Journée de la terre : l'importance de la terre
30 Mars Journée de la terre la 29ème commémoration (1976-2005)
Nabil Mahmoud Sahly, chercheur (Syrie)
Au centre palestinien des statistiques
L’importance de la terre dans le
conflit arabo-sioniste
Depuis le premier congrès sioniste à Bâle (Suisse) en 1897, il est
clairement apparu que les terres de la Palestine et l’expulsion de ses
habitants étaient le but final du mouvement sioniste pour fonder un Etat
juif, avec le moins possibles d’Arabes. Selon ces orientations, le
mouvement sioniste a réussi, en alliance avec les grandes
puissances, et notamment la Grande-Bretagne qui exerçait un mandat sur la
Palestine (1922-1948), de fonder l’Etat convoité le 15 mai 1948 sur
20.000 kms2 des terres palestiniennes, qui représentent 74% de sa
superficie totale, 27.009 km2. Les groupes terroristes sionistes, la
Haganah, Stern, Irgoun sont parvenus à expulser 850.000 Palestiniens, qui
sont devenus des réfugiés en Jordanie, Syrie et Liban , en Cisjordanie
et la bande de Gaza. Ces réfugiés représentent 57% de l’ensemble du
peuple palestinien en 1948, qui était estimé à 1,5 millions de
personnes. De ce côté de la ligne verte, sont restés environ 151.000
Palestiniens, la plupart vivant en Galilée et dans le Naqab, au sud de la
Palesitne. En 2005, ils sont devenus 1million 200.000 Palestiniens.
Depuis 1948, cette « minorité » demeurée sur sa terre a été le
centre d’intérêt des décideurs de l’Etat juif, son développement
naturel devenant le cauchemar des stratèges israéliens.
A partir de là, les gouvernements israéliens successifs entre 1948 et
2005 ont fait de la vie de ces Palestiniens sur leur terre un enfer, en
imposant des réalités sur le terrain empêchant les Palestiniens de
construire et de se développer géographiquement. Des terres arabes ont
été confisquées pour fonder encore plus de colonies, en faisant appel
aux Juifs du monde, qui sont passés de 650.000 en 1948 à 5 millions et
400.000 en 2005. Avec l’augmentation du nombre de Juifs en Palestine, la
confiscation et la judaïsation des terres vont s’accélérer.
En 1976, les autorités israéliennes annoncent la confiscation de 21.000
dunums en Galilée. Les protestations des masses arabes à Sakhnine,
Arraba, Kafar Kanna, s’étendent pour culminer avec la Journée de la
terre, le 30 mars 1976. Les conséquences furent la mort de 6 martyrs dans
les affrontements avec l’armée israélienne, les martyrs étant : Khayr
Yassine, de Arraba, Khadija Shawahne, de Sakhnine, Muhsin Taha, de Kfar
Kanna, Raja Abu Raya, de Sakhnine, Khadr Khalayla, de Sakhnine, Ra’fat
Zuhayri, du camp Nour Shams en Cisjordanie, martyr à Taybé, et plus de
300 blessés.
Depuis 1976, la journée de la terre est devenue une journée nationale
dans la vie du peuple palestinien, qui se trouve en Palestine ou dans les
différents lieux de refuge. A cette occasion, des mouvements populaires
affirment l’unité du peuple palestinien, son droit à sa terre malgré
la cruauté de l’invasion colonisatrice israélienne qui a pris la terre
des ses aïeux pour en faire de denses îlots coloniaux.
29 ans après la journée de la terre, les tentatives de confiscation et
de judaïsation sont à leur point culminant. Une grande partie des terres
à l’intérieur de la ligne verte a été arrachée. Alors qu’ils représentent
entre 18 et 20% de la population à l’intérieur de l’Etat sioniste,
ils ne possèdent cependant que 3% de la terre. Les Palestiniens sont
interdits d’acheter ou de louer 75% des terres. C’est évidemment la
nature démocratique de l’Etat d’Israël qui considère les Juifs
comme son outil humain et les Arabes sur leur terre comme des individus à
écarter de la vie sociale, économique et politique.
Pour renforcer son pouvoir sur les terres palestiniennes, les autorités
israéliennes ont émis au début des années 50 plusieurs lois israéliennes
qui permettent à tout juif dans le monde de venir dans l’Etat avec «
la loi du retour », de dominer les terres des réfugiés avec la loi des
absents. Dans ce cadre, nous pouvons indiquer que le mouvement sioniste a
réussi à donner possession aux Juifs de 1 million 682.000 dunums de la
superficie de la Palestine avant mai 1948, soit 6,2% de la superficie de
la Palestine qui est de 27.000.000 dunums, et qui représente en même
temps 8 ,3% de la superficie sur laquelle a été installé l’Etat
sioniste, alors que les Palestiniens à l’intérieur de cet Etat créé
en 1948 possédaient 1.465.000 dunums représentant 5,4% de la superficie
de la Palestine et 7 ,2% de la superficie sur laquelle a été fondé l’Etat
juif, qui est de 20.325.000 dunums.
Quant aux terres des Palestiniens qui ont été expulsés de chez eux en
1948, elles représentent 17 millions et 178.000 dunums, soit 63,6% de la
superficie de la Palestine, ou 84,5% de la superficie de l’Etat
sioniste. Ce pourcentage représente la propriété des réfugiés
palestiniens chassés de leurs terres en 48. L’ensemble des réfugiés
s’élève en 2005 à 4 millions et demi, et représente presque 50% du
peuple palestinien, estimé à 9 millions en 2005.
Israël ne s’est pas arrêté aux frontières qu’il s’est fixées en
1948, mais il a élargi son expansion dans les profondeurs des terres
arabes occupées en 1967 et 1978.
Après une occupation de plusieurs décennies des territoires de la
Cisjordanie et de la bande de Gaza, les autorités israéliennes ont
confisqué près de 60% de la superficie de la Cisjordanie y compris
al-Quds, estimé à 5800 kms2, comme elles ont confisqué 40% de la bande
de Gaza, estimé à 365 kms2. Elles ont parsemé près de 190 colonies,
170 d’entre elles en Cisjordanie avec 275.000 colons, ainsi que 190.000
colons dans plusieurs quartiers autour ou à l’intérieur d’al-Quds.
Il y a actuellement une invasion colonisatrice organisée afin de relier
les colonies par des routes de contournement afin d’isoler les villes et
villages palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, pour empêcher
leur continuité géographique et démographique.
Le rythme de la colonisation s’est accentué après les accords d’Oslo
le 13 septembre 1993 et depuis cette date, l’activité colonisatrice ne
s’est pas arrêtée que ce soit sous les gouvernements des travaillistes
ou du Likoud, après les négociations à Madrid avec les parties arabes
(1991-2005). Des parties importantes du budget ont été réservées à
l’activité colonisatrice surtout dans la région d’al-Quds, et on
constate qu’aucun quotidien israélien ne manque chaque jour de citer
une information relative à la colonisation en Cisjordanie, dans la bande
de Gaza et dans le Golan. En juillet 2003, il a été annoncé le début
d’un projet de construction du mur de la séparation qui avalerait plus
de la moitié de la superficie de la Cisjordanie et qui confisquerait les
sources d’eau palesitniennes au profit des colonies. Des déclarations
sionistes confirment, mais aussi l’attachement d es Palestiniens à
leurs terres, que les terres de la Palestine vont continuer à être
l’axe d’un conflit ouvert, malgré tous les accords passés ou à
venir, et malgré les déclarations israéliennes sur leur prochain
retrait de la bande de Gaza.
--- Les terres de la Palestine (1948-2005)
Comme nous l’avons exposé, la superficie de la Palestine est
d’environ 27.009 kms.
L’administration britannique mandataire avait divisé la Palestine, dès
juillet 1939, en six provinces qui sont :
La province de la Galilée, qui est située au nord de la Palestine, près
des forntières avec le Liban, et dont la principale ville est Nazareth.
Cette province a été divisée en 5 départements qui sont : Akka, Bisan,
Nazareth, Safad et Tabaraya. Le nombre d’habitants de la province s’élevait
en 1945 à 231.000 Palestiniens vivant sur une superficie de 2.801.383
dunums, soit 10,4% de l’ensemble de la Palestine.
La province de Haïfa, dont le centre est la ville de Haïfa, et dont la
superficie est de 1.031.755 dunums, représentant 3 ;8% de la superficie
de la Palestine, et habitée en 1945 par 242.630 habitants.
La province de Naplouse, dont le centre est Naplouse, formée de trois départements,
qui sont Naplouse, Tulkarm et Jénine, avec une superficie de 3.L262.292
dunums, représentant 12,1% de la superficie de la Palestine. Les
habitants de la province s’élevaient en 1945 à 232.220 habitants.
La province d’al-Quds, qui est au centre de la Palestine, avec al-Quds
pour principale ville, et constituée de trois départements, qui sont
al-Quds, duquel dépendent les villes de Bethlehem et Ariha, al-Khalil et
Ramallah. Sa superficie est de 4.333.534 dunums, soit 16% de la superficie
de la Palestine, avec 384.880 habitants.
La province d’al-Lid, avec Yafa pour ville principale, composée des départements
de Yafa et Ramleh, la plupart de ses terres sont des plaines côtières,
avec une superficie de 1.205.558 dunums, soit environ 4,5% de la
Palestine, et habitée en 1948 par 501.070 habitants.
La province de Gaza, qui se situe au sud de la Palestine, composée de la
plaine côtière et de la région du Naqab, qui représente à elle seule
la moitié de la superficie de la Palestine. Le centre de la province est
la ville de Gaza, et elle est composée des deux départements, Gaza et
Beer Saba’, avec 13.688.501 dunums soit 50,7% de la superficie de la
Palestine, avec 190.880 habitants, la densité humaine en 1945 était de
14 habitants par kms.
De l’ensemble de la superficie de la Palestine, avec une superficie de
27.009 kms, 17% représentent les plaines avec la plus importante, celle
de Marj Ibn ‘Amer, alors que le Naqab représente 50%, la région
montagneuse représente 28% et les vallées d’al-Ghor 5%.
Après la création de l’Etat d’Israël en 1948, les services
sionistes ont partagé la région sur laquelle l’Etta a été fondé en
trois régions principales : 1 - Le nord, avec Safad, Tabaraya, Merj
Ibn ‘Amer, la région de Haïfa, qui comprend Haïfa et al-Khudayra, 2
– la région centrale avec Lid, Ramleh, et la région du sud avec
Ascalan, Beer Saba’ et Aylat.
Concernant la répartition des juifs à l’intérieur de l’Etat
sioniste, les données indiquent que sur les 5 millions 400.000 juifs présents
dans l’Etat, 78% d’entre eux se concentrent sur 15% de la superficie
totale sur laquelle a été construit l’Etat, alors que 22% se répartissent
que les 85% qui restent. Les villes de développement ont attiré la plus
grande partie d’entre eux. 2,7% des juifs de l’Etat sioniste occupent
en 2005 les 17.325.000 dunums que possédent les réfugiés palestiniens
expulsés en 1948. En Cisjordanie et dans la bande de Gaza, occupées en
196 par l’armée israélienne, les autorités ont construit 190 colonies
sur 500 kms2, soit 8,3% de la superficie de la Cisjordanie et de la bande
de Gaza, qui est de 6000 kms2, et qui représente 22,2% de la superficie
de la Palestine historique. Rappelons que la superficie de la bande de
Gaza est de 365 kms2 qui représente nt 6% de la superficie de la
Cisjordanie et Gaza, et 1,4% de la superficie de la Palestine.
Les accords d’Oslo signés entre l’autorité palestiniennes et l’Etat
d’Israël ont permis l’installation d’un pouvoir palestinien,
administratif et sécuritaire, jusqu’à la veille de l’Intifada
al-Aqsa, le 28 septembre 2000, sur ce qui s’appelle la zone A, qui représente
12% de la Cisjordanie, et bien évidemment, après avoir écarté la
superficie d’al-Quds qui est arrivée, après les multiples élargissements,
à 25% de la superficie de la Cisjordanie. Le pourcentage de superficie
sur laquelle l’autorité palestinienne avait assis son pouvoir est arrivé
à 18,1%, alors que la superficie de la zone B, qui est sous contrôle
commun, administratif palestinien et sécuritaire israélien, était de
24%, pendant que la zone C, soit 57,9% de la superficie de la Cisjordanie,
sans compter al-Quds, était sous domination israélienne jusqu’au déclenchement
de l’Intifada al-Aqsa, en septembre 2000, lorsque l’armée israélienne
a ré-occupé l’ensemble des terres palestiniennes sur lesquelles les
Palestiniens avaient installé leur direction, soit sécuritaire soit
administrative.
Il est important de signaler que la superficie des terres qui sont passés
sous contrôle palestinien, jusqu’en septembre 2000 (A+B), qu’il soit
administratif ou sécuritaire, était de 42,1% de la superficie de la
Cisjordanie, sans al-Quds, soit environ 1832 kms2 dont 787,4 kms2 sous
contrôle palestinien, sécuritaire et administratif.
Traduction Centre d'Information sur la Résistance en Palestine
Source
: Palestine en Marche
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