22 août 2005
Jour après jour, les campagnes d'arrestations et les raids
contre les Palestiniens se poursuivent dans la région de Jénine.
Au moment où les informations précisent que le retrait va
bientôt se dérouler de quatre colonies de la région, les
villages et les bourgs palestiniens sont la cible de raids de
l'armée d'occupation.
Des sources palestiniennes affirment que plus de 20 véhicules
militaires, y compris des chars, ont participé à l'invasion du
village de Arraba, près de Jénine, au cours de laquelle la
population a vécu des heures terribles, fouilles, maisons défoncées,
arrestations qui ont visé 10 personnes soupçonnées de faire
partie du Jihad Islamique.
Des témoins ont affirmé que les forces de l'occupation se sont
infiltrées dans le village à partir de toutes ses issues, en
fermant les voies de passage, et les patrouilles se sont dispersées
dans l'ensemble du village, pour surveiller les mouvements des
citoyens. Ceux-ci ont été enfermés dans leurs maisons pendant
une dizaines d'heures, au cours desquelles ils ont été
interrogés et menacés.
Le citoyen Hassan Khalil raconte comment les forces de
l'occupation ont envahi sa maison "en tirant les coups de
feu dans tous les sens, ils m'ont obligé à rassembler ma
famille dans une seule pièce et se sont dispersés dans toute
la maison, après nous avoir interdit de bouger. Ils ont
confisqué nos moyens de communication, et nous avons aperçu
les soldats avec tout leur attirail militaire monter sur le
toit, se mettre aux fenêtres prêts à tirer sur tout ce qui
bouge."
Plusieurs maisons ont été ainsi occupées, devenant comme des
casernes militaires, en enfermant leurs propriétaires, et en
interdisant même aux enfants de bouger, y compris de se rendre
aux toilettes.
Ce raid a duré jusqu'au lever du jour, le lendemain.
Après avoir maîtrisé quelques lieux, les opérations
d'invasion des maisons et de leurs fouilles ont commencé, comme
le dit la famille de Abdel Aziz Shibani, que les forces de
l'occupation ont arrêté. "Il était deux heures du matin
lorsque nous nous sommes réveillés au bruit de coups très
violents à la porte, à peine j'ai ouvert que j'ai vu plus de
30 soldats armés, les visages peints en noir, me criant à la
figure de faire amener ma famille."
Tous les membres de la famille se sont réveillés à cause des
cris des soldats, et joute la mère, "nous avons quitté la
maison, les soldats nous ont laissés à l'extérieur, alors
qu'ils sont rentrés, en état d'alerte maximum, puis ont
commencé à fouiller la maison pendant des heures. Ils ont
ensuite arrêté mon fils, et l'ont emmené en un lieu inconnu,
sans connaître la raison. Quand j'ai demandé la raison, ils
m'ont crié : tais-toi, n'interviens pas."
Pour la famille de Anas Izzidine, elle s'est réveillée dans la
panique, à cause des balles qui trouaient la maison. La mère
dit : "Après la prière de l'aube, j'ai entendu des bruits
inhabituels autour de la maison, j'ai regardé par la fenêtre,
et vu un grand nombre de soldats qui bougeaient dans l'obscurité
et qui assiégeaient la maison, je suis rentrée, j'ai réveillé
la famille, et les coups de feu ont commencé, ainsi que les
coups violents à la porte."
Les soldats ont mis tout le monde dehors, y comppris les
enfants, qui ont été interrogés aussi. Umm Anas dit que plus
de 20 soldats ont envahi la maison. "Alors qu'ils nous
encerclaient, j'ai vu la colère et la haine dans leurs yeux,
pendant qu'ils dirigeaient leurs fusils sur nos têtes, ils
criaient. Ils ont arrêté Anas et l'ont attaché."
Destructions délibérées
Les soldats entrés dans la maison de Yazan Hardan ont semé la
désolation en détruisant ce qu'il y avait. Avant de l'arrêter,
dit la mère de Yazan, ils ont fait explosé des bombes sonores,
nous ont malmené avec violence et humiliation. Ils ne se sont
pas contentés de semer la peur et la panique, mais ont délibérément
démoli le contenu de la maison. Rien n'a pu être sauvé, il
est clair qu'ils avaient l'intention de nous faire des dommages.
Ils ont ensuite frappé Yazan puis l'ont emmené avec lui. Nous
ignorons où".
Que signifie l'accalmie ?
La mère du jeune homme arrêté au cours de la campagne, Alaa
Hardan, se demande : que signifie l'accalmie que tout le monde
chante ces temps-ci alors que les forces de l'occupation
insistent pour semer la terreur et nous priver de la vie en sécurité
et en paix ? Ils ont détruit ma maison, ils nous occupent, ils
nous torturent, ils ont arrêté mon fils sans raison claire.
L'accalmie nous est imposée par l'occupant, mais lui, il a le
droit de nous agresser, d'envahir nos maisons, d'arrêter nos
enfants. C'est une situation terrible et grave. Nous demandons
à tous ceux qui appellent à l'accalmie de nous répondre :
quel sera le sort de nos enfants après leur arrestation ?"
C'est également les mêmes questions posées par la famille du
détenu Maher Izzidine dont les soldats et les services de
renseignements ont envahi la maison, arrêtant le fils. Elle
ajoute : "Nous sommes fatigués de cette vie, aucun
jour ne passe sans qu'il y ait une mesure injuste ou un acte
agressif israélien. Nous les avons tous entendu parler de paix
et d'accalmie, qui signifie la fin des arrestations. Mais les
voilà de nouveau qu'ils arrêtent. Que nous a donné
l'accalmie, les plans de paix que l'occupant piétine tous les
jours ?
La mère du détenu Abdel Ghani Hajja se demande : "est-ce
cela le retrait et les mesures qui nous été promises pour nous
alléger la vie, après l'accalmie ? Il est clair que l'occupant
ne se sent pas concerné par l'accalmie, et au moment où nous
vivons quelques instants de joie à cause du retrait israélien,
ils veulent nous voler cette joie et nous défier, car les
arrestations signifient la poursuite de l'occupation".
La mère du jeune Abdel Naser Arida partage les sentiments de
Umm Hajja, mais elle poursuit, en colère : "après
l'arrestation de mon fils, je ne peux ressentir aucune joie tant
que l'occupation investit les maisons, arrête, assiège et
poursuit ses agressions. Comment une mère peut-elle être
heureuse, ou même une famille entière alors que l'occupant
nous guette toujours, envahit notre maison, nous arrache nos
enfants et les emmène vers les prisons et les centres de détention
? Nous demandons la libération de tous les prisonniers. Si, en
ce moment même, pendant que nous célébrons le retrait,
l'occupant arrête nos enfants et augmente le nombre de détenus,
le retrait n'a aucune signification, l'accalmie ne veut rien
dire tant que l'occupation se poursuit.
Colère et protestations
Le mouvement du Jihad Islamique, dont le porte-parole est le
sheikh Abdel Halim Izzidine, a exprimé sa colère et son
indignation concernant cette campagne d'arrestations. Il a déclaré
que son mouvement ne resterait pas les bras croisés, car il
s'agit d'une guerre déclarée contre notre direction, contre
les membres de notre mouvement. Nous affirmons avoir le droit légitime
de résister et de s'opposer à l'agression, ajoutant que
"nous ne permettrons pas que nous soyions le prix de
l'accalmie et du retrait soit la liberté de nos enfants,
de notre mouvement et de notre peuple. Les parties concernées
doivent stopper cette agression et assumer les conséquences de
ces violations israéliennes qui ont dépassé toutes les
limites."
L'occupant poursuit sa campagne contre le Jihad Islamique
Au moment où les forces de l'occupation prétendent se retirer
de quatre colonies de Jénine, les raids et les invasions israéliennes
se multiplient dans la région, sous prétexte de rechercher les
combattants du Jihad Islamique. Au cours de la période récente,
les forces de l'occupation ont investi à plusieurs reprises la
ville de Jénine, le camp et les villages d'al-Yamoun, Birqin,
Bir Basha, accompagnés de destructions et d'arrestations de
militants actifs du Jihad.
Tout au long des deux semaines passées, les forces de
l'occupation ont envahi quatre fois la ville de Jénine, et ont
arrêté deux personnes. Muhammad al-Jamal raconte : "il était
environ 4 heures du matin, les forces de l'occupation ont
encerclé ma maison se trouvant dans la vallée de Izzidine, à
Jénine. Elles ont arrêté mon fils, Naser, 17 ans. Nous nous
sommes réveillés à cause du sifflement des balles au-dessus
de nos têtes, des cris des soldats. J'ai à peine ouvert la
porte que 30 soldats se sont précipités dans la maison, me
demandant de sortir, avec ma famille. Ils nous ont cloué
dehors, pendant deux heures, et ont fouillé la maison, en
semant la pagaille et détruisant son contenu. Ils sont arrêté
Naser et l'ont emmené dans une direction inconnue.
Lors de l'invasion de la maison de Naser Abu Na'isa, son épouse
qui venait d'accoucher a été touchée par une balle. Il vit
dans le camp. Il dit : "Bien que j'ai fait ce que m'ont
ordonné les soldats, j'ai ouvert la porte, ils ont continué à
lancer des bombes à l'intérieur, mon épouse et mon nouveau-né
ont reçu des éclats des bombes. Mais les soldats ne se sont
pas contentés de cela, ils ont envahi la maison, ont détruit
son contenu, occasionnant des dégâts importants.
Au 'Amira, dont la maison se trouve dans le camp de Jénine, a déclaré
qu'il a miraculeusement échappé à la mort, les soldats ayant
tiré des coups de feu nourris en direction de la maison. J'ai
commencé à crier, disant qu'il y a des femmes et des enfants,
que voulez-vous ? Une heure après, après nous avoir fait vivre
l'enfer, les soldats nous ont cloués de hors, moi et ma
famille, pendant trois heures. Ils ont investi la maison, n'ont
pas cessé de tirer, sur le frigo, la machine à laver, les
meubles, ils ont tout démoli, les traces de balles témoignent
de leurs crimes. Ils veulent se venger. Ils m'ont interrogé à
propos de mes enfants, Muhammad et Khomeyni, ils prétendent
qu'ils sont recherchés par les renseignements. Ils m'ont menacé
d'arrestations si eux ne se rendent pas.
Dans le village al-Yamoun, un jour après l'assassinat par
l'occupant d'Ibrahim et Wirad Abahira, les forces de
l'occupation sont de nouveau arrivées, investissant la maison
des deux martyrs, comme le raconte leur frère Muhammad,
"les forces de l'occupation ont investi la maison de Naser
Frayhat, qu'elles prétendent être recherché, lui et ses frères,
par les forces de la sécurité et des renseignements. Leur
maison a été saccagée de fond en comble". Le père de
Naser dit : "Nous avons été menacés de sanctions très
lourdes si Naser et ses frères ne se rendent pas".
Traduit par : Centre d'Information sur la Résistance en Palestine