Pacifistes
israéliens
On
a beaucoup parlé des Refuzniks.
On ignore souvent en France le gros travail fait sur le terrain par les
Anarchistes Contre le Mur, des Israéliens qui vont dans les
villages palestiniens manifester contre le Mur aux côtés des
Palestiniens et des pacifistes internationaux et qui ont à ce jour
plusieurs blessés dont 2 graves.
On ne parle que très rarement de l'association de soldats "Briser le
Silence" qui s'est créé en juin 2004 et qui a présenté une
exposition à Tel-Aviv sur les exactions commises par les soldats de l'IDF.
Le 25 février dernier, ils présentaient devant une Commission de la
Knesset certains de leurs témoignages A lire et à faire connaître
Ils n´avaient pas à lui mettre une balle dans la tête Par Briser le
Silence Le 25/02/05
Ce matin, pour la première fois depuis qu´elle a été créée en juin
dernier, les membres de l´association "Briser le Silence"
apparaissent devant le Comité de Constitution de la Knesset. Les membres
de l'organisation, qui veulent briser le cycle de l'indifférence
publique, espèrent également attirer l´attention des représentants du
peuple sur les sujets liés à ce qui arrive aux soldats de combat de l´IDF
dans les Territoires Occupés.
Entre autres, les membres de Briser le Silence présentent aux membres du
Comité les témoignages qu'ils ont recueilli des soldats de combat, et
parmi eux, certains de ceux qu´ils ont diffusé ces mois derniers.
Le Sergent-Chef (Réserviste) Yehuda Shaul, qui était un soldat dans l´unité
de combat Nahal et qui est à l´orgine de l´exposition "Briser le
Silence" - des soldats qui parlent d´Hébron`, paraît devant les
membres du Comité.
Parmi les nombreux témoignages qu´a recueilli "Briser le
Silence" au cours de ces derniers mois, l'association a choisi de présenter
le témoignage de deux soldats de combat dans une unité d'élite, dont
les noms ne peuvent pas encore être révélés.
Ils veulent prouver que les événements auxquels l´IDF se réfère
habituellement comme des "écarts" - sont un véritable phénomène.
Dans toutes les branches de l´armée et dans toutes les unités, ils prétendent
que l´IDF n'est plus une armée morale.
Le témoignage des deux soldats, tel qu´il a été donné aujourd'hui au
Comité, est publié ici pour la première fois. Les noms des témoins ne
sont pas publiés - par crainte d'auto-incrimination.
"Qu´est ce que cela signifie, vous ne savez pas ?"
Les narrateurs sont deux sergents-chefs, d´une unité d´élite, qui sont
impliqués dans ce qui est arrivé à Bethléem en 2004.
Témoin N° 1 : Pendant cette période, il y avait eu deux attaques de
Palestiniens à Jérusalem qui provenaient de Bethlehem. Dans l'armée,
ils ont décidé d'y aller avec des forces importantes.
Une semaine auparavant, au cours d´une opération de l'unité Duvdevan (Ndt
: une unité dont les membres agissent habituellement habillés comme des
Arabes qui a été accusée par le passé de meurtres illégaux),
quelqu'un s'est caché dans une cachette d´armes, et a tiré sur l´un
des soldats à la poitrine, et il est devenu paralysé.
C´est une semaine après que nous sommes entrés pour procéder à une
arrestation dans la maison du cousin du terroriste. Je ne faisais pas
partie de l'arrestation elle-même, mais la force était postée juste
en-dessous de la maison et le poste de guet leur a indiqué qu'il y avait
quelqu'un sur le toit.
Le commandant de compagnie a soudainement annoncé un tir de routine, a
tiré une balle et alors, ils ont continué à frapper à la porte de la
maison. Personne n´a répondu.
Après cinq minutes d'attente, le commandant de la Compagnie a pris la
radio et a dit : "Peut-être que j´ai touché quelqu´un."
Le commandant du bataillon a pris la radio et a dit : "Qu´est ce que
cela veut dire ? Vous avez vu un homme armé ?"
Alors il a répondu : "Non. J'ai vu une tête sortir du toit, j'ai
tiré sur lui, je ne sais pas si je l´ai touché ou non."
"Cela veut dire que vous ne savez pas ? Avez-vous vu un homme armé
?" a demandé le commandant du bataillon, et il est entré en contact
par radio avec le poste de guet.
"Vous avez dit qu'il était armé, non?", a-t´il demandé.
Ils lui on répondu : "Non, nous n´avons pas vu si quelqu´un était
armé."
"Nous avions des maîtres-chiens, ils ont envoyé le chien à l´intérieur,
il a travaillé à l´intérieur pendant 20 minutes. Quand il identifie
quelqu'un, il le mange. Nous l'avons entendu aboyer à l´intérieur
pendant 20 minutes."
Témoin n° 2 : "Un chien d'attaque, il mange les gens".
"Pour sa conscience"
Témoin n° 1: "Au bout de 20 minutes, ils ont décidé que la force
devait entrer. Ils ont sorti le chien, ils on vu que l´homme avait été
traîné du toit jusqu´à l´étage en-dessous et qu´il était mangé de
partout. Ils ont appelé le docteur juste pour vérifier la mort."
Au moment où le docteur l'a touché, l'homme a soudainement sursauté, il
était encore vivant.
Il avait pris une balle dans la tête et il n´était pas mort. Et il n´est
même pas mort pendant les 20 minutes où le chien le mangeait. Ils l'ont
évacué à Hadassah Ein-Kerem (Hôpital) où il est resté pendant une
semaine ou deux, et il est mort.
Nous avons cherché une arme dans la maison après, nous devions trouver
une arme. Mais nous n´avons rien trouvé du tout. Il n´était pas armé.`
Témoin n° 2 : "Si nous avions trouvé une arme, cela lui aurait
prouvé que l´homme sur le toit était armé"
Témoin n° 1 : "Ce n´est pas que le commandant de la compagnie
aurait pu mettre une arme près du corps, ce n´est pas ça. Il le voulait
pour sa conscience. Quand il a tiré sur lui, il ne savait pas non plus si
c'était l'homme que nous étions venus attraper."
Dans l´enquête, ils n'ont pas conclu que quelqu'un avait fait quelque
chose de mal, comme ils le font après chaque opération au cours de
laquelle quelque chose de peu commun se produit.
Je peux également comprendre le commandant de la compagnie, qui se tenait
sous une maison avec 15 types et voir quelqu'un le dévisager. J'aurais au
moins tiré en l´air.
Il était le seul qui a eu le courage et la responsabilité de prendre la
responsabilité de tirer, en particulier parce que c'était un commandant
de compagnie et ils leur tirent dessus.
Vous devez faire quelque chose pour empêcher le tireur d´arroser de
balles l'unité. Vous pouvez tirer en l´air, vous pouvez faire beaucoup
de choses, vous ne devez pas lui tirer une balle dans la tête.
Je n´ai pas été entendu pendant l´enquête, peut-être que le
commandant de bataillon leur a demandé. Il ne nous joignent pas. Le
commandant de bataillon était pour le moins en colère à la radio.
(mais) dans la compagnie, personne n'était désolé pour cela.`
Au sujet de `Briser le Silence`
Ce ne sont pas des refuzniks. Ce ne sont pas des politiciens. Ils aiment
l'état. Ce sont juste des soldats qui étaient là, qui sont également
ici, et ils ont décidé que cela ne pouvait pas durer plus longtemps. Que
quelqu'un devait se lever et crier : Réveillez-vous et voyez ce qu´il
nous arrive.
Témoignage traduit de l´hébreu vers l'anglais par Mark Marshall et
diffusé par Kibush : www.kibush.co.il/show_file.asp?num=s0
et repris en français sur le site www.ism-france.org
|