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6200 prisonniers politiques palestiniens dans les geôles israéliennes (4 articles) Par Isabelle – AFPS 59/62
Parmi ces
personnes, deux femmes militantes ont été arrêtées en Cisjordanie : - la député
palestinienne Khalida Jarrar, élue en 2007 ; en 2015/2016, accusée
d’encourager des attaques contre des Israéliens, elle avait déjà passé 15
mois en prison. Elle vient d’être condamnée à 6 mois de détention
administrative. - la
présidente de l’Union des Comités pour les femmes palestiniennes, Khitam al
Saafin. Elle vient d être condamnée à 3 mois de détention administrative. RETOUR
SUR LA DETENTION ADMINISTRATIVE C’est une
procédure utilisée par l’armée israélienne, elle lui permet : - d’arrêter
une personne sur la base d’informations gardées « secrètes » par
l’armée -
d’interroger et de détenir cette personne en prison sur le territoire
israélien pour une période de 6 mois maximum MAIS renouvelable indéfiniment - de
renouveler cette détention au dernier moment, puisqu’il n’y a pas de procès - d’empêcher
la personne d’être défendue par un avocat puisque les charges ne sont pas
connues, l’ordre de détention ne mentionnant qu’un motif général et
stéréotypé UN MOYEN
DE PRESSION/ REPRESSION L’armée
israélienne utilise de plus en plus cette procédure (490 détenus
administratifs actuellement dans les prisons israéliennes) : - avant les
élections - contre des
personnalités politiques, députés ou
responsables de partis et comités pour limiter leur développement - contre des
membres de familles de prisonniers Les méthodes
d’arrestation sont violentes, les conditions d’interrogatoire, de détention
s’accompagnent de mauvais traitements, de tortures, en particulier celle de
ne pas savoir, de perdre la notion de temps et d’espace, certains y ont passé
plus de 6 ans. «Si je
devais décrire qui nous sommes, je dirais que nous sommes des otages
politiques auxquels on inflige une torture psychologique. On ne sait jamais
quand on va revenir chez nous .Ce jeu cruel d’espoir / désespoir
que j’ai décrit comme étant un mélange de roulette russe, de « elle
m’aime, elle ne m’aime pas », une variante de cette phrase :
« Toi qui rentres ici, abandonne tout espoir » (I.S., détenu administratif dans la prison
de Megiddo, 1996) UNE
DETENTION ILLEGALE AU REGARD DU DROIT INTERNATIONAL Tel qu’il
est utilisé par les militaires israéliens ce régime est illégal car : - La IV
convention de Genève (1949) précise que le placement en détention
administrative est une mesure de courte durée, exceptionnelle, justifiée par
« d’impérieuses raisons de sécurités » : Les personnes
arrêtées militent de manière non violente et parfois même sont des mineurs. - Elle
constitue un acte de torture pour le Comité des Nations Unies contre la
torture à cause de sa « durée » et des mauvais traitements. - Elle ne
permet pas un procès équitable, comme le demande l’article 14 du Pacte
international relatif aux droits civils et politiques. - Enfin, les
détenus sont placés dans des prisons sur le territoire israélien, en
violation de la IV convention de Genève qui interdit les transferts forcés
hors du territoire occupé. Actuellement,
le nombre de détention administrative augmente de façon inquiétante : 12
membres du Conseil Législatif palestinien sont en détention administrative. Evolution du nombre de
détenus administratifs
(source : B'Tselem) II - L’EMPRISONNEMENT D’ENFANTS PALESTINIENS PAR
ISRAEL : UNE PROCEDURE ILLEGALE AU VU DU DROIT INTERNATIONAL DES CHIFFRES…… En mai 2017, 300 enfants palestiniens sont en détention dans les prisons israéliennes, en mai 2015 ils étaient 164 ! Environ 700 enfants passent chaque année devant les tribunaux militaires israéliens après avoir été arrêtés, interrogés, emprisonnés. Depuis 2000, plus de 8000 mineurs sont donc passés par la « case prison ». Les charges retenues sont le plus souvent les jets de pierre, crime punissable devant la loi militaire d’une peine pouvant aller jusque 20 ans, selon les circonstances. DES DROITS DIFFERENTS, UNE
DISCRIMINATION … Quelques exemples de différences entre les droits d’un mineur israélien et d’un mineur palestinien en Cisjordanie :
Les mineurs palestiniens peuvent être placés en détention administrative, sans visite de leurs parents. Les interrogatoires se déroulent en hébreu, de même que les documents qu’ils doivent signer ; en général, ils ne comprennent pas l’hébreu. UNE MALTRAITANCE PERMANENTE
ET ORGANISEE PAR LES MILITAIRES : Deux exemples rapportés par le club des prisonniers palestiniens, début 2017 : Mussab Mohammad, 17 ans, raconte qu’il a été abattu avec des balles réelles en fuyant les soldats qui l’ont accusé d’avoir mené une attaque au couteau. Une fois qu’il a été immobilisé, un soldat israélien a tiré des balles au sol près de lui et une balle dans son pied, en tir direct. Ayad Amr, 16 ans, a été détenu après avoir été arrêté chez lui lors d’un raid de nuit. Il a été menotté avec une cagoule sur la tête avant que les forces israéliennes le « trainent » dans un camion militaire, tout cela en l’insultant. Lors de son interrogatoire, l’officier israélien criait près de son visage et le maudissait. Selon l’UNICEF, 1 mineur sur 10 est maintenu en isolement cellulaire pendant les périodes d’interrogatoire, cela dure en moyenne 13 jours. Il est placé dans une petite cellule, sans fenêtre, parfois sans lit et avec une lumière allumée en permanence. A cette torture psychologique s’ajoutent des humiliations, des fouilles durant lesquelles ils se retrouvent complètement nus, des coups de pied, gifles... UNE VOLONTE DE
L’ETAT ISRAELIEN : BRISER LA SOCIETE PALESTINIENNE PAR LE BIAIS DES
ENFANTS : Entretenir un climat
d’angoisse, traumatiser la jeunesse, perturber la scolarisation et l’accès
aux qualifications professionnelles. L’arrestation, les
interrogatoires et la détention des enfants palestiniens visent à punir la
société palestinienne entière, enfants et familles, et à les dissuader de
militer contre l’occupation illégale. Le travail de l’AFPS est donc
bien de dénoncer ces pratiques illégales, d’intervenir auprès des autorités
françaises pour faire pression sur l’Etat d’Israël pour qu’il respecte enfin
le droit international. III - LES SUITES DE LA GREVE DES PRISONNIERS D’AVRIL/MAI
2017 Cette grève a débuté pour plus de 1000 prisonniers politiques palestiniens à l’appel de Marwan Barghouti le 17 avril. Elle a été largement soutenue par les Palestiniens eux-mêmes et par de nombreuses associations à l’International. Lors de son intervention au Congrès National de l’AFPS en mai 2017, Shawan Jabarin, directeur d’Al-Haq (ONG de protection des Droits de l’Homme en Palestine) et également secrétaire du FIDH (Mouvement Mondial des Droits Humains) a beaucoup insisté sur le côté humanitaire de la grève. Il a rappelé: - le contexte d’illégalité de la détention administrative selon le droit international - l’interdiction au vu du droit international même, de pratiquer ce type de détention de la manière dont le fait Israël - l’interdiction par la IVème Convention de Genève de déplacer les prisonniers hors de leur propre territoire par une puissance occupante - l’obligation de respecter les normes du droit humanitaire international pour l’emprisonnement (alimentation, soins, visites…) Les prisonniers palestiniens grévistes demandaient par exemple une augmentation du nombre des visites de leur famille (2 par mois). Cela correspondait souvent à des acquis du passé qui leur avait été enlevés. Pour éviter toute « explosion » à l’International et dans les Territoires occupés si jamais l'un des grévistes était mort, Israël a démarré des négociations avec le CICR (Comité International de la Croix Rouge qui a dénoncé et alerté le monde entier sur l’état dramatique et la détermination des prisonniers en grève), ce qui a entrainé la fin de la grève le 27mai au bout de 41 jours. D’après l’Autorité Palestinienne 80% des demandes des prisonniers ont été acceptées (allongement des temps de visite de 30 à 60 minutes, résolution de la surpopulation carcérale, climatisation…). Les autorités israéliennes disent n'avoir fait aucune concession et l'administration pénitentiaire israélienne a affirmé que l'accord avait été conclu avec le CICR et l'Autorité palestinienne et non avec des représentants des prisonniers… Et on peut rester très inquiets sur les suites concrètes de cette grève, comme le démontrent quelques faits d’actualité de ce mois, juillet 2017: - L’arrestation et la mise en détention administrative de Khalida Jarrar et Khitam Saafin. La détention administrative reste une réalité illégale… -Des permis de visite annulés pour des parents d’anciens grévistes de la faim : 37 se sont vu refuser l’entrée à la prison Nafha dans le Néguev .Ils arrivaient dans des cars du CICR et étaient en possession de droits de visites valables. - A proximité, dans la prison Ktziot, alors qu’une canicule (40°) sévit et que la santé des anciens prisonniers grévistes de la faim reste difficile, les conditions de vie sont très sévères : le centre d’étude des prisonniers palestiniens déclare que les prisonniers ne peuvent quitter leurs cellules, souffrent de négligences médicales, manquent d’insecticides alors qu’insectes et reptiles peuvent s’introduire facilement dans ces cellules… Maltraitance ou torture ? - Shirin Tariq Al-Issawi, avocate palestinienne en détention depuis 2014, condamnée à 4 ans de prison a été mise en isolement depuis le 22 juin. Les conditions d’isolement dans la prison de Jamala sont particulièrement dures : espace très réduit, sale, fenêtre fermées, insultes régulières des gardiens, 3 caméras la surveillent en permanence, y compris dans les toilettes, ne lui laissant aucune intimité… Maltraitance ou torture ? IV - L’AFPS EST PARTENAIRE D’AUTRES ASSOCIATIONS SOUTENANT LES
PRISONNIERS POLITIQUES PALESTINIENS EN ISRAEL Le soutien
aux prisonniers politiques palestiniens est un des objectifs de l’ « Association France
Palestine Solidarité », elle le fait de quatre manières : - Campagnes
d’action auprès des élus, des citoyens, stands d’information, pétitions… - Récolte de
dons pour l’aide aux prisonniers, reversés par exemple à l’association
ADDAMEER - Parrainage
de prisonniers politiques : www.france-palestine.org/Parrainer - Travail
avec d’autres associations : En France, LA PLATEFORME DES ONG FRANÇAISES POUR LA
PALESTINE regroupe 41 organisations de solidarité internationale engagées
en faveur d’une paix durable entre les peuples palestiniens et israéliens. Elle organise
et soutient des campagnes d’information et d’action, en particulier sur la
détention administrative et la détention des enfants. http://www.plateforme-palestine.org En Palestine, LE CLUB DES PRISONNIERS est une organisation non
gouvernementale créée par d’anciens prisonniers qui a pour objet : - Prendre soin des
prisonniers - Soutenir les prisonniers
libérés - Suivre juridiquement
chaque prisonnier - Organiser des
manifestations et activités pacifiques de soutien et d’information - Travailler en
collaboration avec d’autres associations, localement et internationalement Par exemple, le club des
prisonniers est partenaire de l’AFPS dans le cadre du parrainage de
prisonniers https://fr-fr.facebook.com/lesprisonnierspalestiniens Le COMITE INTERNATIONAL DE LA CROIX ROUGE a, par la convention de Genève,
le mandat de visiter les prisonniers de guerre et les internements civils en
période de conflits. Ils visitent régulièrement les prisonniers politiques
dans les prisons israéliennes, évaluent leurs conditions de détention et font
des recommandations aux autorités israéliennes, malheureusement, peu suivies… Il travaille avec le
Croissant Rouge Palestinien. En alertant sur la
situation sanitaire catastrophique des prisonniers en grève de la faim le 27
mai 2017, le CICR est à l’origine des négociations pour la fin de la
grève. http://www.ICRC.ORG AMNESTY INTERNATIONAL, association non gouvernementale dont la vocation est
d’enquêter, d’alerter et de mener des actions diverses sur les atteintes aux
Droits de l’Homme dans le monde, agit également pour les prisonniers
palestiniens de façon régulière, dénonçant toutes les illégalités et
manquements aux conventions internationales. ADDAMEER est une association palestinienne non gouvernementale,
dont les actions sont : - Fournir une aide
juridique gratuite (avocats) aux détenus palestiniens, leur famille, ils
interviennent dans les cas de torture. - Collecter des
informations sur les arrestations, détentions en vue de produire des publications régulières
sur leur site. - Informer, alerter au
niveau international. - Former localement les
prisonniers et les bénévoles au Droit B’TSELEM est une association israélienne dont objet est d’informer
sur les atteintes aux Droits de l’Homme dans les Territoires occupés. Elle
diffuse toutes ces informations sur son site pour les faire savoir à tous les
citoyens israéliens. SAMIDOUN est un réseau basé en Amérique du Nord. Son objet est de
développer et d’organiser une solidarité avec les prisonniers
palestiniens : organisation de campagnes, informations sur le site,
création de liens avec les mouvements
de prisonniers en Palestine... BREAKING THE SILENCE est une organisation de vétérans de l’armée israélienne
qui collecte des témoignages de soldats et d’officiers sur les exactions
commises par des militaires israéliens dans les Territoires occupés et à
Gaza. Elle publie des rapports sur les conditions dans lesquelles l’armée
abuse de sa position dominante et des vidéos sur son site. |