AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP |
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Mouarajat " Leurs
ancêtres avaient sillonné le Moyen-Orient en tous sens, mais
aujourd'hui les bédouins de Mouarajat connaissent trop bien le sens
des frontières et des barrages. La
plupart veulent rompre avec leur passé de nomades et rêvent d'un
toit et d'une vie décente. "La
vie est trop dure à tous les niveaux: Israël ne nous donne pas les
autorisations nécessaires pour construire, assurer l'eau courante et
nous connecter au réseau électrique et nous ne pouvons pas circuler
librement", dit Hassan Kaabneh, 26 ans. "Ecoutez,
nous avons cessé d'être des bédouins il y a cinq ans, pourquoi
continuer à faire semblant? La jeune génération aspire à un toit
et c'est quand même humain", dit-il. Quelque
200 membres de la tribu des Kaabneh vivent à Mouarajat, qui signifie
"zig-zag" en raison des courbes de la route voisine. Contrairement
à la ville de Jéricho dans le sud de la Cisjordanie, située à
quelques kilomètres, le camp de bédouins de Mouarajat n'est pas passé
sous le contrôle total de l'Autorité palestinienne après les
accords d'Oslo de 1993. Après
avoir renoncé aux tentes traditionnelles, la tribu vit dans des
cabanes de tôle ondulée et ses membres élèvent des chèvres sur
une terre aride. La viande et le lait sont leurs principales sources
de revenus. Le
seul bruit qui brise le silence du camp est celui des explosions. Les
troupes israéliennes s'entraînent sur de larges étendues désertiques
juste de l'autre côté de la route. Les habitants affirment que cette
zone a été confisquée après la guerre israélo-arabe de 1967. "Nous
ne pouvons pas traverser de l'autre côté pour faire paître notre
troupeau. Nous sommes coincés, sans aucune perspective", ajoute
Hassan Kaabneh, la voix presque couverte par les détonations. Contrairement
à ses 10 frères et soeurs, qui comme la plupart des autres enfants
ici se sont contentés de l'éducation primaire à l'école du camp,
il a étudié pour devenir avocat. "J'ai
marché jusqu'à l'école, je voulais réussir. Maintenant j'ai déménagé
à Ramallah et je vis dans une véritable maison", dit-il sans
aucune honte. Jibril,
26 ans et père de trois enfants, hoche la tête. "Nous voulons
construire des maisons en béton mais nous ne pouvons pas. Alors oui,
je partirais si je le pouvais". "Je
n'ai pas atteint la phase où je veux m'en aller mais c'est vrai que
nous ne pouvons plus vivre comme des nomades, même pas en Palestine,
car on a besoin d'une autorisation (des Israéliens) pour aller
n'importe où", lance Ahmed, 35 ans, un proche de Jibril et père
de sept enfants. "Notre
seul voyage, c'est aller en été dans la montagne avec nos chèvres",
ajoute-t-il. Selon
lui, un fonds de développement et d'investissement récemment ouvert
pour aider les bédouins à acheter du foin à des prix préférentiels
pourrait améliorer leurs conditions de vie. La moitié du fonds d'un
million de dollars est financé par l'Italie et l'autre par 110 chefs
bédouins à travers la Cisjordanie où vivent six tribus de nomades
(30.000 âmes). Les
Nations unies estiment qu'un tiers des communautés bédouines sont
reliées à un réseau électrique permanent. Le reste ont des générateurs
comme les habitants de Mouarajat. La
consommation d'eau par habitant est de 15 litres par jour, à comparer
avec les 35 litres dans d'autres zones rurales palestiniennes et 65 à
70 litres dans les zones urbaines. "Les
jeunes bédouins ont hâte de s'installer dans les villes.
L'occupation israélienne et le monde moderne ont détruit notre
ancien mode de vie", dit le directeur général du fonds,
Deifallah Abou Dahou. "Le
fonds aidera ceux qui veulent une éducation ou un entraînement pour
qu'ils puissent ensuite choisir la vie qu'ils veulent", dit-il.
"Mais pour ceux qui veulent rester, ce fonds les aidera à améliorer
leurs conditions de vie. Tout ce que je veux, c'est éviter que les bédouins
deviennent des mendiants".
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Ce texte n'engage que son auteur et ne correspond pas obligatoirement à notre ligne politique. L'AFPS 59/62, parfois en désaccord avec certains d'entre eux, trouve, néanmoins, utile de les présenter pour permettre à chacun d'élaborer son propre point de vue." |
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