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Veolia, futur exploitant du controversé
tramway de Jérusalem, paie son implication Le Monde 4 juin 2009 Alors
que le chantier du tramway de Jérusalem se poursuit avec la pose des rails
dans les rues de la Ville sainte, les pressions s'accentuent sur Veolia et
Alstom, les deux entreprises françaises impliquées dans ce projet
controversé. Le 15 avril, le tribunal de grande instance de Nanterre s'est
déclaré compétent sur la procédure de l'Association France-Palestine
Solidarité (AFPS), qui demande l'annulation de ce contrat "hors
la loi" parce qu'il vise à relier au centre de Jérusalem des
colonies juives implantées dans des quartiers palestiniens occupés par
Israël. L'AFPS base sa démarche sur la IVe Convention de
Genève, qui considère comme illégale toute colonie de peuplement en
territoire occupé. Alstom
et Veolia sont respectivement responsables de la fourniture des rames du
tramway et de sa future exploitation. Sur son site Internet, Veolia déplore
que l'Autorité palestinienne n'ait formulé son opposition au chantier qu'en
2006, qu atre ans après l'attribution du marché. Le tribunal a estimé
qu'Israël, en tant qu'Etat étranger, ne bénéficierait pas d'une immunité de
juridiction, "puisqu'il est en réalité puissance occupante de la
partie de la Cisjordanie où sera exploité le tramway litigieux".
Alstom et Veolia ont fait appel. Cette
décision de justice, potentiellement lourde de conséquences, intervient alors
que le mouvement de boycottage d'Alstom et Veolia prend de l'ampleur, sous
l'impulsion d'une coalition de mouvements propalestiniens. Veolia, qui est
aussi impliquée en Cisjordanie dans l'exploitation d'une ligne de bus et
d'une décharge à ordures - deux investissements qui profitent aux colonies
juives -, est devenue la tête de Turc des activistes, qui ont lancé le mot
d'ordre "Derail Veolia" ("Faisons dérailler
Veolia"). En début d'année, la multinationale française a perdu la
gestion du métro de Stockholm, en Suède, un juteux contrat de 1,9 milliard
d'euros, qu 'elle détenait jusque-là. Même si les élus assurent que leur
décision est le produit de considérations commerciales, le travail de
lobbying de l'ONG suédoise Diakonia a indéniablement pesé. A
la mi-mars, la ville de Sandwell, au Royaume-Uni (300 000 habitants) a
éliminé Veolia d'un marché de collecte des ordures d'un montant de 1,6
milliard d'euros. Un mois plus tard, le conseil municipal de Galway, la
troisième plus grosse ville d'Irlande, a recommandé de ne pas renouveler le
contrat de distribution d'eau, propriété jusque-là de Veolia. Toujours en
avril, à Bordeaux, la filiale transport de la compagnie française a perdu un
marché de 750 millions d'euros. Joint par téléphone, un chargé de
communication de Veolia tient à minimiser le lien entre ces déconvenues et la
campagne de boycottage. "C'est la vie courante d'une entreprise
de perdre des marchés, dit-il. A Bordeaux, les autorités
locales avaient juste envie d'essayer un autre opérateur."</
i> Il reconnaît cependant qu'"en Scandinavie et au Royaume-Uni,
la campagne a pu (nous) coûter un peu cher". Un aveu qui n'étonne
pas le Palestinien Omar Barghouti, l'un des animateurs du réseau Derail
Veolia. "Depuis le début de l'année, Veolia a perdu 7 milliards de
dollars (4,9 milliards d'euros) en marchés potentiels. A moins de
considérer que les managers de l'entreprise soient devenus subitement
mauvais, il est évident que l'affaire du tramway ternit son image." Conscient
que ses arguments ne portent guère, Veolia prépare un site Internet destiné à
parer aux critiques. Il y a urgence. Des établissements financiers ont
rejoint la campagne de boycottage, comme la banque hollandaise ASN et le
fonds de pension suédois AP7, l'un des investisseurs les plus importants du
pays. Galvanisés par ces premiers succès, les propalestiniens étendent leur
éventail de cibles. La société d'ingénierie lyonnaise Egis Rail, qui a
rejoint l e chantier du tramway, est désormais dans leur
collimateur. "Notre campagne se développe à une vitesse
imprévue, dit Omar Barghouti. Les pays occidentaux préférant fermer
les yeux, c'est à nous, société civile, de faire en sorte qu'Israël respecte
enfin le droit international." Benjamin Barthe http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3234,50-1202311,0.html |