AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP |
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Aujourd’hui ,1,4 milliard d ’individus à travers le monde n ’a pas d ’accès à l ’eau potable. Avec la pollution galopante et l ’augmentation de la population mondiale, la pénurie devrait toucher un humain sur quatre d ’ici 2050. Pour beaucoup d ’observateurs, l ’eau sera le principal enjeu des conflits du XXI e siècle. Le raz de marée du 26 décembre dernier qui a fait, selon le bilan le plus récent, environ 280 000 morts en Asie du Sud-est, nous l ’a cruellement rappelé : si l ’eau est bien source de vie pour tous les hommes, elle est souvent aussi source de mort. Car au-delà de la catastrophe ponctuelle qu ’est le tsunami, les populations doivent faire face à une urgence moins spectaculaire mais toute aussi primordiale : l ’approvisionnement en eau potable. Et dans un pays comme l ’Indonésie où la guérilla contrôle en partie la province d ’Aceh au nord-est de Sumatra, la question devient stratégique. De nombreux pays à travers le monde connaissent des situations de ce genre. Dans un conflit, celui qui contrôle l ’eau détient les clés de la victoire, ça n ’est pas nouveau. Ce qui l ’est beaucoup plus, c ’est que l a menace de pénurie d ’eau potable sur la planète devient critique et les experts tirent la sonnette d ’alarme. Beaucoup estiment que l ’eau devrait devenir une des causes principales des grands conflits du XXIe siècle. L ’homme dont la masse corporelle est composée à 60-70 % d ’eau ne peut rester que très peu de jours sans boire. La ressource est omniprésente sur la terre mais essentiellement sous forme salée (97 %du total). Sur les 3 % restants, les lacs, rivières, les sources ne représentent que 0,26 à 0,14 %...Cela peut paraître peu mais c ’est en réalité largement suffisant, du moins pour l ’instant car la surpopulation guette. De plus, la pollution et une mauvaise répartition des ressources aggravent la situation. Un constat inquiétant L ’eau est donc en quantité finie sur la planète ce qui n ’est pas le cas de la population mondiale en constante augmentation. Dans les années 1930,l ’humanité comptait environ deux milliards d ’individus, aujourd’hui nous sommes six milliards et pourrions atteindre 8,5 milliards d ’ici à 2025. Plus nous serons nombreux, plus il faudra partager. Aujourd’hui,1,4 milliard d ’êtres humains n ’a pas accès à l ’eau potable. Une personne sur quatre dans le monde connaîtra le même problème d ’ici à 2050 si rien n ’est fait. Et la surpopulation est loin d ’être seule responsable de cette situation. Depuis les débuts de l ’ère industrielle, la pollution fait des ravages. Dans les pays pauvres, les populations boivent souvent de l ’eau contaminée par des parasites, des bactéries et autres virus qui provoquent de nombreuses maladies. Ces pathologies hydriques provoquent la mort de 6 000 personnes par jour. Pour exemple, le paludisme tue à lui seul entre 300 et 500 millions de gens par an, essentiellement en Afrique noire. L ’accès à une eau saine est aussi rendu difficile par l’inégale répartition des ressources sur la terre. Le continent le mieux doté en eau douce se trouve être l ’Antarctique mais personne ou presque n ’y habite. L ’Inde quant à elle reçoit suffisamment d ’eau mais répartie sur les quatre mois de la mousson. L ’Asie où réside 60 %de l ’humanité ne dispose que 36 %des ressources et le continent américain possède 15 %des ressources en eau du globe pour 8 %de la population mondiale. Un moyen de domination L’eau est si précieuse, si nécessaire pour l’homme, qu’elle se révèle être l’arme idéale pour qui souhaite contraindre. De tout temps, le précieux liquide a été utilisé dans ce but et aujourd’hui plus que jamais. Ainsi au Mexique en 2000, à l ’occasion des élections présidentielles, l ’antenne locale du pouvoir en place n ’hésite pas, dans la ville de Chimalhuacan, à faire couper l ’eau à tel ou tel quartier pour contraindre ses habitants à « bien » voter. Autre exemple, au Botswana où le gouvernement a réussi à chasser la tribu des Bochimans de leurs terres en cessant tout simplement de l es approvisionner en eau potable. Officiellement, il s’agit de les intégrer dans le monde moderne mais d'autres dénoncent une manœuvre pour s’approprier leurs terres. Le précieux liquide est évidemment aussi l’objet de frictions entre États. Quand un fleuve traverse plusieurs pays, il devient un enjeu stratégique de sécurité nationale. Dans l ’Europe des années soixante-dix et quatre-vingt, le Rhin a été l’objet de tensions diplomatiques entre la France et les Pays-Bas. Le fleuve traverse les deux pays ainsi que l ’Allemagne et prend sa source en Suisse. Il se chargeait à cette époque de tous les rejets industriels des pays en question et les Néerlandais en aval se retrouvaient noyés sous les déchets toxiques. Un accord est signé en 1976 entre toutes les parties mais le parlement français tarde à ratifier le traité. Après bien des négociations et des millions versés par les Hollandais, le Rhin a pu recouvrer des eaux de qualité. En Amérique du Nord,la question de l ’eau détériore les relations entre les Etats-Unis et le Mexique. En vert u d’un traité de 1944, les premiers doivent assurer un certain débit du Colorado aux seconds qui, en échange, font de même avec le Rio Grande. Le problème c’est qu’après plusieurs années de sécheresse, les Mexicains n ’ont pu honorer leur engagement et se retrouvent avec une dette d ’environ un milliard de mètres cube envers leur puissant voisin du Nord. En décembre 2003, Colin Powell,alors ministre des Affaires Étrangères avait même menacé de limiter le débit du Colorado privant d ’eau la population de deux villes mexicaines : Tijuana et Mexicali. Trois cent zones de conflits potentiels Au Proche-Orient ,l’eau est au cœur des relations parfois très
tendues entre la Turquie, la Syrie et l’Irak. Les deux dernier pays sont
en effet dépendants du premier pour leur approvisionnement en eau. La
Turquie, où le Tigre et l’Euphrate prennent leur source, est le « château
d’eau » de la région. Le problème pour la Syrie et l ’Irak c’est
que la Turquie a lancé en 1989 un grand programme de développement du
Kurdistan visant à limiter les ardeurs indépendantistes dans cette région
grande comme deux fois la Belgique. Il faut donc beaucoup d’eau, pour
rendre les terres cultivables notamment. Le premier barrage construit, sur
les 22 à venir d’ici à 2010, c ’est celui d ’Atatürk haut de 457
mètres et qui retient un lac grand comme deux fois le Léman. En 1991,les
Turcs profitent de la guerre du Golfe pour le mettre en eau, provoquant un
assèchement de l’Euphrate. Quand la Syrie avait provoqué l’assèchement
du même fleuve dans les années soixante-dix en mettant en service le
barrage Tabka sur le lac Assad, les Irakiens avait aussitôt massé des
troupes à la frontière. Et la guerre n ’avait été évitée que par
une médiation diplomatique soudanaise. Cette fois, le contexte est
favorable à Ankara. Depuis ce rationnement et en représailles, la Syrie
et l’Irak (avant l ’occupation américaine soutiennent les rebelles
kurdes de Turquie. En tout cas ces deux pays ne pourront pas toujours
supporter cette situation. La présence américaine en Irak devrait
changer la donne. Selon l’ONU, il existe environ 300 zones de conflits
potentiels à travers le monde dont l ’enjeu est l ’eau. En Afrique,
le Nil est le principal sujet de discorde entre l’Egypte, l ’Ethiopie
et le Soudan. Scénario identique entre la Mauritanie et le Sénégal qui
se disputent les eaux du fleuve Sénégal. Dans le Caucase, l’Amou-Daria
et le Syr-Daria sont sources de discorde entre l ’Ouzbékistan, le
Kazakhstan et le Tadjikistan. Les tensions sont vives aussi au Pakistan,
en Inde, en Malaisie ou en Bolivie où des émeutes éclatent pour l’accès
à l ’eau. On sait de quoi l’homme est capable pour l’or noir ou
jaune, on peut donc s’inquiéter de ce qu’il fera pour l’or bleu,
qui contrairement aux autres, est vital.
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