Par Michael Hoare , un cinéaste solidaire du mouvement pour
une paix juste entre Palestiniens et Israéliens. Ecrit à l'origine
comme contribution pour le prochain numéro de la revue
Documentaires, ce périodique a refusé de le publier. Infos-UJFP
est fier de faire connaître ce texte, qui est d'une grande qualité
pour comprendre l'impasse actuelle dans les perspectives de paix
entre les deux peuples.
Pourquoi est-ce que le conflit qui déchire un bout
de terre à l'est de la Méditerranée nous affecte-t-il tant ?
Tous les jours, les nouvelles de la petite douzaine de millions de
Palestiniens-Israéliens (une population qui équivaut à celle de
la région parisienne et occupant une surface plus petite que la
Bourgogne) défraient nos chroniques, occupent l'espace de
l'information médiatisée. Le décompte des victimes est minutieux.
Combien de morts, chaque jour, en Tchétchénie ? dans les
favellas du Brésil ? combien de prisonniers politiques chez
les Bongo ou d'autres grands serviteurs du néo-colonialisme français ?
Silence dans les grands médias. Par contre, chaque journal radio ou
télé se transforme en bulletin constamment remis à jour des
pertes et des mouvements du gouffre palestino-israélien. La raison
se trouve dans la conjonction de plusieurs fractures, plusieurs
lignes de tension qui traversent le monde et se rejoignent au Proche
Orient précisément dans le pays Palestine - Israël. Cet article
se fixe comme tâche de nommer quelques-unes de ces tensions et de
rechercher pourquoi et comment elles poussent à faire du cinéma et
notamment un cinéma d'essai, un cinéma de recherche formelle, un
cinéma à la fois d'engagement politique et de mise en doute
subjective. A mon avis, ce cinéma porte en lui une énergie
d'interrogation et de remise en cause qui en fait l'un des plus intéressants
produits dans le monde actuellement.
Le dernier avatar du colonialisme territorial :
Cowboys contre Indiens
Du point de vue de l'histoire des quatre cents dernières
années, l'état d'Israël est probablement la dernière aventure
coloniale de l'homme blanc. Certes il y a une longue histoire depuis
une centaine d'années de forées militaires dans plusieurs points
du globe par les puissances concurrentes, et notamment américaines,
pour défendre ce qu'elles perçoivent comme leurs intérêts
(perception réduite le plus souvent à la simple capacité d'y
faire des affaires, ou protéger leurs investissements). Mais que ce
soit en Chine au milieu du 19ème siècle, à Cuba, au Guatamala, au
Panama ou ailleurs au 20ème siècle, les troupes occidentales n'ont
pas été suivies par une tentative de peuplement des zones
envahies. Aujourd'hui personne n'imagine que les Américains vont se
servir de leur conquête militaire de l'Iraq pour le repeupler. Or
Israël est, avant et par-dessus toute autre considération, une
colonie de peuplement. De ce point de vue, elle est une aventure
hautement susceptible de médiatisation. Même si la mythologie du
"peuple sans terre" qui occuperait une "terre sans
peuple" a perdu de sa crédibilité, l'énoncé héroïque
d'une race d'hommes entrepreneurs et énergiques qui "font
fleurir le désert" reste intimement tissé à l'épopée israélienne.
Une analyse détaillée de la presse américaine à ce sujet serait
certainement instructive. Un exemple tiré au hasard signé Phil
Brennanse trouvé sur le site web de newsmax.com : "Si la
population non juive continue de grandir plus vite que la population
juive, Israël pourrait devenir un pays sous-développé du tiers
monde d'ici 2020, prédit un expert démographique." (1) Le
sous-texte est facilement décodable. Les gens qui occupaient le
pays avant (et qui pourraient finir par le submerger si on n'y fait
pas attention) ne font rien fleurir. Ils ne sont ni entrepreneurs,
ni énergiques, ni éduqués, ni capables ou aptes à autre chose
que d'être dominés et évacués. Ils gaspillaient le trésor
potentiel sur lequel ils étaient assis. Il est justice que des
paresseux et des incapables se fassent éjecter par des travailleurs
et des compétents. L'imagerie du fort de la cavalerie US attaqué
par des nuées d'indiens tirant à tout va jaillit de chaque plan
d'une "colonie" israélienne en territoire "occupé" :
des blocs de maisons en béton blanchi entourés d'un mur grillagé,
desservis par des routes spéciales et gardés par des tours portant
mitraillette. Mais cette première image est bien trop favorable aux
thèses colonialistes. Les palestiniens ne sont pas des
"sauvages"et les colons israéliens n'apportent pas la
"civilisation" telle que Hollywood des années trente ou
quarante a pu l'imaginer. L'image d'une partie d'échecs, d'une
stratégie de la pieuvre serait plus appropriée. Il s'agit avec
chaque déplacement d'une pièce de couper l'ennemi de sa base, de
rendre son existence sur cette terre invivable, de l'obliger à
choisir entre le départ, la dépression ou la révolte suicidaire.
Les gens de Yanoun de Jean-Claude Perron et Catherine Shammes témoignent
fort bien de cette stratégie.(2) Le mot anglais "settlement"
dit aussi bien les choses, les "settlers" étaient des
gens partis s'installer et cultiver la vaste terre vide à l'ouest
des Appalaches tout au long du 19ème siècle. Les mêmes scènes se
reproduisent au Canada, en Australie. Les images de
"colons" mitraillettes à la main, entrant en territoire
hostile pour faire une prière auprès d'un site religieux, images
que l'on retrouve dans des scènes d'Abraham Segal filmées à
Hebron (3), ou de Dominique Dubosc à côté du tombeau de Rachel
(4), ces images disent la brutalité de l'affrontement, disent aussi
la foi immense des forces coloniales en leur propre raison idéologique.
Comme Eyal Sivan aime à le répéter, en reprenant et adaptant la
leçon de Yeshayahu Leibowitz, certains sionistes (Leibowitz
distinguait "deux sionismes" pour critiquer les colons et
les occupants) croient vraiment que la Bible n'est qu'un vaste titre
de propriété signé par Dieu à leur bénéfice. (5) Etre le
peuple élu se résume ainsi à se considérer héritier légitime
de ce terrain-là et de tout ce qui s'y trouve. De nombreux
observateurs l'ont déjà remarqué : cette croyance dans le
"destin manifeste" d'un peuple rappelle de manière
frappante les contours de l'épopée américaine. Face au peuplement
blanc et chrétien des plaines du continent américain, les
habitants premiers, écrasés par une force militaire infiniment supérieure,
n'avaient qu'à se soumettre et se cantonner dans des "réserves",
ou mourir. L'acte du Congrès daté de 1831 et qui marquait le début
du dernier acte de ce conflit s'intitule "The Indian Removal
Act" (La loi sur le déplacement des Indiens). Une des
nombreuses similarités entre les politiques israéliennes et américaines
menées par les gouvernements actuels est précisément cette volonté
de cantonner, de déplacer les premiers habitants d'une terre
conquise vers des espaces réservés et sous haute surveillance. Une
autre image bien connue de tous les Israéliens est révélatrice à
la fois de la paranoïa de l'entreprise, et de sa nature
colonisatrice et anti-démocratique. Un plan tiré d'un atlas qui
montre le minuscule état israélien entouré par des millions de
kilomètres carrés de pays arabes hostiles. La leçon de cette
image : les arabes (lire les palestiniens) ont le choix de
vivre parmi "les leurs" n'importe où dans l'immense
espace situé entre les portes de la Chine et l'océan atlantique.
Et tout ce que Dieu et les hommes ont légué aux juifs comme terre
et comme pays est ce minuscule territoire de rien du tout dont
certaines forces hostiles - forcément antisémites - veulent les
priver. Cet argument en soi justifie toutes les expulsions, toutes
les confiscations et inverse la charge de l'intention criminelle -
ce sont eux qui veulent nous liquider ! On ne fait que se défendre !
Pour revenir encore à Yeshayahu Leibowitz rapporté par Sivan,
l'occupation militaire des territoires conquis transforme le peuple
victime en peuple d'assassins confortablement installé dans une
fausse bonne conscience inébranlable ; ses actes sont toujours
légitimés par la menace perpétuelle dont il prétend être la
victime, mais dont il est lui-même l'instigateur. William Karel
dans son film Le monde selon Bush (6) monte des images nous montrant
des défilés de chrétiens américains manifestant leur soutien à
Sharon et au projet d'Israël, exhibant autant de joie et
d'engagement affectif que les sionistes eux-mêmes. Ces gens vivent
dans un monde, simplifié à outrance par leur culture médiatique
et leurs prédicateurs religieux, d'une lutte sans merci entre le
bien et le mal, entre le démon et Dieu. La terre sainte, telle dans
une énième croisade, doit être arrachée à l'influence des
terroristes, des arriérés, de l'Islam. Israël de ce point de vue
est sur la ligne de front de la lutte contre les paiëns, les hérétiques,
ceux qui nient la signification religieuse de la passion du Christ.
Une ré-identification avec le judaïsme combattant est possible à
cause de la lutte des juifs contre les musulmans sur la propriété
de cette terre, sur la souveraineté des lieux saints. Ces mêmes
chrétiens fondamentalistes peuvent manifester un anti-sémitisme
virulent contre les juifs de leur propre pays dès lors qu'ils ne
sont qu'une minorité non combattante. Cela ne change rien à
l'alliance sur l'enjeu d'Israël. Il y a même une cohérence entre
vouloir un Israël fort et exprimer le désir (explicite ou non) de
voir partir les minorités juives des pays de la diaspora ;
l'Agence Juive pour Israël travaille sur cette logique depuis sa création.
La droite chrétienne protestante est un élément indispensable de
la coalition qui a permis à Georges Bush Jr de devenir président
et explique en partie l'appui inconditionnel du gouvernement américain
au projet et aux politiques d'Israël. Mais nous l'avons déjà vu,
l'identification américano-israélienne a plusieurs autres ressorts
tant culturels qu'historiques. Elle est renforcée par
l'identification d'un pays de colonisateurs avec un autre, un pays
de culture technologique avancée avec un autre, et surtout depuis
le 11 septembre, un pays en lutte contre le "terrorisme"
avec un autre. Cette lutte commune renforce les liens entre les
appareils industriels et militaires, car les deux pays partagent la
conviction que leur puissance dans le monde, ou dans la région, est
surtout garantie par une force de frappe militaire à la pointe de
la technologie et d'une écrasante supériorité. Certes une minorité
juive existe aux Etats-Unis ; certes il y a des lobbies
pro-israéliens efficaces à Washington. Mais l'identification de
l'Amérique avec Israël n'est qu'en partie une affaire de lobbies
et de politique intérieure. D'ailleurs le nombre de musulmans aux
Etats-Unis ne cessent de croître sans que cela semble avoir un
quelconque effet sur la politique étrangère du pays. L'alliance américano-israélienne
est en partie spirituelle et historique, fondée sur la conscience
d'une origine partagée dans une bataille pour exister face à une
terre initialement hostile. En ce sens on peut parler d'unité entre
"les" terres promises. Et cette alliance est d'autant plus
forte qu'elle se fait à la fois contre l'Islam, bien sûr, mais
aussi contre l'Europe, incapable de se défaire de l'ombre raciste
et anti-sémite qui pèse sur son passé depuis le moyen âge.
La faille dans la conscience européenne
Si Israël a de fortes affinités spirituelles et
culturelles avec les Etats-Unis, le projet sioniste, lui, est européen,
doublement : d'abord par son fondateur et par sa naissance
historique. Théodor Herzl, né en Hongrie, éduqué à Vienne, et
les autres pères fondateurs d'un courant nationaliste juif
faisaient partie de la montée des nationalismes dans l'Europe du 19ème
siècle, surgis lors de l'affaissement des empires aristocratiques
anciens, et notamment les empires austro-hongrois et russes. Le libéralisme
économique, le nationalisme culturel et linguistique, le républicanisme
politique allaient de pair dans cette Europe qui se débattait entre
les réverbérations encore prégnantes de la révolution française
et la volonté des puissances féodales anciennes à maintenir
pouvoirs et privilèges. Ce qui donnait son caractère particulier
au sionisme à l'époque, c'était la nature dispersée du peuple
juif. La terre des juifs ne pouvait être une terre européenne car
ils étaient minoritaires partout, étalés dans une diaspora s'étendant
de la Russie jusqu'à l'Angleterre, assimilés aux cultures
nationales dans l'Europe de l'ouest, de l'Angleterre à l'Allemagne,
mais gardant une forte identité culturelle avec une langue propre
(le yiddich) là où l'antisémitisme était le plus fort, en Europe
centrale et orientale. Le pays des juifs dans ces circonstances
avait du mal à trouver une traduction autre que symbolique, et
historique. Il fallait un retour aux sources, un retour aux
origines, un retour à la fondation idéologique du peuple, au
livre, à la Bible. Le fait que la Palestine redevienne la terre
promise pour les juifs européens était une réponse idéologique
(résultat d'un long débat et de multiples tergiversations) au fait
qu'il n'y avait pas de terre concrète où les juifs seraient
majoritaires, ou aurait une légitimité historique à le devenir,
ailleurs. Donc s'ajoutaient aux communautés juives orientales
d'origine, les premières timides implantations d'européens juifs
datant du début du siècle. Mais le sionisme n'était porté à
cette époque que par une petite partie de la communauté juive
européenne, et était dénoncé de manière virulente par d'autres.
Ensuite, l'événement historique qui a permis au mouvement sioniste
de trouver une traduction dans la réalité fut la destruction des
communautés juives de l'Europe par le nazisme. Douze ans de règne
d'un fascisme nationaliste et antisémite allemand ont suffi pour
liquider physiquement une culture entière et des populations de
millions de gens vivant depuis le moyen âge sur le sol européen.
Il est à signaler en passant que ce n'est pas ce massacre qui a
provoqué la deuxième guerre mondiale. Les discours ou les
pratiques nazies à propos des juifs, aussi repréhensibles
soient-ils, étaient considérés à l'époque comme relevant de la
politique intérieure d'un état souverain. La cause de la guerre a
été la politique hitlérienne d'expansion territoriale continue.
Le trauma des peuples juifs aux mains des nazis a été renforcé
par le difficile accueil rencontré par les réfugiés auprès des
Suisses, ou autres puissances occidentales, y compris les Américains.
Dès lors l'idée que les juifs doivent fonder un pays où ils
seront majoritaires, bien armés, combattants, s'impose. Ils ne
doivent plus jamais être victimes d'une majorité oppressante, ne
doivent plus jamais avoir besoin que d'autres se battent pour leur
survie. L'opinion largement répandue en 1945, et fondée sur une
base historique récente et solide, est que personne ne fera une
guerre pour la survie des juifs. Le pays promis des rêves idéologiques
d'un courant minoritaire devient une terre de colonisation réelle.
L'afflux est régulier et en augmentation depuis les années vingt,
et massif pendant et suite à la guerre. Elle est l'expression d'une
idée largement partagée : la survie d'un peuple, de sa
culture, de sa religion, comme celle des individus qui le composent,
passe par là. Or l'holocauste, la liquidation industrialisée des
juifs, est une invention de la culture et de l'histoire européennes.
Face à son organisation industrielle et bureaucratique, la
souscription massive de la nation allemande dans le projet et dans
ses fondements idéologiques, les génocides perpétrés contre les
peuples des Amériques ou de l'Australie, y compris les massacres
plus récents comme ceux de l'ex-Yougoslavie ou du Rwanda,
apparaissent amateuresques. L'expérience est unique, non pas à
cause de sa sauvagerie ou de sa cruauté, mais précisément à
cause de la froide rationalité, l'organisation Weberienne de sa
mise en oeuvre. Elle a profondément marqué, bien sûr, les
survivants juifs mais aussi la conscience historique européenne
elle-même. L'Europe a soutenu la création de l'Etat d'Israël pour
battre sa coulpe par rapport à sa propre histoire. Depuis cinquante
ans, l'Europe ne met en doute aucun des fondements excluants ou
ethno-religieux de cet Etat. Certes, elle soutient depuis une
vingtaine d'années l'idée d'un Etat Palestinien, mais mollement,
à demi-mots. Plusieurs facteurs expliquent son absence d'initiative :
le fait que la question n'a que peu de poids dans les débats
politiques intérieurs et les rapports de force électoraux ;
le fait que les ministres des affaires étrangères ne parlent pas
d'une même voix. Mais un problème lourd reste son passé antisémite
qui l'exclut comme joueur significatif de l'échiquier au Proche
Orient. Sa parole est tout de suite décrédibilisée, suspecte, et
sa culpabilité est tellement forte qu'elle s'auto-censure. Face au
franc ralliement des Américains à la nouvelle croisade israélienne,
elle se met hors jeu. Elle finance des infrastructures pour les
Palestiniens que l'armée israélienne dynamite dès qu'elles sont
à portée de main. Les protestations européennes sont à peine
audibles. Elle soutient des plans de paix successifs (Oslo, Feuille
de route) que les politiciens du Likoud continueront d'utiliser
comme du papier toilette tant que le rapport de forces ne s'est pas
tourné contre eux, elle murmure de temps à autre une désapprobation
honteuse. Elle est incapable de parler d'une voix autonome, unie et
politique sur la question. Aux Nations-Unies, malgré deux sièges
permanents au Conseil de Sécurité, ces initiatives sont
inexistantes. Israël est le rappel constant de la honte européenne.
Les politiciens israéliens le savent et utilisent son potentiel de
chantage à merveille. (7)
Un bilan manquant et la délocalisation de sa
facture
Pour que l'Europe puisse faire le bilan de son passé
raciste et antisémite, pour qu'elle puisse passer l'éponge et
parler avec une confiance renouvelée, il aurait fallu, il faut
toujours, qu'elle en fasse le bilan. Or la période après la guerre
ne s'y prêtait pas. Une remise à plat des erreurs passées n'était
nulle part la priorité. L'attention était accaparée par le besoin
de remettre de l'ordre, de reconstruire un Etat, de récupérer les
éléments des Etats fascistes qui pouvaient l'être. Ce fut suivi
de près par la guerre froide et l'obsession de la menace
communiste. Du coup la véritable implantation d'un antisémitisme
politique de masse n'a jamais été examinée, de même que le
racisme hérité de la période coloniale n'a fait l'objet d'aucun
travail d'introspection collective, de mise en cause. Le résultat
de ces démissions successives est que le racisme perdure ; au
fond, la conscience de la supériorité de l'homme blanc, de la
civilisation occidentale, blanche et chrétienne n'a pas été
interrogée. Un questionnement fondamental des processus de
l'histoire européenne n'a pas été engagé dans les systèmes d'éducation,
et donc dans les cultures et dans les consciences des populations.
L'élargissement récent de l'Union Européenne vers de nombreux
pays de l'est où un "antisémitisme sans Juifs" reste
vivace (en Pologne en particulier) ne risque pas d'arranger cette
situation. Les conséquences de cette amnésie à la fois volontaire
et sélective se manifestent dans la continuité des pratiques néo-coloniales
économiques et politiques à travers le monde. La "Françafrique"
dénoncée par Xavier-François Verschave (8) entre autres, le
soutien continu aux régimes autocratiques et corrompus dans les
pays du Maghreb, la continuité d'une politique excluante envers les
candidats à l'immigration provenant des pays du Sud, la persistance
de racisme envers les minorités de couleur même françaises dès
qu'il s'agit d'allouer des ressources essentielles (logement,
travail, promotions), tous ces éléments traduisent une même
volonté économique et politique : maintenir une situation
privilégiée pour ceux qui appartiennent aux corps nationaux, les
citoyens et électeurs massivement autochtones ; faciliter la
reproduction d'une élite bourgeoise qui reste très majoritairement
mâle et blanche. La France a récemment montré son extrême
susceptibilité au sujet de la possible résurgence d'un nouvel
antisémitisme dans les banlieues. C'est, en effet, une question
d'image majeure pour un pays qui a suscité le régime de Pétain.
Or, l'antiracisme ne se divise pas. Aujourd'hui, en même temps, on
en vient à discuter sérieusement dans les hauts lieux de l'Union
européenne de la mise en place de camps d'internement pour immigrés
potentiels dans les sables de Khaddafi et de Ben Ali. Si ces projets
se réalisaient, les Australiens n'auraient plus le triste monopole
de gérer des camps de la mort lente pour réfugiés économiques ou
politiques rejetés. Et les idées de répartition raciale entre le
monde des possédants et le monde des affamés trouveraient une
nouvelle traduction concrète. L'ensemble de ces signes, de ces
gestes politiques, traduisent la difficulté qu'a l'Europe de
s'afficher comme une puissance politique opposée à toute
discrimination ethnique et religieuse. Ils lui dénient d'avance la
posture de supériorité morale qui lui permettrait de critiquer
tout Etat fondé sur des postulats d'inclusion ou d'exclusion d'une
partie de ses résidents (y compris de la part de républiques ou de
royaumes dits "islamiques"). Parce que la politique européenne
elle-même n'obéit pas à ces principes, elle ne peut avoir, vis-à-vis
de la politique israélienne de colonisation et d'expansion qu'une
position de honte, de vacillation et, finalement, d'auto-mutilation
complice. Mais toute négation de l'histoire a un coût. Quelqu'un
à un moment ou un autre doit solder la facture, payer le prix, en
souffrir les conséquences. Plutôt que de faire face aux
monstruosités de son propre passé, l'Europe, comme pour ses unités
de production industrielle, délocalise. Elle préfère laisser aux
Palestiniens la lourde charge symbolique et physique de payer la
facture de son histoire antisémite, de son invention et de sa mise
en oeuvre de la Shoah. Et les Palestiniens la paient, jour après
jour, dans une catastrophe humaine et économique dont rien dans
leur propre histoire ne les rend responsables. Et parmi les Européens,
signalons particulièrement la responsabilité britannique qui,
depuis la déclaration Balfour jusqu'à la piteuse aventure de Suez
n'a jamais su reconnaître un droit des palestiniens à leur auto-détermination
démocratique sur un territoire dont ils étaient depuis des millénaires
les occupants majoritaires. Le sionisme n'a pas eu de prise auprès
des communautés juives dans les pays arabes jusqu'à l'après-guerre
de 1948, jusqu'à la défaite des armées arabes contre le jeune état
israélien. Cette défaite a alimenté la montée d'un nationalisme
anti-colonial arabe où les communautés juives étaient identifiées
aux forces coloniales et sont devenues une cible politique. Avant
1948 les communautés juives étaient mieux intégrées au monde
arabe qu'elles ne l'étaient au monde chrétien européen. Pendant
les bouleversements politiques des années cinquante, le travail de
l'Agence Juive notamment au Maroc, telle une prophétie qui s'autoréalise,
commence à avoir son effet, l'émigration devient massive,
important de nouvelles contradictions et ostracismes au sein même
de la société israélienne.
Les failles Nord-Sud et Ouest-Est :
riches/pauvres, individus/communautés
Palestine-Israël est traversé par la faille entre
le Nord et le Sud, entre les pays riches et les pays pauvres. Comme
dit Simone Bitton (9), on vit de manière très confortable si on
est ingénieur dans le secteur des BTP Israéliens, ou cadre moyen
dans l'armée. Une société entière a un niveau de vie occidental,
certes avec un taux de chômage élevé, mais jouissant de salaires
et d'une couverture sociale digne des pays riches (PNB par tête $19
800 selon la CIA (10), 23ème au monde). La source de cette richesse
n'est pas seulement à trouver dans des réussites économiques,
parfois douteuses, celles des kibbutzim ou autres exportateurs de
produits Jaffa, mais plutôt dans la croissance soutenue d'un
appareil militaro-bureaucratique, des industries de recherche et de
"défense", impulsés par l'effort de colonisation lui-même,
et un programme d'éducation modèle. Israël profiterait, selon la
CIA, du plus fort taux d'ingénieurs au monde, par rapport à sa
population. Cet appareil, fortement bénéficiaire de l'aide américaine
et des apports de la diaspora, et malgré la corruption pour
laquelle il est souvent critiqué, irrigue un système économique
qui permet de donner un niveau de vie respectable à la majorité
des 5 millions d'habitants juifs du pays. Sur la même terre ou très
proches, vivent environ six millions de Palestiniens (PIB par tête
en Cisjordanie $800, la moitié à Gaza), donc beaucoup de très
pauvres. Des paysans ayant de plus en plus de mal à cultiver une
terre qui leur est souvent confisquée, des réfugiés ne vivant
d'aucune activité économique productive, maintenue en existence
par les programmes d'aide internationaux ou islamiques. Le film
Ecrivains des frontières (11) contient une scène poignante marquée
par la douleur ressentie par un homme lorsque ses oliviers sont
arrachés, au profit d'une énième route de contournement. Les
camps et villages Palestiniens deviennent de plus en plus des
villes-dortoirs où subsistent dans des conditions indignes un
peuple tenu en otage, un volant pléthorique de main d'oeuvre qui a
du mal à accéder même à l'humble statut de travailleurs
saisonniers, occasionnels, car de plus en plus victimes des aléas
des blocages des frontières, des impossibilités à se déplacer.
Et comme Nurith Aviv l'indique dans son film de 1998 Makom avoda
(12) pour punir ce peuple de l'effronterie de son existence,
l'appareil économique israélien fait appel à une main d'oeuvre étrangère,
est-européenne, asiatique, provenant de n'importe où à condition
qu'elle soit bon marché et soumise. Cinquante-six ans après la déclaration
de l'Etat, une centaine d'années après la formulation de l'appel
sioniste, l'implantation d'un capitalisme d'abord agro-alimentaire
mais de plus en plus militaro-industriel a reproduit en miniature le
gouffre entre le Nord et le Sud au sein d'un territoire de la taille
d'une région française. Je ne veux pas suggérer qu'il n'existe ni
israéliens juifs pauvres, ni Palestiniens occidentalisés et
riches, ce serait absurde. Mais la dynamique de la société
palestino-israélienne est de reproduire, sur les lignes d'un
apartheid physiquement et socialement marqué dans le territoire, la
division entre riches et pauvres de ce monde. Ce n'est pas l'unique
faille sociale qui traverse ce territoire. Le sous-texte du film d'Avi
Herkovitz et de Sharon Hammou Fantasy (13) est qu'un garçon arabe
gay, ou un garçon juif sépharade, également gay, ayant la volonté
de se travestir et cherchant l'épanouissement de son individualité,
n'a d'autre choix que de quitter Jaffa, ou le village orthodoxe
d'origine, pour aller vivre et travailler à Tel Aviv. Pourquoi
quitter Jaffa ? Parce que la famille palestinienne, comme la
famille orthodoxe, dont proviennent et l'un et l'autre font partie
d'une société traditionnelle, religieuse, communautaire, solidaire
où l'expression d'une pratique ou d'une identité sexuelle hors
norme apporterait la honte à toute la famille. Pourquoi aller à
Tel Aviv ? Parce que par certains côtés Tel Aviv est le New
York d'Arabie, une ville riche, américanisée où la norme de
l'acceptable dans les comportements privés s'est élargie, où la
tolérance aux identités diversifiées permet aux comportements
divers de co-exister. Le film ne creuse pas cette différence
d'attitude selon les lieux, mais il la laisse entrevoir. Et les
destins de Samy et de Mikael, ses deux protagonistes, permettent de
redessiner une autre fracture qui traverse la société
palestino-israélienne. La différence entre une société paysanne
traditionnelle et une société civile moderne, l'une dominée par
une conception organique de la religion, et l'autre par la
jouissance individualisée, par l'hédonisme moderne, forme une
faille entre l'Est et l'Ouest. Elle s'inscrit dans la logique même
de la structuration des deux communautés. L'atomisation du corps
social occidental (dont Tel Aviv fait partie) est perceptible aussi
dans le film d'Udi Aloni Local Angel (14). Une des trames de ce film
très riche suit l'auteur lui-même à la recherche de son
appartenance et du lieu où il sent qu'il pourra habiter. Au début,
il ne sait s'il s'agit de New York ou de Tel Aviv, ce qui motive son
déplacement. A la fin, il sait que le lieu où il peut habiter ne
se trouve ni dans l'un ni dans l'autre espace mais, et là il
renvoie à une tradition juive plus ancienne, dans l'espace
spirituel, intellectuel, culturel de la langue et du verbe. Or les
communautés juives et musulmanes sont également divisées chacune
par la ligne de séparation "solidaire-atomisé". La
longue Route 181 (15) empruntée par Michel Khleifi et Eyal Sivan se
termine avec l'interview de juifs d'origine marocaine qui regrettent
leur déplacement, la société et la paix qu'ils ont laissées
derrière eux. Nul besoin d'insister sur la manière dont la faille
traditionnaliste-moderniste traverse la société juive d'Israël
dans la figure des "sépharades" et des "ashkenazes",
jusqu'au point où les sépharades eux-mêmes se disent victimes du
racisme et d'ostracisme de la part des juifs d'origine européenne.
La violence de la politique du Likoud peut être lue pour partie
comme une affirmation forte des sépharades revendiquant leur légitimité
comme citoyens du pays, désireux de s'approprier l'idéologie
fondatrice du pays (qui n'est pas originellement la leur), en même
temps qu'elle exprime le besoin refoulé de vouloir se démarquer à
tout prix et par tous les moyens de ces musulmans d'origine qui leur
ressemblent tant.
Entre fascisme et co-existence, entre
fondamentalismes et démocratie, le documentaire creuse sa place
La caméra documentaire n'aime pas le fascisme et
les fascistes n'aiment pas la caméra documentaire. Je dis cela avec
tout le respect que je peux avoir envers les cinéastes que l'on
pourra opposer à cette thèse. Léni Riefenstahl était certes une
excellente cinématographe et monteuse, ses films ne sont pas plus
"documentaires" que la dernière réclame pour Panzani.
Certes Jean-Marie Lepen s'humanise (même si sa gouaillerie ne le
rend guère plus sympathique) sous la caméra d'un cinéaste qui le
regarde de près. Pour l'instant, aucun documentariste n'a pu
s'installer pour tourner librement un film direct sur le
fonctionnement du FN. Et, à mon avis, ce n'est pas pour demain.
Pourquoi ? Parce que ce que la caméra documentaire révèle,
c'est la singularité des gens, les différences, les dissonances et
la diversité des perspectives et des points de vue. Or le fascisme,
comme mouvement politique, si le mot à un sens, veut dire une
unification volontariste des pensées et des efforts, généralement
prenant comme cible d'autres êtres humains considérés comme inférieurs
à, ou indignes de concurrencer avec, le groupe mobilisé dans le
camp fasciste. C'est ce que révèlent les séquences tournées au
village du film Mabrouk-at-tahrir par Dalia Fathallah(16). Chez les
militants communistes, avec lesquels la cinéaste semble
sympathiser, il y a du discours et un dialogue. Avec les groupes
Hezbollah qui sont leurs concurrents directs, rien de tel, des
images du groupe, des cris de ralliement de masse et une grande méfiance.
Peut-être que le caractère féminin de l'équipe (réalisatrice,
opératrice) n'a pas plu aux groupes filmés. La caméra
documentaire cherche le dialogue. La caméra documentaire humanise
celui ou celle qu'il filme, nous met en proximité et dévoile par
l'enregistrement, le passage d'une multitude de signes conscients,
inconscients, tons, timbres de la voix, expressions et gestes,
l'infinie humanité de l'autre filmé. Donc la caméra documentaire
(et la personne qui la tient) a un penchant vers l'humanisme et le
dialogue. Entre cinéaste et personne filmée il y a tout de suite
dialogue. Avec le spectateur il y a déjà une tierce personne, un
auditeur convoqué, sollicité, donc, a minima un dialogue à trois.
Ne serait-il pas la condition minimale pour le fonctionnement de la
démocratie, un pouvoir, une opposition et un régisseur du jeu ?
Or l'échec des politiques basées sur le respect de l'humain, sur
le dialogue et la construction d'un consensus au-delà des clivages
nationaux, font que, de part et d'autre, les intolérances et les
fondamentalismes fascisants s'affermissent. Une des caractéristiques
du fondamentalisme fascisant est la négation de la subjectivité
comme porteuse de doute et d'interrogation. Une des caractéristiques
de la caméra documentaire dans ce conflit ces dernières années
est sa capacité d'inscrire une subjectivité de doute au milieu de
tant de certitudes excluantes du monde actuel. Dans son film Août,
Avi Mograbi (17) balade sa caméra entre divers groupes de citoyens
juifs d'Israël rencontrés au hasard de ses errances. Au bout de
peu de temps, souvent une minute à peine après le début de sa
prise, sa caméra est prise à part, on lui vocifère qu'il faut arrêter
de tourner, qu'il tourne forcément pour l'autre côté, qu'il n'a
qu'à foutre le camp. Le réalisateur, exaspéré à la fois par la
chaleur de l'été et l'énervement de ses concitoyens, se résoud
à construire un bon tiers de son film devant son propre miroir,
mimant et simulant les personnages clefs démarquant l'impossibilité
dans laquelle il se trouve de faire son film. Le film Local Angel d'Udi
Aloni a suscité une controverse dans la presse israélienne non pas
à cause de ses qualités, son indéniable complexité et richesse,
mais parce que le cinéaste ose demander à Yasser Arafat les
conditions dans lesquelles les Palestiniens pourraient pardonner aux
Juifs d'Israël le tort qu'ils leur ont causé. Dans Enquête
personnelle (18), comme son nom indique, la cinéaste Ula Tabari, se
met en scène, filmant le questionnement de sa propre éducation,
endoctrinement, aliénation idéologique en tant qu'enfant arabe
d'Israël. Elle filme les tentatives de mise en place d'une autre éducation
des enfants palestiniens d'Israël. Son enquête est personnelle
parce qu'elle revient sur la construction de sa propre personnalité,
sur les conditions dans lesquelles ses parents sont devenus israéliens
et leur manière de construire leur résistance personnelle et
mentale. Mais il s'agit aussi, et de manière très explicite dans
le film, de mettre en scène son processus d'interrogation et de
recherche. Le personnel est revendiqué y compris au sens le plus
littéral. Tabari promène sa personne, son corps à la fois sensuel
et drapé d'un noir de deuil, à travers les ruelles et les places
de Nazareth comme on brandirait un drapeau dans une manifestation.
Le cinéma, le documentaire, agissent depuis quelques années dans
ce bout de terre comme un acteur d'une démocratie possible. Il
interroge, cherche un espace de subjectivité qui tente de trouver
ce qui n'a pas encore été pensé. En exprimant une subjectivité
en acte, la caméra peut participer à une recherche qui se fait, et
cette recherche est forcément respectueuse de l'autre, prend en
compte la complexité de l'humain, tend à créer les conditions de
dialogue et d'échange. La caméra est un acteur démocratique dans
un terrain miné par la montée de fascismes excluants. Elle, comme
l'ensemble de l'espace démocratique en Palestine-Israël, est prise
entre les tenailles des mouvements idéologiques et mutuellement
excluants qui l'entourent. Mais en même temps, elle creuse, elle
cherche, elle n'abandonne pas, au contraire sa production s'enrichit
et s'approfondit, et pour cela, elle devient, et elle est, source
d'espoir. En nous interpellant, en interpellant leurs publics
partout où ils sont montrés, les films et les cinéastes dont nous
avons parlé dans ce numéro nous font participer à la recherche
d'une nouvelle configuration de la paix qui semble aujourd'hui
encore impossible.
Mais pour combien de temps encore... ?
(1) Israel's Population Bomb in Reverse, Phil
Brennan, NewsMax.com, samedi 19 octobre 2002. (2) Les gens de
Yanoun, Jean-Claude Perron, Catherine Shammes, Artis Vidéo, Ardèche,
2003. (3) Enquête sur Abraham, Abraham Segal, 1996, 102 minutes,
Production : 13 Production, INA, France 2, La Cinquième ;
disponible chez Montparnasse Vidéo. (4) Palestine, Palestine,
Dominique Dubosc, 2001, 76 minutes, Production : KINOfilm, Les
films d'ici ; disponible auprès de la Médiathèque des trois
mondes. (5) Eyal Sivan a consacré un film entier à ses discussions
avec Leibowitz : Itgaber, le triomphe sur soi, Eyal Sivan,
1993, 170 minutes, Production : Les films d'ici, Images et Cie ;
ainsi que des passages importants dans : Izkor, les esclaves de
la mémoire, Eyal Sivan, 1990, 97 minutes, Production : Ruben
Korenfeld ; les deux films sont disponibles chez Momento
Productions. (6) Le monde selon Bush, William Klein, en
collaboration avec Eric Laurent, Flach Film, France 2, 2003. (7) Il
suffit de réfléchir au récent esclandre entre Sharon et Chirac à
propos de la montée de l'antisémitisme en France et l'invitation
de Sharon aux juifs de France de venir chez lui. Le résultat de
cette provocation fut tout bénéfice pour Sharon. La France doit de
nouveau veiller à ce que sur le plan étranger, elle ne paraisse
pas comme trop pro-arabe. Elle reçoit de nouveau un rappel des épisodes
honteux de son passé. C'est elle qui doit montrer patte blanche
d'anti-racisme face à un homme qui, lui, devrait être jugé pour
crimes contre l'humanité (Sabra et Chatila, ne serait-ce que cet
incident-là) et qui dirige et revendique une politique de nettoyage
ethnique. (8) François-Xavier Verschave poursuit à travers des
livres et une association Survie un travail d'enquête et de dénonciation
approfondie du néocolonialisme français. (9) Mur, Simone Bitton,
Les films du paradoxe, 2004, voir aussi la transcription de la
rencontre à Lussas dans ce numéro. (10) The World Factbook, CIA,
site de référence pour les dernières informations géo-statistiques :
www.cia.gov/cia/publications/factbook
(11) Ecrivains des frontières, Samir Abdallah et José Reynès, L'Yeux
ouverts, 2003, (12) Makom avoda, Nurith Aviv, 1998, 81 minutes,
Production : Leora Kamenetzky, Christian Lelong. Cette cassette
est disponible sur le site web de Nurith Aviv. (13) Fantasy, Avi
Herkovitz et Sharon Hammou, 1999, 52 minutes, Production : les
réalisateurs. (14) Local Angel, Udi Aloni, 2002, 70 minutes,
Production : Local Angel LLC and Noga Communications Channel 8
Israel. (15) Route 181, Michel Khleifi et Eyal Sivan, Momento
Productions, 2004. (16) Mabrouk at-tahrir, Ealia Fathallah, 2002, 59
minutes, Production : INA, New TV, Images plus. (17) Août, Avi
Mograbi, Avi Mograbi Productions, Les films d'ici, 2001. (18) Enquête
personnelle, Ula Tabari, 2002, 85 minutes, production : ADR
Productions, Jacques Debs, ZDF Allemagne.
|