L’Autorité Palestinienne (AP) en appelle à la communauté
internationale y compris au « Quartet» (Etats-Unis, Union Européenne,
Russie et Nations Unies) pour obliger Israël à mettre fin aux
attaques quotidiennes des colons qui sont de quasi pogroms que
commettent les terroristes messianistes israéliens contre les
villageois palestiniens sans défense à travers toute la
Cisjordanie.
Les attaques ont proliféré ces derniers temps tandis que les
colons extrémistes israéliens sont résolus à commettre des actes
« d’une violence sans précédent » pour torpiller le « retrait
» de Gaza prévu par Israël.
«Nous demandons instamment à la communauté internationale
d’intervenir immédiatement pour faire cesser ces agressions
injustifiables et injustifiées contre nos populations civiles » a
déclaré Ahmed Subh, ministre délégué de l’Information pour
l’Autorité Palestinienne.
Dans une interview accordée à l’hebdomadaire Al-Ahram Weekly,
Subh a accusé le gouvernement israélien et l’armée de « fermer
les yeux » sur les « pogroms et les actes de sauvagerie quotidiens
» que commettent les « colons israéliens vandales» contre des
civils palestiniens sans protection, principalement dans les
campagnes palestiniennes.
« Est-ce que quelqu’un au monde peut croire que la puissante armée
israélienne est impuissante à contenir ces criminels qui
terrorisent et attaquent des écoliers et des vieilles femmes ? Ce
n’est pas affaire d’incapacité. C’est affaire de mauvaise
volonté si ce n’est de totale complicité. A cet égard,
l’inertie du gouvernement israélien laisse croire à sa
connivence ». a souligné Subh.
Selon des sources palestiniennes et selon des militants
internationaux qui observent la violence des colons, des attaques
physiques et des actes de vandalisme contre des villages
palestiniens ont eu cours presque quotidiennement ces dernières
semaines.
Le vendredi 25 mars, par exemple, des colons talmudiques de la
colonie Yitzhar près de Naplouse ont attaqué des Palestiniens dans
leurs maisons aux environs du village d’Asira Al-Qibliya . On a
fait état de villageois Palestiniens roués de coups par les
vandales qui ont aussi vandalisé leurs biens.
«Ils avaient des masques noirs et ils criaient, je ne sais pas ce
qu’ils disaient » a dit Samah Ahmed, 9 ans, qui avec sa mère et
ses trois frères, a failli être lynchée dans sa maison au cours
d’une attaque des colons.
Sa mère, Suha, a décrit les attaquants comme « des Nazis de notre
temps.
« Les enfants et moi étions seuls à la maison. Les colons ont
d’abord balancé de grosses pierres dans les fenêtres, nous
obligeant à aller d’une pièce à l’autre pour éviter les
pierres. Ensuite les attaquants ont essayé de forcer la porte. Ce
qui nous a terrorisés comme jamais auparavant. J’ai vraiment eu
peur qu’ils entrent dans la maison et tuent mes quatre enfants ».
Suha a dit que les colons étaient repartis ensuite pour la colonie
quand ils avaient vu d’autres villageois arriver au secours de la
famille.
Des heures plus tard, quand des responsables de l’armée israélienne
sont arrivés sur les lieux pour enquêter sur « l’émeute »,
les colons ont érigé des barrages et les ont chassés, les empêchant
d’entrer dans la colonie.
L’armée a noté dans son rapport sur les incidents que les colons
qui avaient commis ces actes de vandalisme contre Asira Al-Qibliya
« étaient saouls » ce qui revient à dire qu’ils n’étaient
pas responsables de ce qu’ils faisaient.
La semaine dernière, une trentaine de colons ont agressé trois
travailleurs palestiniens à l’ouest de Ramallah, les rouant de
coups avec des lances à incendie et des objets pointus. Un
travailleur au moins souffre de commotion cérébrale à cause
d’un coup acéré porté à la tête.
Certaines des attaques les plus cruelles contre les palestiniens et
leurs propriétés ont eu lieu dans les collines du sud d’Hébron
où des bandes d’israéliens masqués ont terrorisé les
villageois palestiniens au vu et au su des troupes israéliennes
stationnées sur la zone.
Le 21 mars, des colons ont répandu de la nourriture et des
boulettes empoisonnées sur une vaste bande de terre à pâturage à
l’est de Yatta, à 10 km au sud-ouest d’Hébron.
«Les boulettes sont petites de couleur bleu turquoise, comme le
poison pour rongeurs qu’on trouve aux Etats-Unis. Elles sont répandues
dans les buissons et dans l’herbe, presque partout où les moutons
paissent » a dit Kim Lamberty, une pacifiste du Christian
Peacemakers Team, qui a inspecté la région.
Dans la journée qui a suivi, des moutons sont morts et un grand
nombre d’autres ont été malades après avoir pâturé.
Les Palestiniens ont aussi trouvé dans la zone deux gazelles
mortes.
Quant les militants locaux et internationaux ont demandé à l’armée
israélienne d’enquêter sur cet empoisonnement et de mettre fin
au terrorisme des colons, l’armée a répondu qu’elle enverrait
un "colon expert" pour examiner la plainte
"Cet acte de malveillante n’affecte pas seulement la vie économique
des fermiers de la région, il peut avoir un impact grave sur la
faune et la flore de la région. Les Palestiniens d’ici et les
militants internationaux essaient en ce moment de décontaminer le
site" a déclaré Lamberty.
Le 24 mars, des colons masqués ont attaqué des bergers
palestiniens et des pacifistes internationaux, parmi lesquels deux
Américains, une jeune femme de 18 ans et un jeune homme de 23 ans.
Tous les deux ont été blessés quand des colons ont voulu les empêcher
de filmer l’attaque.
Un porte-parole de l’armée israélienne a déclaré à Weekly que
la responsabilité de faire « respecter la loi et l’ordre »
incombait à la police et pas à l’armée. Un haut gradé de
l’armée a admis, pourtant, que les colons étaient en train de
faire monter la mise en Cisjordanie.
"La situation ne va faire qu’empirer. Nous voyons l’action
des extrémistes se radicaliser. Les attaques contre les
Palestiniens ont augmenté" a-t-il dit.
Le ministre palestinien Subh est inquiet que le pire ne soit encore
à venir. "Nous craignons que l’inertie du gouvernement israélien
à l’égard des colons ne les encourage à commettre de vrais
massacres contre notre peuple".
* Kahlid Amayreh est un journaliste palestinien.
Cet article est paru dans le N° 736 du 31 mars – 6 avril 2005, de
« Al-Ahram Weekly »
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