Article traduit à la mémoire des quatre
martyrs de Shefa'amr :
Dina Turki, 21 ans
Hazar Turki, 23 ans
Nader Hayek, 55 ans
Michel Bahous 56 ans
10 août 2005
La signification du passage de l'assassin
Eden Natan Zada de Rishon Letzion à la colonie de Petoah, connue
pour être un centre de rassemblement des colons extrémistes du
mouvement Kakh, le mouvement fasciste de Meïer Kahana, considéré
illégal ! (même s'il faut considérer la réalité, qu'au
cours de sa vie à Rishon Letzion, il s'est abreuvé des poisons
du racisme qui l'ont amené à la colonie de Petoah, surtout si
l'on se rappelle le massacre de Uyun Qara ou Rishon Letzion,
lorsque le terroriste Ami Buber a assassiné de sang-froid 7
ouvriers palestiniens, il y a une dizaine d'années), son
rapprochement du mouvement Kakh, son activisme dans le mouvement
Rafafa, fondé par un des colons qui a essayé d'organiser une
marche des colons et de l'extrême droite pour investir la mosquée
d'al-Aqsa, il y a quelques semaines (au cours de laquelle Zada
a été arrêté avant d'être remis à l'armée, dont il s'est
enfui), sa fuite du servic e militaire, sa possession
d'armes, son refus de participer au désengagement dans son volet
du retrait de la bande de Gaza et du nord de la Cisjordanie, les
mises en garde répétées de sa famille sur la possibilité qu'il
soit impliqué dans un événement important, après avoir rejoint
une organisation extrémiste de droite (nous indiquons ici que
les membres de cette organisation terroriste juive, Shelehvit
Gilaad ont tué sept Palestiniens en Cisjordanie au cours de
l'Intifada, et ils viennent de milieux proches de ceux dans
lesquels se trouve Zada, mais ils ont été libérés après
interrogatoires par la Shabak, car ils avaient accepté de se
taire), ainsi que les alertes parvenues à l'armée sur le
danger qu'il peut représenter, la possibilité qu'il exécute des
crimes, et la nécessité de le rechercher rapidement. Pour des
raisons précises, certains affirment que ces rapports ne sont
jamais parvenus à la Shabak, même les affirmations selon
lesquelles il serait perturbé et q u'il avait été noté 45 par
le médecin psychologue de l'armée (mais cela ne peut représenter
qu'une excuse pire que la faute), avec tout cela, pourquoi
cela n'a-t-il pas suffisant pour empêcher le terrible massacre de
Shefa 'Amr ?
Il est facile de reprendre le récit israélien
selon lequel la raison principale ayant empêché d'éviter le
massacre serait les tiraillements entre les divers bras de la sécurité
israélienne, l'un des appareils de la sécurité ayant eu les
informations qu'il n'aurait pas transmis aux autres ce qui
signifie que les différentes informations n'ont pas été
transmises aux divers organes de l'armée, et d'autres non reçues
par la Shabak, les mises en garde des parents ont été perdues
dans un dossier, etc... Mais ce récit n'est qu'une tentative
claire pour transformer la réalité, il reste irrecevable pour la
logique et la raison.
Arrêtons-nous à une possibilité,
que les médias israéliens ont diffusée, selon laquelle des
appareils sécuritaires de l'Etat ont permis à cet acte
terroriste d'avoir lieu afin de renforcer la répression et
refuser les facilités au mouvement des colons et de la droite
extrémiste lors de l'exécution du désengagement. Dans ce cas,
un seul massacre ne suffit pas, il faudrait alors amener un autre
terroriste et exécuter un autre massacre. Il y a quantité de
soldats ayant fui l'armée, qui ont les mêmes caractéristiques
que le terroriste Zada, les parties officielles n'ont pas hésité
à en parler. D'autre part, le commandant des forces terrestres de
l'armée israélienne et le ministre de la sécurité, Mofaz, ont
déclaré qu'il leur est "impossible d'arriver à tout
individu halluciné se trouvant sur une colline perdue et qui prépare
la prochaine opération de meurtre!!" Et finalement,
Ariel Sharon, le premier ministre, s'y est mis, et tous n'écartent
pas la possibilité de la répétition de ce massacre, considérant
que le prévoir amortit le choc de la surprise et limite la
responsabilité officielle, étant donné que le fait de le prévoir
peut être considéré comme une forme de mise en garde et qu'il
serait impossible de les accuser d'indifférence.
Il faut également observer l'autre
possibilité, celui du recours des colons et de la droite extrémiste
à ce massacre pour susciter la colère des Palestiniens de l'intérieur,
les amenant à descendre dans les rues, ce qui occuperait les
policiers et les garde-frontières, dans un souci de disperser les
forces et entraver le désengagement de Gaza et du nord de la
Cisjordanie. Si le but n'a pas été atteint, il n'est pas
impossible que l'acte se renouvelle.
Ce qui est certain, c'est que le massacre de
Shefa'mar est de par sa nature (mais souvent aussi dans sa forme)
semblable au massacre de Rishon Letzion (Uyun Qara), à celui d'al-Haram
al-Ibrahimi, pour ne citer que ces derniers, tout comme il ne diffère
pas fondamentalement des horreurs commises par les forces de la
police lors du soulèvement d'octobre 2000, qui ont fait 13
martyrs, tout comme il ne diffère pas du meurtre de 18 Arabes
Palestiniens de l'intérieur, au cours de l'Intifada, sous des prétextes
sécuritaires et mensongers.
Tout comme il ne diffère pas de
l'assassinat de l'enfant Imane al-Homs, dans la bande de Gaza,
avec l'exécution d'un meurtre sur sa dépouille pour s'assurer
qu'elle est bien décédée, et ne diffère en rien de
l'assassinat d'un enfant palestinien, il y a deux ans, dans la
bande de Gaza, lors d'une cérémonie à l'occasion de la montée
en grade d'une unité de l'armée, les balles tirées ayant touché
un enfant (quelques semaines auparavant, le meurtrier a été
condamné à un blâme, et une recommandation pour le monter en
grade, et cela a vraiment eu lieu, le commandant des forces armées
Dan Haloutz, l'a effectivement gradé). Dans ce cadre, le
massacre ne diffère en rien du massacre commis par Dan Haloutz
lui-même lorsqu'il a lancé, de son avion, une bombe pesant plus
d'une tonne et demi, sur un immeuble à Gaza, tuant 15
Palestiniens, en majorité des enfants. Le massacre de Shefa'amr
ne diffère en rien du massacre commis par les forces de
l'occupation dans la bande de Gaza dans l'un des camps de jeunes,
dans un terrain de foot, où 16 jeunes Palestiniens ont été tués,
tout comme il ne diffère en rien des victimes des ordres donnés
aux soldats de l'occupation, leur intimant l'ordre de tuer 10
Palestiniens par jour, ou de se venger de l'opération de Ayn
Urayk, où 6 soldats de l'occupation ont été tués, les forces
de l'occupation ont alors massacré 15 Palestiniens, tous
policiers, rien que pour se venger...
Le massacre ne se distingue en
rien de nombreux massacres et actes horribles commis par les
forces de l'occupation sur des milliers de jeunes, de vieillards,
de femmes et d'enfants du peuple palestinien, qui ont tous été
justifiés de diverses manières, mais sous une même bannière,
qui s'appelle la lutte contre le terrorisme, les justifications
les plus importantes étant que les forces de l'occupation étaient
en danger, que le martyr était armé ou recherché, qu'il est une
bombe à retardement ou qu'il préparait une opération, ou qu'il
s'est trouvé par hasard sur la scène des opération, ou par
faute, ou que le martyr est tombé sous les balles palestiniennes.
Mais il demeure que tous ces actes ne sont pas considérés
comme des crimes. Et si le massacre de Shefa'amr s'était déroulé
en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza, il aurait été dit que
la vie du soldat était en danger, et qu'il a été obligé de
tirer.
Sur le plan israélien, le massacre de
Shefa'amr change, car il ne peut être considéré que comme une
opération terroriste, à cause de la forme de son exécution
et pour le choix du lieu, mais non à cause de sa nature même. Il
n'était pas possible de trouver une couverture sécuritaire pour
son exécution, et c'est la raison principale qui a suscité
l'opinion israélienne contre cet acte. Ce qui a obligé Sharon à
déclarer qu'il s'agit d'une "opération terroriste exécutée
par un terroriste assoiffé de sang". Mais peu de temps après,
domine l'idée, dans les mêmes milieux, que l'assassin est la
victime. Il est probable que ces jours prochains, nous assistions
à la version selon laquelle le soldat ayant été provoqué, et
ayant senti un danger, se soit mis à tirer pour se défendre.*
En d'autres termes, si tous les données précédentes
ne sont pas suffisantes pour empêcher un massacre, cela prouve
que la plupart des crimes de l'occupation et la complaisance
judiciaire envers les soldats dont les crimes ont été découverts,
ont créé une sorte de "conscience diffuse" qu'il est
facile de tuer un Palestinien, que le mépris envers la vie d'un
Palestinien est une chose normale, pour laquelle il n'est pas
besoin d'écrire un rapport. Par conséquent, les preuves que nous
pouvons considérer comme suffisantes pour empêcher le massacre
de Shefa'amr ne sont pas en réalité des preuves ni des signes
importants dans la vie du soldat assassin, mais une situation
"ordinaire" que les crimes de l'occupation ont créée.
L'occupation ne produit pas de demi-morale (il n'y a pas de
demi-morale), dans le sens où le soldat ne peut être humain
en même temps qu'il est formé au meurtre, à la brutalité et à
la torture. C'est en ce se ns que Zada ne se distingue en rien des
autres soldats de l'occupation, sinon, peut-être, dans la forme
et le lieu qu'il a choisis, pour une raison quelconque, pour
commettre son crime. Pourquoi un soldat ferait-il la distinction,
dans ce cas, dans le cadre d'un prétendu danger sécuritaire ou démographique,
entre le sang palestinien en Cisjordanie, dans la bande de Gaza ou
en Galilée, par exemple, quand on lui enseigne que "le bon
Arabe est l'Arabe mort " ?
Il me vient à l'idée ce qu'a écrit dr.
Azmi Bishara disant : "nous avons mille raisons de penser, ou
plutôt d'être certains, que l'armée israélienne est infiltrée
par des bandes d'extrême droite, d'organisations secrètes et
racistes et de hallucinés de toutes sortes. Toutefois, l'armée
israélienne n'est pas un ange sans eux. Elle est, avec la
politique qu'elle exécute, le grand problème qui s'appelle répression,
occupation, culture militaire, mensonge des rapports lorsqu'il
s'agit de tuer des Arabes. Elle est le premier terroriste dans les
territoires occupés en 1967. Mais quand il s'agit de la présence
du terrorisme juif à l'intérieur de la ligne verte, la présence
de groupes d'extrême droite à l'intérieur de l'armée peut entièrement
changer les règles du jeu".
* Nous apprenons en ce moment que la
Knesset a décidé d'ouvrir une enquête pour savoir comment le
terroriste a été tué, en même temps que sur le massacre de
Shefa'amr (ndlt).
Traduit par : Centre d'Information sur la Résistance en
Palestine
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