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L'année 2018 pour
les Palestiniens de Gaza Une grande Marche du
Retour et une situation catastrophique! Par
Ziad Medouk Le
19 janvier 2019 C'est difficile pour un palestinien de Gaza
de faire un bilan de l'année précédente dans cette région enfermée et isolée,
une région laissée à son sort depuis plus de treize ans. Une nouvelle année qui s'écoule, et une
autre qui commence, mais pour toute une population civile, une question qui
se répète au début de chaque nouvel an : Où est le changement ? Car depuis plus de treize ans, et à la fin
de chaque année, les habitants de la bande de Gaza espèrent un changement de
leur situation marquée par la souffrance, le maintien du blocus israélien
inhumain, la poursuite des attaques israéliennes contre leur prison à ciel
ouvert, et leur isolement dans une région abandonnée. A part un petit espoir qui raccroche cette
population à la vie et à l'avenir, rien ne semble avoir changé durant toute
l'année 2018 pour plus de deux millions de citoyens, au contraire, en cette
dernière année, tout est allé de pire en pire Et je dis ici un petit espoir,
parce que le mot espoir est devenu un luxe à Gaza. Oui, c'est inimaginable que l'on puisse
acculer un peuple tout un peuple à un tel désespoir. Le seul événement en 2018 qui rend les
citoyens de Gaza fiers est la Grande Marche du retour commencée le 30 mars
2018, et qui entre dans son dixième mois, en ce mois de janvier 2019. Une
marche qui montre que seule la mobilisation populaire pourra défier les
forces de l'occupation et nous permettre d'obtenir nos droits. Les habitants de la bande de Gaza ont vécu
une situation dramatique voire chaotique dans leur prison à tous les niveaux,
surtout sur le plan humanitaire. Nous avons assisté en 2018 à une détérioration des conditions
économiques, sociales et sanitaires dans cette région en souffrance
permanente. L’année 2018 a connu la poursuite des
événements tragiques pour les habitants de cette région enfermée et laissée à
son sort, une région abandonnée par une communauté internationale officielle
complice. Mais surtout elle n’a connu aucun changement sur le terrain, L’année 2018 pour les habitants de la bande
de Gaza, a été marquée par les événements suivants : 1- La détérioration du niveau de vie pour
les habitants, et la baisse du pouvoir d'achat, sans oublier une vraie crise
humanitaire et économique qui a touché tous les secteurs. Une crise liée au
recul permanent du développement, et à l'incapacité de l'autorité
palestinienne à payer totalement les salaires de ses fonctionnaires dans la
bande de Gaza. Le produit intérieur brut (PIB) a baissé de
1.3 %, et la capacité de production de l'économie a continué de s'éroder,
avec un faible taux d'activité. On est passé, suite à cette situation catastrophique dans la
bande de Gaza, d’une économie familiale non-violente à une économie
dépendante de l'occupant, et des organisations internationales. 2-Le maintien du blocus israélien inhumain et mortel imposé de
façon illégale par les forces de l’occupation depuis plus de douze ans, et la
fermeture totale des passages qui relient la bande de Gaza à l’extérieur. Concernant les passages commerciaux : Actuellement, par
jour, 270 à 320 camions entrent à Gaza via le seul passage commercial
ouvert cinq jours par semaine. Ce passage se situe au sud de la bande de
Gaza, mais la moitié de ces camions sont pour les organisations
internationales et leurs projets de reconstruction d'écoles et de stations
d’eau. Le problème est que ce passage se ferme à n'importe quel
moment et sous n'importe quel prétexte, par décision israélienne, sans
prendre en considération les besoins énormes d'une population civile en
augmentation permanente. Gaza n’a droit qu’à 160 produits au lieu de 970 avant le
blocus, quelques produits et médicaments n’entrent pas, ce qui a aggravé la
situation déjà difficile. Selon les estimations des organisations internationales,
la bande de Gaza a besoin de plus de 1300 camions par jour pour répondre aux
besoins énormes de cette population. Sans oublier la liste de 120 produits
toujours interdits d’entrer par ordre militaire israélien. Cette fermeture a empêché la libre circulation des
importations et des exportations des biens et produits de Gaza, en
particulier les matières premières et les produits semi-finis. Le gouvernement israélien refuse toujours l’ouverture de cinq
passages qui relient la bande de Gaza à l'extérieur, et maintient son blocus
sur Gaza. Concernant les passages pour la circulation des personnes, les
deux passages qui relient la bande de Gaza à l'extérieur sont: le passage de
Rafah au sud de la bande de Gaza, et le passage d’Eretz au nord de la bande
de Gaza, ont connu une faible ouverture partielle durant l'année 2018, ce
qu'a rendu le déplacement des palestiniens de Gaza très limité. Le passage de
Rafah a ouvert ses portes seulement 4 heures par jour en 2018, tandis que le
passage d’Eretz contrôlé par l’armée israélienne n’est autorisé qu’à 4 % de
la population, surtout les malades, les hommes d’affaires et quelques cas
humanitaires. 3-La dégradation de la situation économique et sociale, le
taux de chômage dépasse les 69% de la population civile selon le bureau
palestinien des statistiques, mais le phénomène le plus dangereux est la
hausse du chômage chez les jeunes de moins de 28 ans, qui atteint 77%, en
2018, plus de 60.000 personnes se sont ajoutées au chômage. - La pauvreté. 75% de la population de Gaza vit en
dessous de seuil de pauvreté -L’augmentation du nombre de personnes qui dépendent des
organisations humanitaires. 83% des Palestiniens de Gaza vivent grâce
aux aides alimentaires. Selon les sources du bureau des Nations-Unies pour
les réfugiés palestiniens –UNRWA- dans la bande de Gaza, plus de 1.300.000
personnes ont bénéficié du programme de l’aide alimentaire géré par le bureau
en 2018, ce programme a élargi ses services pour cibler les citoyens et non seulement
les réfugiés. Sur le plan économique, la situation ne cesse de s’aggraver
avec les conséquences dramatiques du blocus et de différentes agressions qui
ont causé l’augmentation du chômage, et du niveau de pauvreté, sans oublier
l’incapacité de bâtir une véritable économie dans la bande de Gaza. Cette situation empêche tout développement d'une économie en
faillite qui ne trouve pas les ressources nécessaires pour sortir d'une crise
qui touche tous les secteurs. Pour beaucoup d’économistes, l’année 2018 est considérée comme
la plus catastrophique pour l’économie palestinienne depuis 20 ans. 4-La poursuite des incursions, bombardements
et attaques de l'armée israélienne contre la bande de Gaza. On compte plus de
trois cents violations israéliennes en 2018 : 150 bombardements, 95
incursions dans différentes zones frontalières au sud, au centre, et au nord
de la bande de Gaza, 110 attaques contre les pêcheurs et leurs bateaux de
pêche. Plus de 300 palestiniens ont trouvé la mort à Gaza suite à ces
attaques et bombardements. 5-L'absence d'une unité nationale et l’échec
des efforts de réconciliation inter palestinienne, malgré la signature d’un
accord qui a mis fin de la division entre les deux partis rivaux : le
Fatah et le Hamas, ce qui a aggravé la souffrance des habitants de la bande
de Gaza. 6- La crise financière grave
qui a touché l’UNRWA, l’agence des Nations-Unies chargée des réfugiés
palestiniens, qui ne parvient pas à payer ni ses fonctionnaires,
ni continuer à s'occuper de 65% de la population de Gaza. Cette
situation résulte de la réduction des aides américaines en premier lieu,
après les menaces du président Trump contre les Palestiniens. Cette crise a été dépassée seulement fin 2018, après des
engagements de quelques pays à continuer à financer cette organisation
internationale. 7- La pénurie de l'électricité partout dans la bande de Gaza,
durant toute l'année 2018 , chaque foyer à Gaza avait droit à 4 à 6 heures de
courant électrique par jour. Les
forces d’occupation israélienne ont décidé de réduire la fourniture
d’électricité à cette région sous blocus, afin de faire pression sur la
population civile pour qu'elle arrête la Marche du retour. Cette
décision aggrave la crise humanitaire dans une région en souffrance
permanente, et met en danger les infrastructures sanitaires et en particulier
les hôpitaux. Cette
pénurie d’électricité avait des conséquences grave sur tous les secteurs
vitaux dans cette région. Beaucoup d’usines ont été fermées Outre
ces coupures, à Gaza, c'est la pénurie d’eau. Tous les puits
municipaux qui approvisionnent les habitants fonctionnent à partir du courant
électrique. 8-Concernant l’eau : En 2018, à peine 3% des puits d'eau
potable de Gaza sont propres à la consommation humaine. Les bombardements
israéliens ont encore touché les infrastructures comme les aqueducs et les
systèmes d'égout. Sans oublier un aquifère de qualité médiocre qui fait que
97% des puits d'eau potable à Gaza sont en dessous des normes minimales de
santé pour la consommation humaine. L'eau à Gaza est devenue rare et contaminée. Et avoir
une eau potable saine et propre est devenue rare pour les habitants. Les dommages causés aux canalisations d’eau et
d’assainissement ont été immenses En décembre 2018, plus de la moitié des
palestiniens de Gaza n’avait plus aucun accès à l’eau. Cette catastrophe de l'eau et du traitement des eaux usées a
causé une forte augmentation de maladies d'origine hydrique et alimentaire. Une étude récente en 2018 a révélé que la mauvaise qualité de
l'eau était une des principales causes de mortalité infantile à Gaza. 9- Le déclenchement de la Grande Marche du retour : un
soulèvement populaire, pacifique et non-violent commencé le 30 mars 2018 sur
les frontières de la bande de Gaza pour défier les soldats israéliens qui se
trouvent d'une façon illégale dans des zones appartenant aux palestiniens. Une marche initiée par la société civile, qui se poursuit
jusqu'à nos jours avec une détermination pour la levée du blocus israélien,
et cela malgré un bilan très lourd côté palestinien : plus de 270 morts dont
50 enfants moins de 16 ans, et plus de 25.000 blessés parmi eux 150 amputés. A part cette grande Marche du retour, il n'a
eu aucun changement dans le quotidien de plus de deux millions de citoyens,
rien ne change, rien ne bouge, la vie est presque paralysée pour cette
population civile. Et cela dure depuis longtemps, sans aucune réaction
nationale, régionale ou internationale. Les habitants de Gaza vivent le jour
au jour, ils essayent de s’adapter, de tenir bon, mais surtout d’exister. L’aspect le plus grave de toute cette
situation difficile des habitants de la bande de Gaza et qui marque l’esprit
de la majorité des habitants, c’est l’absence de perspectives pour ces gens
qui ne voient aucun changement, qui constatent que les choses n’avancent pas,
ne bougent pas, à tous les niveaux : réconciliation, fin de division,
amélioration de leur condition de vie, ouverture des passages, levée du
blocus, fin d’occupation ; sentiment horrible qui va influencer l’avenir
de cette génération, surtout celle des jeunes, qui commencent à perdre espoir
en un avenir immédiat meilleur. Au début de
cette nouvelle année, des questions qui se posent : Jusqu’à quand
ce blocus israélien inhumain contre la population civile de la bande de
Gaza ? Jusqu’à quand
la souffrance des Palestiniens de Gaza ? Jusqu’à quand
l'impunité de cet état d'apartheid ? Jusqu’à quand
le silence international officiel ? Et jusqu’à quand
cette injustice ? La population civile se bat quotidiennement
pour survivre, digne sur sa terre. La situation stagne, rien ne bouge et les
gens, sur place, attendent et attendent. Ils attendent une ouverture, ils
attendent la levée de ce blocus inhumain, ils attendent une vraie réaction
internationale afin de mettre fin à l’impunité de cette occupation illégale,
ils n’ont pas d'autre choix que d’attendre, ils attendent avec un courage et
une volonté remarquable. Mais surtout avec un message simple et clair : ici notre terre, nous ne partirons pas. |