"Nous
retounerons, c'est certain, nous retournerons"
Par Nidal Hamad
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La semaine dernière, les Palestiniens d'Europe se sont rassemblés
au congrès du retour qui s'est tenu à Vienne, dans la capitale
autrichienne.
Le rassemblement était aussi varié que l'est la réalité de
l'action palestinienne dans les scènes européennes, et plus généralement
dans l'exil palestinien.
Les Palestiniens se sont rassemblés venant de toutes parts en
Europe.
Ils sont venus, faisant partie des communautés palestiniennes dans
les pays arabes, de l'intérieur de la Palestine occupée ou de
l'intérieur de l'intérieur spolié du fait du complot
international contre un peuple sans défense, expulsé de sa patrie
et dont la terre a été volée, crime légalisé ensuite avec la
reconnaissance de l'occupation en tant que fait accompli.
Ils sont venus du froid, du nord, ou du sud, ou du centre, de l'est
et de l'ouest du continent, annonçant les saisons de la migration
et du déplacement entre les capitales, pour arriver à Vienne, où
se sont renouvelées, avec leur présence, les célèbres nuits de
Vienne...
Les belles nuits de l'intimité palestinienne à Vienne ne furent
que le reflet de la désolation du ciel sur la terre des martyrs...
Vienne avait assisté à des nuits palestiniennes tout au long des
diverses générations, des nuits d'espoir ascendant avec sa lune
claire, avec ceux qui croient en leur droit au retour à leur terre
et à leurs maisons aussi longtemps que dure le temps et que
s'allonge le temps de l'exil.
Dans la capitale de la musique, de la science, de l'histoire, du
patrimoine, des lettres et de la beauté, ils n'ont pas oublié la
douleur des familles dans le pays, la douleur du peuple exilé et
dans les camps, car la douleur palestinienne était là, dans les
sourires larmoyants.
Les larmes de joie se mêlaient à la tritesse verte et fleurie qui
pousse sur les tombes des martyrs, sur les billets d'avion et dans
les passeports qui les a transportés et les transportent vers
toutes les maisons, y compris leurs maisons, sans toutefois les
ramener en tant que propriétaires de la terre.
Uniquement des touristes, des visiteurs, qui peuvent à la rigueur
jeter un coup d'oeil sur leurs propriétés, sans avoir droit
d'entrer ni dans leurs maisons, ni dans leurs jardins, ni dans les
maisons ancestrales.
Le congrès de Vienne fut général et global.
Il a ouvert les portes à tous ceux qui croient au droit du retour
à la maison, à l'arbre, aux roses, aux olives, aux êtres qui
continuent à attendre la terre qui leur donne la vie et la pluie.
Le congrès fut une occasion pour rassembler et unifier pour le long
chemin.
Il fut un roc qui arrête le torrent qui coule de haut..
Il fut la citadelle forgée pour empêcher et repousser la division,
les failles, les projets internes du dénuement, consistant à
arracher le droit au retour aux squelettes des martyrs ensevelis
sous la terre, et aux corps et âmes des filles et des fils habitués
à voyager sur des jambes que les chemins de la lutte ont amputés,
et habitués à se déplacer d'un endroit à l'autre, d'un siège à
l'autre.
Ils ont offert les roses aux blessés de la révolution trahie, à
ceux qui ont laissé leurs jambes dans les pays des Arabes, à la
frontière de la Palestine et dans les camps qui ont résisté à
toutes les formes de la mort et du siège, entreprises par les frères
et les ennemis...
Ils ont offert l'amour dans des plats de fidélité aux blessés
dont les yeux ont été arrachés des visages, à ceux qui ont perdu
la vue sans toutefois cesser de voir la Palestine, cette Palestine
qui voit dans leurs yeux la liberté, la continuité, la résistance,
dans ces yeux qui voient ce que ne voient pas ceux qui ont altéré
son sel..
La Palestine voyait la lumière dans les yeux de ses blessés, dans
les statures des martyrs hantant les coulisses du congrès. C'est
dans les yeux de ceux-là que son peuple décèle le chemin immaculé
et la clarté de l'aube de la liberté attendue.
A Vienne, et précisément dans les salles du congrès, le pays de
Canaan marchant la tête haute, le front relevé, la stature bien
droite, tel un chêne rouge imposant, se mouvant comme le vent et
brutal comme la pluie, ou le sort... La Palestine cananéenne et
arabe marchait dans les rues et les ruelles de Vienne, dans les
coulisses du congrès avec des jambes en bois, en plastique, mais
fermement.
Certains se sont embrassés après la fine pluie tombée du ciel et
les larmes de joie que les yeux qui leur restaient ont déversés.
Ce sont les compagnons de l'Intifada, d'al-Karama, de Beyrouth assiégée,
des guerre pour la défense du fusil palestinien, de la volonté
palestinienne indépendante assassinée au nom de la paix malade.
Ils portent la Palestine sur leurs épaules comme les keffiehs
tachetées...
Ils frayent les voies, ils voyagent affirmant leur détermination à
poursuivre malgré les tares d'Oslo.
Ce sont les frères et les compagnons d'Abu Ali Ayad, Abu Jihad
al-Wazir, Saed Sayel, Majed Abu Sharar, Abdallah Sayam, Atyeh Awad,
Bilal al-Awsat, Tal'at Ya'koub, Sa'id Yousef, Jihad Hammou, Ghassan
Kanafani, Wadi' Haddad, Givara Gaza, Abu Ali Mustafa, Ahmad Yassine,
Abdel Aziz Rantissi, Yahya Ayyash, Fathi Shiqaqi, Abu Sharkh, Dalal
Moghrabi, Rim Riyashi, Wafa' Idriss, Andalib Taqatiqa, Hanadi
Jaradat, tous portent le drapeau, poursuivent la voie, s'accrochant
aux droits inaliénables qui ne connaissent ni concessions ni
accords suspects.
Ce sont les Palestiniens d'Europe venus de toutes parts pour le
congrès de Vienne, après ceux de Londres et Berlin.
Tous affirment : Non! Ils ne craignent pas d'affirmer ce grand NON,
ils l'affirment et le répètent, haut et fort, afin que l'entendent
ceux qui suivent la voie des concessions, de la faiblesse, de la déviation
et de la débâcle.
Ils sont venus pour dire NON à tous ceux qui veulent vendre et
acheter, mener des transactions avec nos droits sacrés.
Ils disent Oui à l'Organisation de libération de la Palestine,
libre et souveraine, qui s'attache aux constantes du peuple
palestinien, telles qu'elles ont été définies dans les conseils
nationaux et telles qu'elles ont été écrites dans sa Charte
Nationale, supprimée et rendue absente au nom de la farce ridicule,
pacifique et raisonnable.
Ils sont venus pour affirmer oui à la reconstruction, au maintien,
à la restauration et au renouvellement de l'OLP afin qu'elle soit,
en actes et non en paroles, le représentant légitime et unique du
peuple palestinien. Il ne faut pas qu'elle continue à être l'otage
de ceux qui s'en sont emparés, à travers ou en passant par Olso et
ses dérivés.
Il est nécessaire de la remettre sur pied et de la libérer de la
grande prison, de la prison de ceux qui l'ont prise, dévêtue, altérée,
en en faisant un sceau pour faire passer leurs transactions refusées.
Il ne faut pas que l'OLP soit un otage entre les mains des gens
d'Oslo, qui veulent rayer les droits du peuple palestinien et
accepter les propositions de Bush et Sharon...
Le congrès de Vienne a été le congrès de l'unité nationale et
populaire palestinienne. Le communiqué final l'a affirmé.
Cette unité a été visible et s'est manifestée dans les ateliers
des commissions qui ont pris soin de réaliser l'unanimité de tous,
dont les travaux se sont achevés par le communiqué final général,
ce communiqué qui peut être considéré comme un programme
national global et général méritant d'être le pivot autour
duquel nous sommes tous conviés à nous rassembler, car il remplit
les conditions de l'action collective palestinienne sur les scènes
européennes, en affirmant l'attachement aux constantes nationales
palestiniennes.
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Traduction
: Centre d'Information sur la Résistance en Palestine |
Source
: ISM France
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=2854&type=analyse&lesujet=Réfugiés
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