[le problème de la liaison terrestre entre Gaza et la Cisjordanie est
l'un des plus cruciaux parmi tous ceux qui vont se poser au lendemain du désengagement
israélien de Gaza. Pour faire le point, vous trouverez ci-dessous 1) une
information toute fraîche concernant un accord entre Israël et l'Autorité
palestinienne, et 2/ le résumé d'une étude de fond menée par un groupe
de travail israélo-palestinien qui permet de mettre cette information en
perspective. Au-delà de l'intérêt intrinsèque du sujet, on se rend
compte aussi que le désengagement va produire des bouleversements économiques,
géographiques et écologiques]
Le point sur la liaison terrestre
Gaza Cisjordanie
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
1/ l'info : accord israélo-palestinien
Ha'aretz, 5 juillet 2005
Accord israélo-palestinien sur une "liaison sécurisée" entre
Gaza et la Cisjordanie
Israël et l'Autorité palestinienne sont parvenus à un accord sur la création
d'une liaison terrestre entre la bande de Gaza et la Cisjordanie après le
désengagement.
Selon cet accord, dans un premier temps, les forces de sécurité israéliennes
escorteront les convois de véhicules palestiniens qui circuleront entre
les deux zones. Pour l'avenir, Israël a proposé une liaison ferroviaire.
Le problème de la liaison terrestre a constitué un contentieux depuis le
début des pourparlers israélo-palestiniens sur le désengagement.
Pendant plusieurs mois, les Palestiniens ont refusé de discuter du
retrait, préférant se concentrer sur la "liaison sécurisée"
entre Gaza et la Cisjordanie, promise dans le cadre des accords d'Oslo,
mais jamais mise en oeuvre.
Récemment, les deux parties se sont adressées au Quartette (Etats-Unis,
Russie, Union européenne et Nations Unies) et à la Banque mondiale, leur
demandant d'étudier des propositions et d'évaluer leurs coûts. James
Wolfensohn, représentant du Quartette sur le désengagement, a déclaré
récemment à Ha'aretz que des progrès importants avaient eu lieu dans
les
discussions israélo-palestiniennes sur les aspects civils et économiques
du désengagement.
La liaison ferroviaire relierait la zone industrielle d'Erez (à la frontière
Gaza-Israël) au checkpoint de Tarqumiyeh près de Hebron. La Banque
mondiale estime que cela coûterait 175 millions de $ et que la
construction durerait trois ans.
Elle a donc proposé qu'à la place soit construite une autoroute à
quatre voies "en dépression", dans une tranchée de 5 mètres
de profondeur, qui couperait Israël en deux. Cette tranchée serait
entourée d'une double clôture pour empêcher que des gens quittent
l'autoroute pour pénétrer en
territoire israélien, et que la circulation israélienne la traverse par
des ponts autoroutiers. La Banque mondiale estime que ce projet ne coûterait
que 130 millions de $ et qu'il serait moins cher à opérer.
2/ L'étude : résultat d'un groupe de travail israélo-palestinien :
l'IPCRI
http://www.ipcri.org
Israel/Palestine Center for Research and Information, 4 juillet 2005
La liaison Gaza - Cisjordanie Options et recommandations
1/ Objectifs de ce document
Les accords d'Oslo ont défini la bande de Gaza et la Cisjordanie comme
une seule entité territoriale. Le désengagement israélien de Gaza
requiert la conception d'un moyen de relier physiquement ces deux régions.
Cette liaison est essentielle pour la survie économique et pour le développement
de la bande de Gaza, et sur le plan politique, elle contribuera à
garantir que le
désengagement de Gaza ne sera pas suivi d'un désintérêt pour un accord
définitif concernant la Cisjordanie. Les besoins immédiats et les réalités
sur le terrain imposent de prendre des mesures rapides qui soient aisées
et d'un coût limité dans leur application. Ces mesures initiales ne
détermineront pas nécessairement la liaison finale entre les deux régions.
L'urgence est d'assurer une liberté de circulation relative des produits
entre Gaza et la Cisjordanie.
2/ Le contexte
Le groupe de travail israélo-palestinien sur l'économie composé de l'IPCRI
et de la fondation Konrad Adenauer s'est réuni pour étudier les options
et possibilités, à court et à long terme, d'une liaison Gaza
Cisjordanie après le désengagement israélien de Gaza. Le groupe a passé
en revue les principales solutions envisagées, et est parvenu à
plusieurs conclusions concernant ce qui doit être entrepris immédiatement
pour consolider une politique d'intégrité territoriale (entre Gaza et la
Cisjordanie).
Ci-après : sujets principaux ayant été abordés :
le problème de la souveraineté de la liaison
le problème de la sécurité
le problème des coûts
l'impact sur l'environnement
les délais nécessaires pour appliquer chacune des options
3/ Principales conclusions
Le problème de la souveraineté est un problème à régler dans le cadre
de futures négociations israélo-palestiniennes sur un règlement définitif,
et ne peut donc être traité convenablement dans les limites de cette étude,
qui se concentre sur le besoin immédiat d'assurer une liaison entre Gaza
et la Cisjordanie.
Tout tracé dédié qui serait à l'usage exclusif des Palestiniens, et
qui couperait à travers le territoire israélien verrait son
d'application retardée afin de surmonter les nombreux obstacles
juridiques dus aux restrictions israéliennes, à des considérations
politiques et aux objections des écologistes en Israël (sans parler des
objections qui seraient formulées par les services israéliens de sécurité).
Le besoin le plus pressant auquel répond la liaison est économique. Elle
doit apporter des solutions rapides pour que les produits puissent
circuler librement entre les deux territoires.
Le mouvement des personnes et des véhicules est plus complexe à cause
des problèmes sécuritaires et politiques, et il faudra davantage de
temps pour trouver des solutions adéquates acceptables par les deux
parties.
Une solution immédiate qui peut être appliquée rapidement ne sera pas nécessairement
celle qui sera conçue une fois que les négociations entre Israéliens et
Palestiniens seront entamées sur le sujet.
Si Gaza devient une zone économique séparée, détachée de la quasi
union douanière avec Israël (l'"enveloppe"), la circulation
des produits de Gaza vers la Cisjordanie nécessitera des postes de douane
au passage frontalier entre Gaza et Israël, même si la destination
finale des produits est la
Cisjordanie, car la Cisjordanie restera très probablement dans
l'"enveloppe douanière" avec Israël.
4/ Recommandation principale
Notre principale recommandation est qu'une liaison ferroviaire d'environ
1,5 km soit construite entre Erez et Zikim, qui reliera Gaza au système
ferroviaire israélien. Une fois sur le système israélien, les produits
pourront circuler vers [le port d']Ashdod, l'aéroport Ben Gourion et vers
d'autres endroits en Israël. Avec un minimum d'infrastructures supplémentaires,
la circulation vers d'autres points de Cisjordanie peut être facilement développée,
dont une connexion vers Tulkarem. La connexion la plus logique serait une
liaison ferroviaire supplémentaire entre Kiryat
Gat [en Israël] et Tarqumiyeh [en Cisjordanie], d'une distance de 25 km
environ. Ceci constitue le moyen le plus rapide et le moins coûteux
d'assurer la circulation des produits entre Gaza et la Cisjordanie.
Un point de contrôle de sécurité, capable de scanner des containers,
devrait être installée à Erez. Les containers seraient scellés et
chargés dans les trains à destination de la Cisjordanie.
A l'avenir, il serait possible d'étudier comment utiliser cette liaison
ferroviaire Gaza Cisjordanie pour transporter des personnes et des véhicules.
Une fois en place les connections ferroviaires, des trains dédiés
pourraient être placés sur les rails pour circuler directement entre
Gaza et la Cisjordanie, sans arrêt intermédiaire.
5/ Autres options de lien à moyen et long terme
Ces options comprennent les possibilités de liaison entre les
infrastructures de gaz, d'électricité et d'eau.
Autres options étudiées :
La "route en dépression" : à une profondeur de 5 à 10 m,
large de 100 m, à découvert. Durée minimum de construction : 3 ans. Coût
estimé : 150 millions de $. Solution soutenue par l'armée israélienne,
fortement combattue par les écologistes.
La "route surélevée" : durée de construction : 5-6
ans. Coût estimé : 1,250 millions de $. Les milieux politiques israéliens
y sont favorables, l'armée est contre, comme les écologistes. Implique
plusieurs difficultés d'ingénierie.
Le tunnel : durée de construction : 6-7 ans. Coût estimé : 1,250
millions de $. A la faveur des milieux politiques israéliens et
palestiniens, pas de l'armée israélienne, soutenu par les écologistes.
Implique plusieurs difficultés d'ingénierie.
La route en surface : durée de construction : 1-2 ans. Coût estimé :
100 millions de $. Rejetée par les politiques et les militaires israéliens,
non soutenue par les écologistes. Cette option est celle que les
Palestiniens préfèrent.
Toute combinaison entre les options ci-dessus demanderait des études
supplémentaires.
Source
: La Paix Maintenant
|
|