Avi Mograbi, dont le film "Pour
un seul de mes deux yeux " [1]inaugurera
l’espace Cinéma de la Fête de l’Humanité le 9 septembre
2005, répond aux questions de l’Humanité.
Quel est le sort de votre
fils, Shaul Mograbi-Berger ?
Shaul a dix-neuf ans. Il y a deux semaines, après
plusieurs reports d’incorporation, il était convoqué au centre
de recrutement : il a dit qu’il refusait d’être soldat.
Shaul est alors passé en jugement, à huis clos, sans pouvoir se
défendre, sans avocat. Il a été condamné à vingt et un jours
de détention, mais quand il sortira, l’armée voudra encore
l’incorporer et il refusera encore. C’est une histoire sans
fin. Il risque d’aller en cour martiale et d’écoper de deux
ans de prison. Cependant, l’armée n’aime pas la médiatisation
de ces affaires et Shaul peut aussi être réformé.
Pourquoi refuse-t-il de
porter l’uniforme israélien ?
Il ne veut pas devenir un soldat d’occupation,
un soldat qui collabore avec l’oppression du peuple palestinien.
Il est très actif, très engagé politiquement. Shaul appartient
au groupe Anarchistes contre le mur. Les jeunes Israéliens comme
mon fils ne sont pas nombreux. Ceux qui veulent éviter l’armée
se font réformer pour des raisons psychologiques.
Vous-même, avez-vous servi
dans l’armée ?
À dix-huit ans, j’ai fait le service militaire.
Puis, j’étais soldat de réserve. En 1983, pendant la guerre du
Liban, j’ai été rappelé mais j’ai refusé et je me suis
retrouvé en prison.
Après l’évacuation des
colons de la bande de Gaza, que va-t-il maintenant se passer ?
Comme l’a déclaré clairement l’entourage de
Sharon, l’évacuation de Gaza va permettre de renforcer
l’occupation de la Cisjordanie. À Gaza, il y avait huit mille
colons. Il y en a quatre cent mille en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
C’est Sharon, dans tous les ministères où il est passé depuis
1977, qui a appliqué la politique de colonisation de la
Cisjordanie. C’est l’oeuvre de sa vie. Je suis donc
pessimiste.
Votre documentaire Pour un
seul de mes yeux veut - démontrer qu’il existe une - culture de
la mort dans les mythes fondateurs de l’État d’Israël.
Comment a-t-il été accueilli dans votre pays ?
Le film est sorti en Israël il y a un mois et
demi. Malgré de très bonnes critiques, il a fait très peu
d’entrées et a quitté l’affiche au bout de trois semaines.
Il sera diffusé le 10 septembre sur une chaîne de télé câblée.
(NDLR) Une rencontre organisée par l’UJFP aura
lieu à l’espace Confluences en octobre. Pour en savoir plus,
lire l’article http://www.france-palestine.org/article2157.html