament leurs corps. Et parmi eux, le prisonnier d’origine libanaise Yahia Skaf, combattant au Fateh qui a participé le 11 mars 1978 à l’opération Kamal Adouane. Aucune nouvelle de lui n’est parvenue depuis son arrestation et son corps n’a jamais été remis à sa famille.

VI - Solidarité

Les prisonnières libérées vivant dans la bande de Gaza ont décidé d’entamer une grève de la faim devant les locaux du CICR. Elles protestent contre le silence international vis-à-vis des prisonniers palestiniens et les conditions de détention. 22 autres femmes palestiniennes avaient décidé également de mener une grève de la faim dans la tente de la solidarité érigée en soutien aux prisonniers en lutte. Elles ont décidé de soutenir les prisonniers en lutte, en premier lieu Samer Issawi, en participant elles aussi à sa lutte.

L’Union des radios et télévisions islamiques critique le silence médiatique vis-à-vis des prisonniers en lutte. Elle a décidé d’intensifier les émissions sur la situation des prisonniers et leur lutte actuelle.

L’Autorité palestinienne prépare la visite d’Obama : pour relancer les négociations, elle exige deux « gestes » de la part du gouvernement sioniste : le gel de la colonisation et la libération des anciens prisonniers détenus dans les geôles de l’occupation. Cependant, le premier ministre Netanyahu considère que la libération de 123 prisonniers du Fateh détenus avant les accords d’Oslo en 1993 ferait l’affaire.

Les étudiants palestiniens de l’Université « israélienne » à Haïfa avaient décidé de se mobiliser pour les prisonniers palestiniens. Ils ont proposé de se tenir debout pendant une minute de silence sur le campus de l’université. Les étudiants sionistes les ont accusés de soutenir les « terroristes ». La direction de l’université a mobilisé ses sbires de la sécurité pour empêcher la minute de silence.

Une caravane de solidarité avec les prisonniers en lutte, et notamment le prisonnier Maher Younes en grève de la faim, est partie jeudi 7 mars de la ville de ‘Ara (dans le Triangle, territoires occupés en 48), de la maison de Maher Younes, vers la prison de Gilboa, où sont enfermés la plupart des prisonniers originaires des territoires occupés en 48.

L’Autorité Palestinienne de Ramallah et ses appareils sécuritaires maintiennent plus de 200 résistants appartenant à divers organisations palestiniennes dans leurs prisons. Il s’agit souvent de prisonniers libérés, mais aussi de militants actifs dans le soutien aux prisonniers en lutte. La chasse aux militants et résistants a été récemment déclenchée suite aux manifestations contre l’occupation. Pour accueillir le président américain Obama qui compte profaner la mosquée al-Aqsa en y entrant sous la protection sioniste, l’AP essaie coûte que coûte de réprimer toute protestation contre l’occupation. Dans la ville d’al-Khalil, une manifestation a eu lieu ce dimanche 10 mars pour protester contre les arrestations faites par les services sécuritaires de l’AP.

 

 

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