AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP |
|
|
||
Les
colons font monter la pression
Pierre Brabançay
" Les heurts orchestrés par l’extrême droite contre le
retrait de Gaza permettent à Sharon de masquer la poursuite de la
colonisation et de la construction du mur en Cisjordanie."
À quelques semaines du retrait prévu des soldats et des colons de la bande de Gaza, la situation se durcit en Israël. La police était ainsi sur le pied de guerre, hier, pour empêcher des extrémistes de droite (opposé au retrait) de bloquer la circulation sur les principales routes du pays. Une organisation baptisée Foyer national a annoncé son intention de bloquer plus d’une dizaine de routes principales en fin d’après-midi, à l’heure de pointe. Le mois dernier, ses militants avaient interrompu la circulation, envoyant des dizaines d’enfants et d’adolescents s’asseoir sur la chaussée derrière des pneus en flammes. Ariel Sharon a affirmé, durant une réunion du cabinet de sécurité, que « la police et les services de sécurité ont reçu ordre d’utiliser tous les moyens pour éviter que des routes soient bloquées ». De son côté, le conseiller juridique du gouvernement, Menahem Mazouz, a souligné que les autorités avaient durci leur politique vis-à-vis des « fauteurs de troubles ». Selon lui, près de 800 activistes ont été arrêtés ces dernières semaines et 45 d’entre eux sont encore détenus. Trois cents inculpations ont également été prononcées. Un des responsables de la campagne de protestation, Moshé Feiglin, membre de l’aile dure du Likoud, le parti de Sharon, a assuré que les manifestants « n’auraient pas recours à la violence. Ils se contenteront de s’asseoir sur les routes passivement ». Il a justifié ce genre d’actions en expliquant qu’elles visaient à empêcher une « opération de retrait démente qui va provoquer le meurtre de milliers d’Israéliens par des terroristes » après l’évacuation de Gaza. Un autre responsable de la police, le commissaire Yaakov Peleg, a révélé que des activistes d’extrême droite soupçonnés de vouloir endommager des lignes de téléphone, d’électricité et des conduites d’eau avaient été arrêtés ces derniers jours. Enfin, hier matin, des incidents se sont produits sur la route reliant Tel-Aviv à Jérusalem, où des clous ont été semés et de l’huile répandue sur la chaussée. Ces incidents, comme les heurts qui ont éclaté entre militaires et jeunes ultras qui se sont retranchés dans des habitations abandonnées dans le bloc de colonies de Goush Katif à Gaza, témoignent d’une certaine tension et, si l’on en croit les sondages, pourraient faire basculer le sentiment de la société israélienne, dont la rationalité est toujours remise en cause par la sécurité. Mais ce faisant, Ariel Sharon sait aussi qu’il fait oublier à la communauté internationale (qui ne se fait pas prier) la poursuite de la construction du mur pourtant jugé illégal par la Cour internationale de justice de La Haye, le développement des colonies en Cisjordanie, et le refus de mettre fin à l’occupation des territoires palestiniens pris en 1967. Le « quartet » (Union européenne, États-Unis, Russie, ONU) qui s’est réuni à Londres le 23 juin dernier, a ainsi redit « sa conviction que l’optimisme est actuellement de mise dans la quête de la paix au Moyen-Orient », sans un mot sur le mur, sans un mot sur la poursuite des arrestations et des assassinats ciblés dans les territoires. En revanche, le « quartet » souligne que « les Palestiniens doivent régler le problème de la violence et de la terreur pour permettre l’essor de la vie économique et politique ». La France n’a rien trouvé à redire à un tel texte. Il est vrai que Jacques Chirac croit important de recevoir Ariel Sharon à la fin du mois de juillet ! De nombreuses associations ont déjà dénoncé cette visite. Comme l’Association France Palestine solidarité (AFPS) qui y voit « un chèque en blanc de Paris à la colonisation et au mur illégal israéliens en Palestine ».
Pierre Brabançay
30 juin 2005 - http://www.humanite.fr/journal/2005...
|
||
Avertissement |
Retour Ressources - Débat - Communiques - Accueil