AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP |
|
|
||
Le fossé grandissant entre ceux
que l’on protège et les autres.
Gideon Levy
"Dans un état où la sécurité personnelle
des habitants est laissée à l’abandon, où la violence et jusqu’à
récemment la terreur sont partout présentes, il existe une classe
privilégiée qui bénéficie d’une protection massive." Etat des
lieux de l’"état Shin bet" par un journaliste de Haaretz.
L’endroit : Mul Yam , un restaurant à Tel Aviv. Le moment : un jour la semaine dernière. L’événement : Ehud Olmert, vice premier ministre, déjeune. Des magnats des affaires et des banquiers font le pélerinage à sa table, dans des murmures et des ragots. Un garde du corps armé du Shin Bet est posté près de la table, observant l’assiette du ministre. Un autre garde du Shin Bet se tient à l’entrée du petit restaurant et un autree encore attend dans la voiture garée devant l’entrée . Quelques jours plus tôt un drame similaire se déroule, tard un soir, au Masa , un restaurant non moins prestigieux. Le ministre Haim Ramon est de sorti evec son épouse s. Deux gardes du Two Shin Bet men asont déployés dans le restaurant. Samedi matin, à Ramat Hasharon : Dov Weissglas, le conseiller du premier ministre sort pour une courte promenade. Un garde du corps se précipite pour le suivre. Au même moment à Tel Aviv sur la promenade, le ministre de l’agriculture Yisrael Katz est occupé à une activité sportive du même genrre, un garde du corps à ses talons. Quelques personnes seulement reconnaissent le ministre. Il est difficile de croire que c’est ce que le défunt Professeur Yeshayahu Leibowitz avait à l’esprit quand il parlait d’un état Shin Bet s, qui s’est matétialisé depuis. Dans un état où la sécurité personnelle des habitants est laissée à l’abandon, où la violence et jusqu’à récemment la terrreur sont partout présentes, il existe une classe privilégiée qui bénéficie d’une protection massive. Depuis les assassinats de Yitzhak Rabin et Rehavam Ze’evi, il semble que l’on a perdu toute notion des proportions.La distinction entre un "personage" et une simple "personne," le fossé intolerable entre la protection des membres d’une élité select et la sécurité personnelle fragile de tous les autres, sont exaspérants. Ainsi, en plus du fossé entre riches et pauvres, il existe aussi un fossé de plus en plus profond entre les protégés et les non-protégés.Le spectacle de ministres encadrés par des hommes du Shin Bet se pavanant dans des restaurants prestigieux, aussi grotesque qu’il soit, est attristant. Le fait que le premier ministre ne puisse se rendre à pratiquement aucun événement public à cause des excès de sécurité pose des questions crues sur son lien réel avec ses concitoyens. Ainsi, d’un côté, on voit un dispositif complet de protection qui a augmenté au cours des dernières années, dont l’unité du Shin Bet de protection des VIP ; de l’autre côté on voit la police en bleu, avec un petit budget et un manque de personnel. Les uns s’occupent de l’élite, less autres des autres habitants d’Israël. Les cibles sous protection ont aussi augmenté : il n’y a pratiquement aucune célébrité du monde politique, judiciaire ou militaire, du chef d’état major de l’armée au président de la Cour Suprême qui n’est pas sous protection. Un groupe de plusieurs dizaines de personnes sont sous protection constante, jour et nuit, et qui mènent leur vie habituelle -certains sortant fréquemment pour s ’amuser en Israël ou à l’étranger- commesi tout ça ne coûtait pas une fortune, au frais des contribuables. Une attaque contre des personnes publiques est une attaque contre un régime démocratique, et il est évident qu’il faut les protéger -surtout après que deux assassinats politiques ont montré que leur vie est réellement en danger. Mais beaucoup plus de passagers de bus et de jeunes gens qui sortent en ville ont été tués ici ces dernières années, et leur protection était -et est rrestée- négligeable. La protection excessive des VIPs coûte un prix très élevé. Le Shin Bet ne publie pas de données sur son budget pour l ’unité de protection des VIPs, mais il a beaucoup auglmenté ces dernières années. La question budgétaire aurait du donner lieu à un débat public : le contribuable a le droit de savoir combien cette protection excessive lui coûte et à quel autre usage cet argent aurait pu servir. Révéler cette information n’aurait violé aucun secret défense. L’autre coût est lié à l’image sociale et morale d’Israël. Un état dont les rues sont fermées au public quand passe le premier ministre et où les hommes du Shin Bet men protègent les sorties festives des ministres a une mauvaise image. Un premier ministre qui se protège derrière l’ écran épais -à un point qui frôle parfois le ridicule- de dizaines de gardes du corps, de véhicules blindés, de zones « stériles » et de sirènes hurlantes altère l’essence de la démocratie au lieu de la renforcer. A La Haye, aux Pays-Bas, un pays qui a aussi connu deux actes de meurtres politiques ces dernières années, le bureau du premier ministre ressemble à un bureau de poste, par sa modestie et la sécurité qui l’entoure. Là ils comprennent qu’il existe des risques qu’il faut prendre.I Le chef sortant du Shin Bet , Avi Dichter, a dit dans l’un des entretiens de départ qu’il a donnés, qu’il considère que son plus grand échec -et apparemment le seul à ses yeux- est le meurtre du ministre Ze’evi. Pas le meurtre d’environ 1,000 Israéliens, pas la peur dans laquelle le public a vécu pendant de longues périodes, en partie à cause de la politique de force et de tuerie de son organisation, non l’acte unique de l’assassinat d’un ministre. Malgré les guirlandes reçues les jours passéspar Dichter sur le départ , son échec à long terme dans la guerre contre la terreur risque de debenir évident quand la terreur recommencera.. Cependant, s’il y a un domaine où Dichter et son oorganisation ont rempli leur rôle au dessus et au delà du raisonnable, c’est dans la protection des VIPs. Les "personages" - mais eux seulement - peuvent dormir ici tranquilles.
Gideon Levi Haaretz : http://www.haaretz.com traduction : Claude Léostic, Afps
|
||
Avertissement |
Retour Ressources - Débat - Communiques - Accueil