Israël / Palestine : Benyamin Netanyahou
veut bien d'un non-Etat palestinien.
La République des Lettres lundi 15 juin 2009 Noël Blandin
"Si les
Palestiniens reconnaissent Israël comme l'Etat du peuple juif, alors nous
parviendrons à une solution fondée sur un Etat palestinien démilitarisé aux
côtés d'Israël". Loin de répondre aux exigences de Barak Obama qui avait clairement exigé la création d'un Etat palestinien
et un gel total de la colonisation israélienne lors de son discours du Caire
à l'adresse du monde arabo-musulman, Benyamin Netanyahou a répondu hier par de nouvelles propositions
dilatoires pour la résolution du conflit israélo-palestinien.
S'il accepte pour la première fois d'évoquer la perspective d'un futur Etat
palestinien, les conditions imposées par Benyamin Netanyahou
ferment en effet d'emblée toute avancée du processus de paix. En réclamant
qu'Israël soit reconnu officiellement comme "l'Etat du peuple
juif", le premier ministre israélien sait ainsi pertinemment qu'une
telle mesure est inacceptable par les Palestiniens car elle exclut d'office
les quelque 1,5 million de Palestiniens citoyens
d'Israël. Pour ce qui concerne le retour des réfugiés palestiniens et de
leurs descendants, le problème doit être résolu "hors des
frontières" de l'Etat juif, affirme également Benyamin Netanyahou. Le chef du gouvernement israélien exclue en
outre de geler la colonisation de la Cisjordanie occupée, où se sont
installés illégalement plus de 300.000 Israéliens. Sur ce point, il faut
selon lui "permettre aux habitants des implantations de vivre
normalement", c'est-à-dire permettre à Israël d'occuper encore plus
largement les Territoires palestiniens -- et Jérusalem-Est -- en vertu de la
"croissance naturelle" des colonies. Autre point majeur, le chef du
gouvernement israélien réclame le contrôle de l'espace aérien du pays ainsi
que "des garanties sur la démilitarisation" des Palestiniens, ce
qui enlève la principale prérogative d'un Etat indépendant souverain, celui
de pouvoir se défendre en cas d'agression. Benyamin Netanyahou
réclame aussi que Jérusalem soit unifiée pour devenir la capitale du seul
Israël. Enfin, il ne dit rien sur les frontières de l'éventuel Etat
palestinien, dont on imagine guère qu'il les envisage sur celles de 1967
pourtant clairement définies par les Nations Unies, et rien non plus sur le
blocus inhumain de la Bande Gaza ou sur le sort des dizaines de milliers de
Palestiniens actuellement enfermés arbitrairement dans les geôles de l'Etat
juif.
Réagissant à ces conditions draconiennes, l'Autorité palestinienne a
immédiatement exprimé sa déception, accusant Benyamin Netanyahou
de torpiller les initiatives de paix dans la région. "Notre exigence
principale est la fin de l'occupation, une solution juste pour les réfugiés
et l'arrêt de la colonisation. Les autres détails seront abordés dans le
cadre des négociations", estime les conseillers du président Mahmoud
Abbas. "La communauté internationale doit contester cette politique, par
laquelle Netanyahu cherche à porter un coup fatal à toute chance de paix, et
exercer des pressions sur lui afin qu'il adhère à la légitimité
internationale et à la feuille de route", estiment-ils en faisant allusion
au plan de paix de 2003 parrainé par les Etats-Unis. Le mouvement islamiste
Hamas, qui contrôle depuis 2007 la Bande de Gaza, a dénoncé pour sa part
l'idéologie "raciste et extrémiste" du Premier ministre israélien
qui "fait fi de tous les droits du peuple palestinien" en proposant
"un État palestinien sans identité, sans souveraineté, sans armée, sans
Jérusalem, sans droit au retour (des réfugiés) et insiste sur le maintien des
colonies". Du côté des Occidentaux, Barack Obama a diplomatiquement salué "l'important pas en
avant" que représente le discours de Benyamin Netanyahou.
L'Union européenne, qui s'entretient cette semaine
à Luxembourg avec le ministre juif d'extrême-droite
Avigdor Lierberman, voit
elle "un pas dans la bonne direction". Paris, par la voix du très pro-israélien ministre des Affaires étrangères Bernard
Kouchner, salue "l'avancée" et "la perspective tracée"
par le premier ministre israélien.
http://www.republique-des-lettres.fr/10817-benyamin-netanyahou.php
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