AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP |
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Ghassan Andoni
Environ 41%
des Palestiniens pouvant potentiellement voter se sont rendus aux urnes,
ce qui représente 71% des inscrits.
En pratique, la décision du Conseil Législatif Palestinien de permettre à ceux qui ne s’étaient pas inscrits sur les listes électorales de voter dans les 72 bureaux de vote, ainsi que la décision du Comité central des élections de prolonger de 2h l’ouverture des bureaux de vote, ce qui a permis à certains électeurs d’utiliser leur carte d’identité comme seule source d’identification, n’a pas facilité le décompte des électeurs. De plus, cela a introduit un doute sur d’éventuelles fraudes. L’appel au boycot du Hamas n’a joué aucun rôle dans la faible participation au scrutin. En fait, comme le Hamas s’intéresse particulièrement aux élections locales, il a encouragé ses membres et ses partisans à s’inscrire sur les listes électorales. Cependant, le nombre d’inscrits ne dépasse pas 61% des votants potentiels. Comme un pourcentage élevé des électeurs inscrits, environ 71%, ont voté, on ne peut pas reprocher au Hamas que les électeurs ne sont pas arrivés aux urnes à cause de l’appel au boycott. En fait le faible pourcentage d’inscrits est lié au fait qu’au moment où les listes électorales ont été ouvertes, la plupart des gens ne croyaient pas en des élections prochaines. De plus les continuelles incursions israéliennes dans certaines zones, comme à Naplouse et à Rafah, n’ont pas permis une ouverture suffisamment prolongée de certains bureaux d’inscription. Enfin l’interdiction israélienne d’ouvrir des bureaux d’inscription pour les 120 000 habitants de Jérusalem pouvant potentiellement voter, a contribué significativement à réduire le nombre d’inscrits. Apparemment le registre civil qui a été fourni à l’Autorité Palestinienne par Israël était extrêmement problématique. Selon le Comité Central Palestiniens des élections, les noms ont été traduits à partir de l’hébreu. Pour beaucoup d’entre eux, le nom ne correspondait pas au vrai nom arabe des personnes, ce qui a créé la confusion dans la plupart des 72 bureaux de vote. Les Palestiniens ont expliqué que parce que les bases de données sont communes pour l’Autorité Palestinienne et Israël, Israël a refusé que le Ministère de l’Intérieur Palestinien mette à jour la liste électorale. C’est pourquoi au dernier moment, 300 000 noms ont été fournis à l’Autorité Palestinienne, traduits de l’hébreu et inscrits de manière désorganisée sur les listes. Des centaines de Palestiniens qui se sont rendus dans certains bureaux de vote n’ont pas pu retrouver leurs noms sur les listes. C’est pourquoi finalement, le comité électoral a décidé d’autoriser le vote sur seule présentation de la carte d’identité. Il n’y a pas de doute que le très faible taux de participation à Jérusalem peut être expliqué par des entraves intentionnelles, dénoncées même par l’ex président des USA, Jimmy Carter. Le Président de l’OLP, Mahmoud Abbas, a gagné le scrutin avec un pourcentage de 62% des votants inscrits, ce qui fait dire à ses opposants qu’il a gagné avec moins de 40% des votants potentiels. Comme la Bande de Gaza et la Cisjordanie représentent moins de 50% de la population palestinienne totale, ils peuvent aussi argumenter que Mahmoud Abbas ne dispose pas de la légitimité populaire pour faire des concessions au nom des Palestiniens. Cependant, selon les standards internationaux, Abbas a été élu Président de l’Autorité Palestinienne lors d’élections ouvertes, à peu près transparentes et démocratiques. Des élections démocratiquesMême si la décision du Conseil Législatif d’approuver l’usage controversé du fichier civil a engendré un certain niveau de confusion et a induit des doutes quant à d’éventuelles irrégularités, les élections présidentielles palestiniennes ont été conduites selon les normes des pays ayant une longue tradition démocratique. Les Palestiniens sont particulièrement fiers de leur capacité à avoir pu organiser des élections libres et démocratiques sous occupation. Mais ils peuvent l’être encore plus du fait que ces élections ont eu lieu dans une atmosphère sans violence ni tension [1]. Selon la plupart des observateurs internationaux, non seulement les pays "en voie de développement", mais aussi la plupart des démocraties occidentales pourraient en tirer des leçons pour eux-mêmes. Un observateur égyptien a fait le commentaire suivant en disant que la plupart des pays arabes doivent prendre exemple sur les Palestiniens : "ce qui se passe dans la plupart des pays arabes est une plaisanterie en comparaison de l’expérience palestinienne" a-t-il déclaré. Leçons à tirerLa leçon la plus importante à tirer de ce scrutin est que les Palestiniens demandent à leurs partis politiques de mettre en œuvre des réformes et de se moderniser.
Le cas du Dr Mustafa Barghouti doit être examiné avec attention. 20% des inscrits ont voté pour lui en comparaison des 3% qui ont voté pour les représentants des partis politiques membres de l’OLP de longue date, comme le FDLP et le PP. En réalité la candidature du Dr Barghouti a ramené sur l’échiquier politique palestinien le mouvement progressiste, qui a longtemps été marginalisé du fait de divisions internes et de la vague conservatrice qui avait envahi la société palestinienne et qui apparaissait comme une ombre bien pâle du mouvement Fatah, affilié à l’Autorité nationale Palestinienne. Barghouti a réussi un retour particulièrement marqué pour les Palestiniens progressistes et laïques. Aujourd’hui, on peut dire que la société palestinienne est divisée politiquement et sociétalement en trois grandes tendances : le parti de l’Autorité (Fatah), le Mouvement Islamique, et le mouvement progressiste. Environ 25% des inscrits se sont prononcés pour des candidats du mouvement progressiste et laïque. [1] de leur part, ndt Analyse de Ghassan Andoni -IMEMC, le 11 janvier 2005-01-11 Traduction : N. Ollat
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