Puisque le gouvernement israélien refuse de façon flagrante de
respecter la décision de la Cour Internationale de Justice, la loi
internationale autorise l’usage de sanctions pour forcer Israël
à se conformer aux résolutions des Nations Unies et des traités
sur les droits de l’homme.
Des sanctions sont des moyens puissants et non violents pour faire
en sorte que le gouvernement israélien respecte la loi
internationale et en finisse avec ses épouvantables violations des
droits de l’homme dans les territoires occupés.
L’assassinat de l’ancien premier ministre libanais Rafik Hariri
a provoqué une explosion du «pouvoir populaire» dans les rues de
Beyrouth, au cours de laquelle des centaines de milliers de citoyens
libanais ont appelé à la fin de l’occupation de leur territoire
par la Syrie.
Ces appels ont été célébrés et applaudis dans différentes
capitales mais nulle part plus qu’à Washington.
Pourtant il y a une autre région, au Proche Orient, où le combat
pour mettre fin à l’occupation n’a rapporté aux autochtones
que mort et destruction.
Depuis des décennies, Israël écrase les 3,5 millions de
Palestiniens qui vivent sous occupation militaire, une domination
qui les force à se soumettre tandis qu’on les dépouille de leur
droits civils et de leur terre.
En tant que Juif engagé dans le combat pour la paix en Israël et
chez nos voisins, j’ai été choqué et écoeuré par la récente
attaque terroriste à Tel Aviv qui a enlevé la vie à des Juifs
innocents.
De pareilles actions terroristes ont fait la une des journaux et ont
été condamnés à juste titre par la communauté internationale.
Mais les attaques mortelles des Israéliens contre les civils
palestiniens n’ont pas reçu l’attention particulière de la
presse occidentale ni conduit à une action internationale
pertinente et décisive.
Pendant des décennies l’armée israélienne, équipée des armes
et de la technologie américaines, a tué, mutilé, battu et torturé
des dizaines de milliers de civils Palestiniens. Evidemment, aux
yeux de l’occident, le pouvoir populaire des Palestiniens ne
compte pas.
De 1986 à 1991, j’ai été soldat de l’armée israélienne dans
les territoires occupés. Au cours de cette période, j’ai été
choqué et écoeuré des ordres que mes camarades et moi recevions
en permanence contre les civils Palestiniens.
Pour écraser leur soulèvement pour leur indépendance et pour le
droit à un Etat, on nous ordonnait de les brutaliser.
Dans une de nos bases militaires en Cisjordanie, il y avait une pièce
mystérieuse.
Tous les jours nous voyions qu’on y conduisait des Palestiniens.
Deux jours plus tard, nos commandants faisaient sortir les
Palestiniens, noirs et bleus d’ecchymoses et le visage enflé.
Ils ressemblaient à des sacs de pommes de terre plus qu’à des êtres
humains.
Plus tard, nous avons compris que cette pièce était une chambre de
torture.
Certains jours, nous pouvions entendre des cris provenant de cette
pièce. Ce fut une expérience insupportable.
Pourtant, nous avons continué à participer à l’occupation parce
que les politiciens israéliens nous avaient persuadés que nous étions
en plein «processus de paix».
Ils étaient tellement convaincants dans leurs cours sur «comment
Israël est le seul à vouloir la paix» que nous étions aveugles
à cette réalité qui était que l’Etat oppresse sauvagement,
soumet et déshumanise le peuple Palestinien.
Comme beaucoup d’Israéliens le comprennent aujourd’hui, quand
les gouvernements israéliens parlaient de processus de paix pendant
la période d’Oslo, ils dupaient le monde.
Israël a continué à coloniser la Cisjordanie et Gaza avec ses
colonies pour Juifs seulement tout en consolidant son impitoyable
pouvoir militaire sur les Palestiniens.
C’est tout aussi vrai aujourd’hui avec le plan de «Retrait» de
Sharon que la propagande israélienne vend comme "des
concessions difficiles" pour la paix.
Beaucoup d’entre nous qui vivons en Israël et allons ou
servons dans les territoires occupés comprennent la vérité : Israël
continue d’intensifier sa loi militaire en Cisjordanie pendant
qu’il vole encore plus de terre palestinienne et construit encore
plus de colonies illégales pour juifs seulement.
Pendant des années, l’argent des contribuables américains a
financé l’occupation, les chambres de torture, l’appareil
militaire, les bulldozers utilisés pour la démolition des maisons,
la construction de colonies et maintenant la construction du mur en
Cisjordanie, reconnu illégal par la Cour Internationale de Justice
(CIJ)
Les Américains devraient être tenus pour responsables de ce qui
est fait de leur argent.
Après des années de vains efforts politiques de la part de la
communauté des droits de l’homme israélienne et internationale
pour mettre fin à l’occupation, il est clair que de nouvelles
approches doivent être mises en œuvre.
Il est temps pour les institutions civiques américaines de soutenir
une campagne stratégique à plusieurs niveaux de sanctions sélectives
contre Israël.
Puisque le gouvernement israélien refuse de façon flagrante de
respecter la décision de la Cour Internationale de Justice, la loi
internationale autorise l’usage de sanctions pour forcer Israël
à se conformer aux résolutions des Nations Unies et des traités
sur les droits de l’homme.
La première étape, pour les institutions américaines, c’est de
s’engager dans un désinvestissement sélectif – retraits de
leurs investissements dans les entreprises qui directement ou
indirectement, financent l’occupation.
Avant tout, les états, villes, universités, églises,
associations, banques et fonds de pension doivent se désengager des
contrats israéliens qui financent l’occupation et de toute
entreprise qui vend des armes, des munitions ou autres équipements
militaires à Israël.
Ce qui devrait inclure les entreprises comme Caterpillar,
qui fabrique et vend les bulldozers qui ont écrasé des milliers de
maisons palestiniennes, General Dynamics, General Electric, Lockheed
Martin, Northrop-Grumman, Raytheon et autres entreprises, parce que
ces compagnies jouent un rôle actif en permettant aux forces israéliennes
d’engager des pratiques qui violent la loi humanitaire
internationale.
Deuxièmement, l’Occident devrait tenir le personnel militaire
israélien et les leaders politiques pour personnellement
responsables des violations des droits de l‘homme, et les traîner
en procès devant le Tribunal International et leur interdire de se
déplacer dans les autres pays.
On a utilisé cette stratégie dans d’autres conflits (Rwanda,
Bosnie, Kosovo, et Afrique du Sud, par exemple, faisant preuve sa
valeur dissuasive et son efficacité.
Interdire la vente d’armes et d’équipements militaires à Israël,
est, dans les faits, réclamé par l’actuelle loi américaine.
Selon le Foreign Assistance Act (loi d’assistance à l’Etranger)
de 1961 (22 USC§2304) "aucune assistance sécuritaire ne peut
être accordée à un pays dont le gouvernement se comporte régulièrement
en violation des droits de l’homme reconnus
internationalement"
L’hypocrite Administration Américaine actuelle n’applique pas
cette loi à l’égard d’Israël. Et c’est, dès lors, à la
société civile américaine de faire respecter la loi et d’empêcher
la vente d’équipement militaire à Israël en faisant pression
sur le gouvernement, en portant plainte contre les entreprises qui
violent cette loi et en retirant tout investissement de ce type
d’entreprise.
L’Eglise
Presbytérienne a fait un pas positif dans cette direction en
juillet 2004 quand son Assemblée Générale a fait circuler une
directive de désinvestissement appelant à se désinvestir sélectivement
des entreprises qui profitent de l’occupation.
En
février dernier, le Conseil Mondial des Eglises qui rassemble plus
de 340 églises dans le monde a publié une résolution identique.
En critiquant les graves violations des droits de l‘homme inhérentes
à l’occupation et à la construction du mur illégal de
Cisjordanie, ces résolutions affirment aussi le droit de l’Etat
d’Israël à exister dans la sécurité et dans la paix et elles
rejettent le cycle tragique de violence indiscriminée perpétrée
par les deux parties contre des populations civiles innocentes.
Des sanctions sont des moyens puissants et non violents pour faire
en sorte que le gouvernement israélien respecte la loi
internationale et en finisse avec ses épouvantables violations des
droits de l’homme dans les territoires occupés.
Les résolutions pour le désinvestissement auraient dû être
prises depuis longtemps.
Nous avons vu le pouvoir de la pression économique mondiale sur la
chute du régime d’Apartheid en Afrique du Sud.
Si les institutions civiques américaines suivaient la même stratégie,
nous pourrions voir la fin de l’occupation israélienne de notre
vivant.
Les Américains doivent soutenir les droits de l’homme et la
justice, respecter leur propre loi et prendre l’initiative la plus
efficace pour la paix et la sécurité au Proche Orient.
* Shamai Leibowitz est un avocat de Tel Aviv, spécialiste
des Droits de l’Homme ; il a représenté devant la justice israélienne
des demandeurs d’asiles, des travailleurs migrants, des
Palestiniens et des militants des droits de l’homme.. Il est
artilleur de chars réserviste avec le grade de sergent chef dans
l’armée israélienne et fait partie d’un groupe de plus de 1400
soldats qui ont refusé de servir dans les territoires palestiniens
occupés par Israël
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