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Jeudi 18 novembre à Lille Projection du film « De Chatila nous
partirons » et débat avec Antoine Laurent, le réalisateur Jeudi 18 novembre à 20h, salle du Gymnase à Lille, dans le cadre de la Semaine
des Solidarités Internationales, l'AFPS 59/62 organisait
la projection du documentaire "De Chatila, nous partirons"
d'Antoine Laurent. Nous tenions
un stand parmi tous ceux des associations de la « Plateforme des
ONG lilloises pour la Palestine ». Une
cinquantaine de participants ont pu apprécier cet excellent film, suivi d'un
riche échange avec la salle. Antoine est
un militant, engagé avec l'AJPF (hommage fut fait à Fernand Tuil), il a une
très bonne connaissance des camps de réfugiés, du Liban comme de la
Palestine..., ainsi qu' une analyse remarquable de la situation historique et
actuelle des réfugiés. Le film est
le résultat de 3 séjours d’Antoine à Chatila. Sa volonté a été de rapporter
comment cette nouvelle génération de réfugiés palestiniens est persuadée
qu'en attendant de revenir en Palestine, une action citoyenne est possible à
Chatila. Car il s’y est fait 3 amis : Tarek, Sobhe et Jalal. Tous 3
diplomés, ils ont décidé en 2013 de monter l’association « Rêves de
réfugiés » dans le camp pour venir en aide aux familles dans le soutien
scolaire de leurs enfants inscrits dans les écoles de l’UNRWA. De 450, le
nombre d’enfants dont ils s’occupent, est maintenant d’environ 1.300. Des
enseignantes les ont rejoints et ils ne se limitent pas à donner des cours
car ils se soucient de l’implication des parents, des feuilles de notes à
l’école, de l’éducation civique (récit palestinien du « conflit »)
et du comportement de ces gamins et gamines enfants de réfugiés apatrides
quasi enfermés dans le camp surpeuplé et misérable… Avec le temps et soucieux
d’impliquer dans l’association leurs anciens élèves, leurs activités se sont
diversifiées. Par ailleurs
le film donne une belle image de l’ambiance dans ce camp, ambiance commune à
tous les camps de réfugiés palestiniens où les dépossédés ont recréé un
milieu rappelant leur vie dans les villages d’où ils ont été chassés mais où
ils attendent encore d'y revenir… Ambiance chaleureuse, malgré tous les
manques dont l’électricité… Car le film
ne fait pas l’impasse sur les problèmes de sécurité dans le camp, du
décrochage d’enfants qui après avoir travaillé pendant les grandes vacances
ne reviennent plus à l’école, sur les massacres qui ont eu lieu, sur la
guerre d’invasion israélienne en 1982, … Marie-Elise,
militante de notre GL, a vécu 30 ans au Liban et y a travaillé comme
enseignante à l'UNRWA pendant 13 ans; elle co-intervenait avec Antoine et a
apporté sa connaissance pointue de la situation "administrative"
kafkaienne des réfugiés palestiniens et nous a éclairé sur le système
éducatif. C’est l’UNRWA (Office de
secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans
le Proche-Orient) qui a la charge de ces citoyens palestiniens interdits de
rentrer chez eux depuis la Nakba en 1948. Principalement, l’UNRWA se charge
des écoles (gratuites de la maternelle au brevet) et des profs , de la santé
(dispensaires, médecins, laboratoires, lits dans les hôpitaux libanais), des
camps (voierie, ingénierie...), de l’enregistrement des naissances et des
morts, des aides alimentaires aux plus démunis… l’UNRWA ne possède pas de
budget propre, le budget est récolté chaque année en automne après des appels
au secours en direction des pays pétroliers, l’Europe, le Japon, … (cette
année on a encore frôlé la catastrophe). Pour le Liban il n’est pas question de naturaliser les
Palestiniens sur son territoire (donner la nationalité libanaise aux réfugiés
palestiniens) par crainte d’un déséquilibre dans le
partage des pouvoirs, pouvant rallumer la guerre civile. Car le système
politique libanais est basé sur le confessionnalisme et les Palestiniens sont
très majoritairement sunnites. Les réfugiés palestiniens au Liban, 480.000
enregistrés à l’UNRWA, sont donc apatrides depuis 4 ou 5 générations. Pendant le
débat il a été rappelé la situation actuelle du Liban, les agressions
militaires d’Israel qui périodiquement détruit les infrastructures, les
difficultés des résidents palestiniens à qui l’Etat libanais ne reconnait
aucun « droit » (travail, achat de maison…), l’afflux de réfugiés
palestiniens de Syrie venus se re-réfugier… Depuis de nombreuses années, Israel et les Etats Unis mènent
une stratégie contre les réfugiés, leur droit au retour et l'UNRWA. Ben
Gourion avait affirmé « ils oublieront », mais les sionistes
échouent dans leur tentative de se débarrasser de ces témoins gênants,
aujourd'hui plus de 7 millions (Liban, Jordanie, Syrie, Gaza, Cisjordanie…)
qui refusent de se "dissoudre" dans d'autres populations en renonçant
à leurs droits sur leurs terres, à leurs biens, leur histoire, leur
culture... La stratégie sioniste consiste à vouloir imposer un récit
historique où tout ce qui est palestinien est effacé, comme ont été rasés les
villages avec leurs noms et leurs maisons. Peine perdue, les réfugiés
palestiniens cultivent leurs liens et leur histoire, leurs coutumes et leur
patrimoine et veillent à ce que leurs enfants connaissent leurs origines et
leur identité dans le but du retour. Dans les instances internationales Israel travaille à faire
adopter l’idée que ne peuvent être considérés comme réfugiés que ceux qui
sont partis en 48 et non pas leur descendance qui est née et résidant
ailleurs… Mais l’UNRWA, organisme spécial uniquement dédié au peuple de
Palestine, a été conçue pour exister jusqu’à la résolution du problème… et
les réfugiés de Palestine forment maintenant le groupe le plus nombreux et le
plus ancien de réfugiés dans le monde… La 3ème tactique israélienne est donc de s’attaquer à l’UNRWA
pour la faire fermer sous divers prétextes (ex opprobe sur tel employé ou
responsable, critique du contenu des manuels scolaires qui ne seraient pas
neutres, accusation d’utilisation des écoles par les
« terroristes »…) ou en faisant bouger leurs lobbies dans les pays
donateurs pour couper les vivres... Pour l’UNRWA, le système scolaire est calqué sur celui du pays
hôte. Dès la maternelle, les enfants suivent un double cursus : un
professeur en arabe et un autre en langue étrangère (anglais ou français dans
quelques écoles), ce qui leur permettra de suivre les cours de maths et de
sciences en 6ème (disciplines non enseignées en langue arabe). Les enfants
des camps font face à d’énormes difficultés pour réussir, malgré toute la
bonne volonté des parents et le besoin de la société palestinienne pour qui
l’éducation est un enjeu fondamental et un moyen pour résister au projet
sioniste d'effacement de la Palestine et de son peuple. D’où la justesse et
la beauté du projet « Rêves de réfugiés » de Tarek, Sobhe et Jalal
à Chatila. Le film : http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/52857_1 L’affiche de la soirée : http://www.nord-palestine.org/2021-11-18FilmChatila.pdf N’HÉSITEZ
SURTOUT PAS A LE SOLLICITER, ANTOINE EST UNE MINE D'OR SUR LA SITUATION A
CHATILA ET CELLE DES RÉFUGIÉS EN GÉNÉRAL
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