Le 19 octobre dernier, Jean-Christophe RUFIN, écrivain, médecin et responsable d’ONG a remis au Ministre de l’Intérieur, un rapport intitulé « Chantier sur la lutte contre le racisme et l’antisémitisme ».

Depuis, ce rapport est abondamment utilisé et « trône » sur les sites internet du ministère de l’intérieur et du premier ministre.

Ce rapport aurait pu être une contribution utile au combat contre tous les racismes (tant à l’égard des juifs, des arabes, des africains...). Mais hélas ce rapport est surtout une insulte et une mise en cause inacceptable de tous ceux qui luttent pour les droits de l’Homme en Palestine.

Qu’écrit monsieur Rufin ?

Au chapitre de la lutte contre l’antisémitisme, après les lignes consacrées à l’extrême droite et aux terroristes (expédiées rapidement), il existerait une catégorie particulièrement pernicieuse :

« (celle) des facilitateurs, qui par leurs opinions - ou leur silence - légitiment les passages à l’acte - tout en se gardant bien de les commettre eux-mêmes. C’est ce que l’on peut appeler l’antisémitisme par procuration. » (p.15).

Qui sont ces facilitateurs d’après monsieur Rufin ? (p. 25) « Les facilitateurs : l’antisémitisme par procuration. ...La nouveauté est que ces préjugés n’ont plus à s’exprimer directement par des propos, des écrits ou des actes. Il suffit de laisser agir les jeunes irresponsables des banlieues difficiles... Ainsi peut-on définir un « antisémitisme par procuration ». Il est le fait de personnes qui ne se rendront elles-mêmes coupables d’aucune exaction, qui ne manipuleront pas directement des auteurs de passage à l’acte, ne les inciteront pas ouvertement à agir mais dont pourtant les opinions, les propos et quelquefois simplement le silence viendront à l’appui de ces violences. ... »

(p.27) «  Lutter contre « l’esprit de Durban » Parmi toutes les formes, subtiles, d’antisémitisme par procuration, il en est une qui doit être particulièrement distinguée car elle émerge depuis quelques années comme forme de discours dominant : c’est l’antisionisme radical. Cet antisionisme revêt différentes formes d’expression qui servent d’écran les unes aux autres et contribuent à le banaliser. Sans entrer dans une analyse détaillée de ces courants, notons que, pour l’essentiel, cet antisionisme moderne est né au confluent des luttes anticoloniales, anti-mondialisation, anti-racistes, tiers-mondistes et écologistes. Il est fortement représenté au sein d’une mouvance d’extrême gauche alter-mondialiste et verte. »

« Dans cette représentation du monde, Israël, assimilé aux Etats-Unis et à la mondialisation libérale, est présenté comme un Etat colonial et raciste qui opprime sans fondement un peuple innocent du Tiers-monde. La conférence de Durban, sous l’égide des Nations-Unies, qui s’est tenue trois jours avant le 11 septembre 2001, a donné lieu à la plus violente mise en scène de cet antisionisme antiraciste. Il ne prend cependant pas toujours cette forme extrémiste. En mettant l’accent sur la dénonciation de « la politique de Sharon » et en se recommandant de certaines voix juives dissidentes, il se donne des cautions de respectabilité et entend suggérer qu’il n’est pas assimilable à un antisémitisme. »

« ...Lorsque des militants de la confédération paysanne passent de l’action violente ici à des opérations de soutien à la direction du Fatah là-bas, le mécanisme d’identification à la cause palestinienne des jeunes en déshérence tourne à plein, d’autant plus s’ils sont d’origine arabe et/ou de confession musulmane »

« ...Les accusations de racisme, d’apartheid, (...) portent des implications morales extrêmement graves. Elles ont, dans la situation où nous nous trouvons aujourd’hui, des conséquences majeures qui peuvent, par contagion, mettre en danger la vie de nos concitoyens juifs. Il est légitime d’imposer par le droit qu’elles ne soient pas portées à la légère. C’est pourquoi nous invitons à réfléchir sur l’opportunité et l’applicabilité d’un texte de loi (...) Ce texte permettrait de punir ceux qui porteraient sans fondement à l’encontre de groupes, d’institutions ou d’Etats des accusations de racisme et utiliseraient à leur propos des comparaisons injustifiées avec l’apartheid (...) Une telle accusation n’est pas seulement une diffamation ; c’est, dans le contexte mondial d’aujourd’hui, une véritable incitation à la violence, un trouble à l’ordre public et un préjudice grave pour ceux qui peuvent être concernés.... »

Faire taire toute critique de l’Etat d’Israël

Ainsi donc voilà dénoncés dans un rapport officiel des gens qui s’avanceraient masqués. Il est vrai que cette « dénonciation » vient après les efforts désespérés de messieurs Taguief, Finkelkraut... pour qui, toute critique de l’Etat d’Israël n’est que l’expression d’un vieil antisémitisme des français. La nouveauté est que ces propos sont tenus dans une tribune officielle, pas moins qu’un rapport.

L’objectif à peine dissimulé : faire taire toute critique, tenter de marginaliser et diaboliser les mouvements de soutien au peuple Palestinien. Ainsi l’accusation d’antisémitisme est-elle l’arme de dissuasion massive.

L’ambassadeur d’Israël en France ne déclarait-il pas au Progrès le 14 Mars 2003, qu’il existe 3 types de courants antisémites, l’un d’extrême droite, l’autre de la communauté maghrébine et le troisième qui vient de l’extrême gauche, le plus dangereux selon lui.

N’a-t-on pas vu Monsieur Cukierman, représentant du CRIF, s’en prendre à une soit-disante alliance « rouge, verte, brune ».... N’a-t-on pas vu nos amis du collectif « Palestine 33 » être traînés devant les tribunaux dans le cadre de leur campagne pour le boycott des produits israéliens. A cette occasion a eu lieu une tentative d’inculpation au titre d’incitation à la haine racial ! et ce dans la droite ligne du rapport Rufin

Pourtant ces tentatives montrent en quoi les thuriféraires de monsieur Sharon sentent bien que les choses leur échappent, car de plus en plus de français et d’européens ont conscience de l’incroyable violence et déni de justice dont est victime le peuple Palestinien.

Chacun comprend qu’il y a deux poids et deux mesures entre l’occupant Israélien et l’occupé Palestinien. Le règlement du conflit et la justice pour les palestiniens sont une condition et un symbole fort indiquant que la planète Terre peut mieux tourner.

La lutte contre tous les racismes (antijuif, antiarabe...) aurait mieux à gagner à ne pas mélanger les genres. Il nous parait déterminant de ne pas permettre l’équation : juifs = Etat d’Israël = défenseurs de la politique de monsieur Sharon. Car nous savons qu’il existe en Israël et en France de nombreux citoyens juifs qui s’opposent à la politique israélienne de violence et d’Apartheid.

Heureusement qu’il est des justes qui luttent pour les droits de l’Homme et du citoyen quelque soit les lieux et les circonstances. Il est singulier d’être traités d’antisémites lorsque nous défendons les droits humains à l’instar de ce que les citoyens du Monde ont fait ou font au moment des guerres et des occupations (Vietnam, Afrique du Sud, guerre d’Algérie, Tchétchénie, Afrique, Tibet...)

Réagir

C’est pourquoi nous n’entendons pas nous laisser insulter et mettre en cause notre honneur et nos combats. L’antisémitisme est un crime. Nous ne pouvons accepter l’utilisation par monsieur Rufin des agressions dont sont victimes les personnes de confession juive afin de faire taire les opposants à la politique de l’Etat d’Israël.

C’est pourquoi nous avons déposé plainte pour diffamation publique. Il y aura un débat juridique quant à savoir si nous sommes directement mis en cause. Pourtant le « portrait » que dresse monsieur Rufin dans ses pages 25 et 27 est bien le portrait de nombreux défenseurs de la cause Palestinienne... l’antisémitisme en moins.

Nous avons l’intention de poursuivre le combat pour les droits de l’Homme en Palestine quelques soient les pressions et manipulations.

Collectif 69 de soutien au Peuple Palestinien

c/o Maison du Peuple. 147, avenue du Général Frère. 69 008 LYON

courriel : palestine69@wanadoo.fr

site Internet : http://collectif69palestine.free.fr