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Jeudi
2 aout 2018 à Lille Rencontres
avec Mohammad Chhadeh de Rafah et Zakaria Chhab de l’université de Gaza organisée par
AFPS Nord-Pas de Calais, Communauté palestinienne du Nord, MRAP, LDH, FSU
Nord, CGT Nord A
16h30 rencontre avec Eric
Bocquet Sénateur du Nord La délégation de deux Palestiniens de Gaza (Mohamed Shehada de Rafah et Zakaria Shebab enseignant le français à l’Université de Gaza) a rencontré Eric Bocquet, sénateur communiste du Nord, accompagné de sa secrétaire Frédérique Haffaf, le jeudi 2 août après midi à sa permanence. Cela se plaçait dans une tournée nationale des deux Palestiniens, accueillis sur la métropole lilloise par la communauté palestinienne du Nord. Celle-ci était représentée jeudi par Mohamed Salem, tandis qu’étaient présents les représentants du MRAP, de la LDH et de l’AFPS Nord-Pas de Calais qui avaient préparé la rencontre, de même qu’une réunion publique à la MRES, dans le cadre de son combat pour la rupture du blocus de Gaza. L’échange extrêmement nourri, s’est prolongé durant une heure et demie, durant laquelle chacun des participants s’est exprimé. A commencer par la délégation palestinienne. Celle-ci présente la Bande de Gaza et le drame que subit la population en liaison avec le blocus. Ils insisteront sur un certain nombre de points : ·
La réalité de l’occupation :
Israël reste, au regard des textes internationaux, responsable de Gaza, y
compris sur le terrain humanitaire, quant à la « frontière » c’est
une fiction matérialisée par des barbelés et avec une zone d’interdiction. Israël
est puissance occupante. Rappel
est fait par tous les participants du fait qu’Israël est un Etat sans
frontières. · La vie quotidienne à Gaza avec toutes les difficultés liées aux pénuries liées au blocus (3 heures de courant électrique par jour par exemple). · Le blocus et les points de passage tant pour les marchandises que pour les personnes. ·
En insistant sur le besoin et la volonté de la
population de ne plus être enfermée et de pouvoir bouger, Ils insistent
sur le mouvement du retour comme sur la référence à la résolution 194 de
l’ONU en ce domaine. ·
Ils insistent sur le caractère pacifique du
mouvement. ·
Ils ré insisteront en conclusion de
l’entretien sur la nécessité d’une loi internationale de protection des
écoles et des enfants (victimes des tirs et bombardements de l’occupant) et
sur la liberté pour les voyageurs. Lors des échanges
plusieurs éléments se dégagent : ·
La responsabilité des USA dans la situation
imposée au peuple palestinien dans son ensemble (pas seulement à Gaza). · La faiblesse du soutien des Etats aux droits nationaux du peuple palestinien. · L’importance de la mobilisation citoyenne (un rappel rapide de la nouvelle flottille de la Liberté est fait, comme son piratage par Israël. Le matin Sarah Katz kidnappée après le piratage était arrivée à Roissy, enfin libérée). ·
La position de la France a fait l’objet
d’un examen tout particulier au regard de la réponse ministérielle à la
question orale, posée la veille par la députée Elsa Faucillon, à l’Assemblée
Nationale, à propos du piratage d’ « un bateau de la flottille de
la Liberté par Israël », La secrétaire d’État Nathalie Loiseau
(en l’absence du Ministre Le Drian en Jordanie) déclare notamment :
« notre position est connue et claire mais je le répète encore
plus clairement aujourd’hui, puisque vous m’y invitez : nous souhaitons
que le blocus de Gaza soit levé, en tenant compte des garanties de sécurité nécessaires
pour l’Eat israélien ». Le problème posé
est : quels moyens se donne la France pour que cet engagement concernant
la levée du blocus soit tenu ? Eric Bocquet indique vouloir interroger
le Ministre de l’Europe et des Affaires Etrangères sur les moyens qu’il se
donne suite à la réponse ministérielle concernant la levée du locus de Gaza
du 1er août 2018. Rappel : les
différents intervenants ont indiqué la nécessité de sanctions contre Israël A
17h30 à la MRES de Lille Rencontre publique Un regret : à cause du retard pris à la rencontre avec Eric Bocquet, une dizaine d’adhérents du CSP, venus déjà trop tôt, se sont découragés et sont partis avant le début. Très attentifs et bienveillants, une douzaine de participants de différentes associations entouraient Mohammad et Zakaria. Mohammad habite Rafah avec sa famille originaire de Beersheba. Il a été blessé à la jambe dans un bombardement pendant la guerre de 2014 alors que sa fille, qu’il protégeait dans ses bras, en est restée handicapée. Zakaria, d’un village du nord de la bande de Gaza, a étudié 2 ans à Montpellier et est professeur de français à l’université de Gaza. Très préoccupés par la situation des enfants, ils ont créé le centre « Le soleil de Palestine » à Rafah. Jean-François entame la réunion en la replaçant dans la situation actuelle (légalisation de l’apartheid par Israel, piratage de la Flottille, intervention à l’AN hier, …) et en appelant à une mobilisation pour la levée du blocus contre Gaza. Puis c’est Mohammad Salem qui intervient pour introduire nos deux invités. Zakaria prend la parole pour essayer de nous faire comprendre ce qui se vit dans la « prison de Gaza », sachant que ce qui peut être dit n’est pas du même ordre que ce qui est vécu réellement : le blocus, le siège, ce sont des catastrophes qui se superposent en évoquant d’autres catastrophes antérieures… La stratégie israélienne comporte 2 axes : la sécurité (séparation de Gaza avec Israel par une clôture et un « no man’s land » à découvert) et les interventions militaires (recours aux agressions quand la situation intérieure israélienne en donne l’opportunité). Vivre le blocus c’est supporter une diversité de manques (dans la sécurité des citoyens, les rues défoncées, les marchandises inexistantes, les malades et les blessés ne pouvant recevoir de soins, la difficulté de sortir , l’électricité, l’eau potable ou non-potable, etc etc…). Ajoutons que les salaires des fonctionnaires ne sont pas versés depuis mai 2017 et cela a entrainé une fuite des diplômés et des médecins à l’extérieur. Trump avec son « affaire du siècle » a rendu la situation encore plus grave et bouchée. Ce « moment difficile » a fait surgir la « Grande marche du retour » : puisque nous n’avons plus rien à perdre à Gaza, allons vers les frontières ! et allons-y en famille, ensemble ! Cette résurgence de la Résistance ne peut être en rien qualifiée de « terroriste » sachant que, armés ou non-armés, on est tués ! Résultat actuel : 6.000 blessés dont 1.000 amputés… Pour nous introduire au projet « Le soleil de Palestine », Zakaria nous raconte un incident où il s’est retrouvé surpris par l’anxiété vécue par son jeune fils et face auquel il s’est senti démuni… C’est ainsi qu’il a ressenti l’importance de l’attention à apporter à la jeune génération qui doit faire face à des problèmes liés à la situation dangereuse et précaire qu’ils vivent… mais aussi l’importance à le faire comprendre aux adultes qui n’y sont pas spécialement préparés. Aidé par un diaporama (nous avons demandé son lien sur Youtube), Mohammad nous expose leur projet : il s’agit d’un Centre à Rafah avec des classes maternelles pour des orphelins (enfants de martyrs) de 4 à 6 ans. Pour les Palestiniens, l’école commence à 6 ans par la 1ère élémentaire. Généralement les enfants de 4 ans sont inscrits dans des structures privées donc payantes. Le projet est donc un projet de « charité » et d’« éducation » envers les enfants orphelins dans le besoin. Ce sont des profs bénévoles (on leur paie juste un dédommagement pour le transport) qui les prennent en charge. Pour ouvrir une telle structure, ils ont eu besoin de l’autorisation du ministère de l’Education et celle du ministère de la Santé. Actuellement, certaines organisations de bienfaisance et certaines personnes les financent, non seulement pour le fonctionnement des classes maternelles mais aussi pour une distribution de colis alimentaires, notamment pendant le ramadan. Ils aimeraient pouvoir mieux aider les familles, faire du soutien scolaire et acheter du matériel (photocopieuse…) L’année dernière, ils ont accueilli 60 enfants, ils en prévoient 200 cette année ce qui exigera un budget plus conséquent et ils cherchent de nouveaux donateurs. Dans le futur, ils voudraient créer de telles structures dans d’autres villes de Gaza. Ils insistent sur un suivi par des rapports envoyés aux donateurs et se veulent transparents. Les participants proposent alors de rester en contact (liste des noms, adresses-mail, téléphone) pour rester au courant (c’est le motif de ce compte-rendu), se réunir au besoin pour constituer une petite cagnotte et faire parvenir au « Soleil de Palestine » une somme mensuelle pour mener à bien ce projet.
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