AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP |
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Les martyrs du mouvement national des prisonniers Abdel Naser Ferwana
directeur du département des statistiques du ministère palestinien aux
affaires des prisonniers et libérés, ancien prisonnier
A partir des informations obtenues au cours des ces dernières années
et des rapports officiels du ministère palestinien aux affaires
des prisonniers et libérés, et malgré les légères différences
d'estimation entre les uns et les autres, nous considérons que les
martyrs du mouvement national de prisonniers se compte par dizaines,
alors que des milliers de prisonniers sont en sursis.
Les chiffres risquent à tout moment d'augmenter si nous ne prenons pas
des mesures fermes pour mettre fin à l'indifférence générale
concernant cette question.
La mort est ordinaire et elle prend plusieurs formes, la plus sacrée
est le martyre. Les martyrs ont pour nous une importance particulière.
Notre histoire palestinienne est jalonnée de milliers de martyrs. A
chaque martyr ses histoires et ses récits, mais les histoires et les récits
des martyrs du mouvement des prisonniers restent particulières : ils étaient
des prisonniers, ils manquaient de tout, ils étaient dépourvus des
moyens de résistance, ils ne possédaient que l'arme de la détermination,
de la volonté et de l'espoir en la liberté et la victoire.
Ils étaient isolés, mais pas isolés de leur peuple, ils furent
une partie essentielle du peuple. C'est pourquoi ils furent la cible de
l'occupation. Ils furent les victimes de divers crimes de l'occupation.
Ils furent les victimes de méthodes barbares et inhumaines, méthodes
condamnées par les traités, conventions et lois internationales.
Au cours de cette longue marche vers la liberté, 181 prisonniers sont
tombés, de différentes manières, selon les sources du ministère
palestinien aux affaires des prisonniers et libérés. Et j'espère que
le dernier soit le martyr Jawad Adel Abu Mghayseb, qui a porté le n°181,
de Deir el Balah, au centre de la bande de Gaza, décédé le 28 juillet
dernier, dans le camp de détention militaire Ansar 3, situé dans
le Naqab, du fait de la négligence médicale.
Mais ce n'est pas tout. Il y a des centaines de prisonniers décédés
après leur libération, du fait de ces pratiques barbares, du fait des
séquelles de la prison. Citons parmi eux Fayez al-Badawi, Walid Ghoul,
Abdel Wahab Masri, Talal Tahan, Saleh Dardouna, Ahmad Khadra, Shayboub,
Mahmoud Abu Madhkour. Le dernier martyr dans ce cas est le martyr arabe
syrien, le prisonnier libéré Hayel Hussayn Abu Zayd, décédé à l'hôpital
Rambam à Haïfa, le 7 juillet 2005.
Par ailleurs, des centaines de prisonniers souffrent de maladies
chroniques, de blessures diverses, en attendant une mort certaine tant
que la politique de la négligence médicale suivie par les directions
des prisons israéliennes n'est pas changée. Tout comme il y a des
milliers de prisonniers libérés qui continuent à souffrir des
maladies dues à la prison, à la torture et autres mauvais traitements.
Nous sommes face à une foule de victimes, certains sont décédés en
prison ou après leur libération, d'autres attendent...
Les prisonniers : cobayes des industries pharmaceutiques israéliennes
De par notre expérience, de par les enquêtes et les recherches, nous
savons que plusieurs prisonniers libérés ont été atteints de
maladies soit chroniques, soit difficiles, même plusieurs années après
leur libération. Une étude statistique montre que l'expérience de la
prison et de la torture ne sont pas étrangers à ces maladies. Ce qui
renforce cette assertion, c'est le fait qu'un membre de la Knesset israélien,
président d'un comité scientifique, Dalia Ezek, a fait état il y a
quelques années de l'existence de 1000 expériences de médicaments
dangereux, en phase d'essai, faites sur les prisonniers palestiniens et
arabes en Israël. Le ministère israélien de la santé s'est habitué
à donner des milliers d'autorisations tous les ans, à des formes
pharmaceutiques, pour mener des expériences sur les prisonniers
palestiniens, comme l'a découvert Ami Levtat, présidente du département
des médicaments dans le ministère israélien de la santé, de vant la
Knesset, ajoutant que tous les ans, 15% d'autorisations supplémentaires
sont données par le ministère pour mener les expériences de ces médicaments
sur les prisonniers arabes et palestiniens.
Il est évident que de telles pratiques sont une violation flagrante de
l'article 13 de la convention de Genève relative aux prisonniers.
Ce qui signifie qu'en réalité, les martyrs du mouvement national des
prisonniers ne s'élèvent pas à 181 seulement, mais ceux-là font
partie d'une longue liste qui risque de s'allonger si nous n'agissons
pas rapidement.
Concernant les 181 martyrs du mouvement des prisonniers, décédés
entre 1967 jusqu'à ce jour, nous pouvons relever trois causes
principales : la torture, la négligence médicale et l'exécution de
sang froid du détenu lors de son arrestation. Certains prisonniers ont
été également éxécutés par les gardiens et milices des prisons.
La torture
70 prisonniers sont décédés du fait des tortures. Le premier martyr
est Yousef Jabali, décédé au début de l'année 1968 dans la prison
de Naplouse. Nous avons également les martyrs Younes Abu Sbitan, Awn
al-Ar'ir, Muhammad al-Khawaja, Ibrahim Ra'i, Khadr Tarazi, Mustafa Akawi,
Atiya Za'anin, Khaled Sheikh Ali, Abdel Samad Hurayzat,....
Israël est le seul Etat dans le monde à avoir légalité la torture
dans ses prisons qui est devenue la méthode essentielle de son
comportement avec les prisonniers. Les recommandations de la commission
Landau en 1987, approuvées par la Knesset, ont mis les bases de la légalité
de la torture en protégeant les services de renseignements qui en sont
les principaux responsables.
Après le scandale suscité par les médias suite au décès du
prisonnier Abdul Samad Hurayzat, le 25 avril 1995, dans les dédales du
centre d'interrogatoire d'al-Moskobiyya, qui venait de subir la pratique
des secousses, la cour suprême de l'Etat d'Israël a émis plusieurs décisions
en 1996 qui autorisent les instructeurs de la sécurité israélienne à
utiliser les pressions corporelles modérées, si l'instructeur est
certain que le prisonnier cache des informations importantes pour la sécurité
de l'Etat, ce que les services de sécurité et juridiques de l'Etat ont
nommées "la bombe à retardement". L'instructeur a donc le
droit d'utiliser la pression corporelle renforcée et la méthode de la
secousse violente contre les détenus, lors des interrogatoires, à
condition que l'instructeur ait reçu l'autorisation de son responsable
hiérarchique, remontant jusqu"au directeur de la Shabak, s'il a
"besoin" d'utiliser des méthodes de plus en plus poussée s.
Mais en septembre 1999, la cour suprême de cet Etat a émis une décision
interdisant l'utilisation des moyens corporels contre les détenus. Mais
cette décision n'a pas été traduite dans les faits, ni n'a supprimé
l'utilisation de la torture ni l'a limitée.
Bien que de nombreux traités et conventions internationales aient
interdit l'usage de la torture, comme la déclaration universelle des
droits de l'homme en 1948, le traité international pour les droits
civiques et politiques de l'année 1966, le traité contre la
torture du 26 juin 1987 représente la date de son application
effective.
Le gouvernement de l'occupation a utilisé, concernant la torture, près
de 80 formes de torture physique et morale, comme le Shabeh, la secousse
violente, les coups, la mise en frogi, les brûlures de cigarettes,
l'interdiction de sommeil, le harcèlement sexuel, l'isolement. Ces
formes n'ont pas été utilisées contre uniquement des jeunes gens ou
des hommes de la résistance, mais contre les enfants, les vieillards et
les femmes, et même contre les proches, les amis et les voisins des
prisonniers.
Ceux qui furent torturés n'ont pas tous survécu pour nous parler de ce
qu'ils ont subi, et ceux qui ont survécu n'ont pas tous les capacités
de nous en parler, mais beaucoup de ceux qui ont survécu ont parlé,
avec amertume, de ce qu'ils ont subi. Ils gardent toujours les conséquences
de ces actes subis, bien qu'ils aient été libérés depuis plusieurs
années.
J'ai personnellement vécu plus d'une expérience d'interrogatoires,
mais la plus dure fut celle de la fin de l'année 1989, où je suis resté
dans les cellules des interrogatoires près de 100 jours. J'ai subi les
pires formes de torture : des jours et des nuits plié dans un frigo, où
je n'en sortais que pour les interrogatoires. Je garde toujours en
souvenir l'image de cet instructeur, qui jouissait de nous torturer.
Mais je garde en moi surtout l'image du prisonnier martyr Khaled Sheikh
Ali, qui est décédé dans les cellules de la torture dans la prison de
Gaza, le 12 décembre 1989. J'étais à ce moment dans "al-maslakh"
(l'abattoir) ou ce que nous avons appelé al-bass (le bus) qui est un
long couloir ressemblant à un bus, où les prisonniers étaient alignés,
sur deux côtés, debout ou assis sur des chaises, spéciales pour la
torture, les cellules de la torture sur les deux côtés, à l'arrière.
Les instructeurs se mettent tout à coup à gestic uler, à crier,
mettant une barrière derrière nous afin que nous ne voyons pas ce qui
se passe, par les trous des sacs qui enfermaient nos têtes. Mais nous
avions compris, par leurs dicussions en hébreu, que quelque chose est
arrivé à l'un des prisonniers. Quelques jours plus tôt, le 3 décembre,
j'étais dans une cellule minuscule, sale, où les raysons du soleil
n'arrivaient jamais. Elle portait le numéro 14. D'un coup, nous avons
entendu une voix, un cri, en arabe, venant d'un traître qui travaille
dans les cellules. Il venait d'ouvrir la cellule n°12, et avait trouvé
le martyr Jamal Abu Sharkh étendu après les séances de torture. Ils
l'avaient torturé sauvagement et ensuite, exécuté, pour se venger,
car il avait écrasé plusieurs soldats israéliens dans la rue an-Nasr,
à Gaza, tuant et blessant plusieurs d'entre eux.
C'est un sentiment de vengeance qui s'élève en moi lorsque je me remémore
ces faits, avec la douleur et l'amertume. Vengeance non seulement envers
les instructeurs mais envers ceux qui leur ont donné les ordres et le
droit de le faire, leur assurant toute la protection nécessaire. Mais
je ressens également de la honte, car en tant que prisonniers libérés,
en tant que juristes et acteurs dans des institutions humanitaires, nous
n'avons pas réussi à mettre fin à cette torture, comme nous n'avons
pas encore réussi à poursuivre ces criminels ni à soutenir leurs
victimes.
Le quotidien Haaretz a dévoilé il y a peu de temps dans un rapport que
les instructeurs israéliens se réjouissaient en torturant les
prisonniers. Pour eux, tout Palestinien était un ennemi. La cause de
ces pratiques inhumaines envers les prisonniers est leur certitude, au
soldat et à l'instructeur, qu'ils ne seraient pas sanctionnés pour
leurs actes, mais au contraire, qu'ils seraient soutenus par leurs collègues
et responsables. Aucun responsable israélien n'a jamais été traduit
devant une quelconque instance pour être jugé ou questionné à propos
des crimes de guerre qu'il a commis dans les cellules des
interrogatoires et dans les prisons, car la loi israélienne lui a assuré
la protection et interdit de les traduire en justice.
Le rapport indique aussi que la vie du prisonnier palestinien ne vaut
plus rien pour l'institution militaire et sécuritaire israélienne,
jusqu'au point où des soldats ont déclaré que les actes et pratiques
de d'humiliation et de déshumanisation, de répression sauvage qu'ils
menaient envers les prisonniers ne représentaient pour eux qu'un des
moyens de passer le temps et de se réjouir.
Les pratiques envers les prisonniers menacent leurs vies tous les jours.
Les diverses statistiques indiquent qu'il est rare qu'un prisonnier ne
soit pas soumis à une au moins des formes de torture, la plupart sont
traités de façon inhumaine et dégradante. 99% des prisonniers
ont été soumis aux coups, 93% ont été soumis à la privation de
sommeil, 92% ont été mis en position de bout pendant de longues périodes,
88% ont été soumis au shabeh (positions pour briser le dos du détenu),
68% ont subi la mise en frigo.
Israël : premier exportateur des outils de torture
Israël ne s'est pas contenté d'être le seul Etat à légaliser la
torture, mais il est le premier Etat producteur et exportateur des
outils de torture. Dans un rapport d'un organisme international spécialisé
dans les droits de l'homme, intitulé "les marchands de la
douleur", il est mentionné que l'Etat d'Israël est l'Etat qui
produit le plus d'outils de torture, comme les menottes, les chaînes,
les sièges, des produits chimiques divers comme les gaz pour les nerfs,
les gaz lacrymogènes, les appareils de choc électriques.
Concernant les prisonniers décédés des suites de la torture, une
comparaison entre les martyrs de la première Intifada et la seconde
nous montre que pendant les sept années de la première intifada, 23
prisonniers sont décédés des suites de la torture, alors que pendant
les cinq années de l'Intifada al-Aqsa, deux prisonniers sont décédés
des suites de la torture.
La négligence médicale
40 prisonniers martyrs sont décédés du fait de la négligence médicale
dans les prisons israélienne, le premier étant le martyr Abdel Qader
Abul Fahem, qui est décédé au cours des grèves du mouvement national
des prisonniers, au milieu de 1970, dans la prison de Ascalan. D'autres
prisonniers martyrs sont décédés des suites de la négligence médicale,
comme Hajj Ramadan al-Banna, Umar Awadallah, Umran Abu Khalaf, Ishaq
Maragha, Rasem Halawi, Ali Jaafari, Anis Dawla, Salah Abbas, Salim Abu
Sbeih, Umar Qasem, Qandil Alwan, Hussayn Ubaydat, Yousef Ar'ir, Muhammad
Dahamine, Walid Amrou, Bashir Uways, Muhammad Abu Hadwan, Rasem
Ghunaymat, Bashar Bani Odeh, ...
C'est une politique délibérée et systématique pratiquée dans les
prisons israéliennes : elles sont dépourvues de centres de soin
appropriés, de médecins spécialistes, et des médicaments nécessaires.
La pilule de l'acamol est ce qui devrait soulager tous les maux. Cette
pratique de la négligence médicale est en violation avec les
conventions de Genève relatives aux prisonniers.
L'association internationale de l'amitié avec les humains, dont le siège
est à Vienne, a écrit dans un rapport publié au milieu de cette année
que les "détenus palestiniens dans les prisons israéliennes
vivent des conditions exceptionnelles concernant la santé, il est rare
que des détenus ou prisonniers vivent dans de telles conditons dans
d'autres régions".
Le médecin dans la prison israélienne est le seul médecin au monde
qui puisse soulager tous les maux sur cette terre, avec une seule
pilule, qui s'appelle acamol, qui contient du paracétamol. Il est vrai
qu'il utilise parfois l'eau courante, un simple verre d'eau soulagerait
le prisonnier, selon lui. L'absence des médecins spécialisés, des
soins spécialisés, ou les appareils médicaux spécifiques pour aider les
prisonniers dont les membres sont artificiels, ou ceux qui ont
besoin de lunettes, ou d'appareils respiratoires particuliers, l'absence
de pièces spécifiques pour isoler les prisonniers atteints de maux qui
se propagent, le transport des malades vers les hôpitaux dans des
camions non aérés, les pieds et les mains attachés, tout cela
concourt à accentuer la politique délibérée de la négligence médicale.
A cela il faut ajouter la malnutrition, avec le manque de calcium, la
prolifération des insectes, des odeurs nauséabondes des égoûts, la
forte chaleur et le froid mordant surtout dans les prisons situées dans
le Naqab, ainsi que les pressions psychologiques auxquels sont soumis
les prisonniers, tous ces facteurs favorisent les maladies, les crises
cardiaques.
Le médecin de la prison se comporte avec le prisonnier comme s'il se
trouvait en face d'un ennemi. Le médecin pratique souvent la torture du
prisonniers et est un des éléments du chantage exercé sur le
prisonnier, qui consiste à lui proposer un traitement en contrepartie
de renseignements ou des renseignements.
Dès l'arrestation, lorsque le prisonnier est emmené dans le centre de
détention, il est vu par un médecin qui devrait établir son état de
santé, mais non pour le soigner en cas de problèmes, mais surtout pour
en informer les services de renseignements qui déterminent ses points
faibles au niveau de sa santé : ce qui est utile pour savoir quelle méthode
de torture utiliser, quelles pressions exercer, les zones corporelles
utiles à frapper, etc...
Une comparaison entre les prisonniers martyrs au cours de la première
Intifada et l'Intifada al-Aqsa montre que au cours de la première
Intifada (7 ans), 11 prisonniers sont décédés des suites de la négligence
médicale, et 10 prisonniers sont décédés au cours de l'Intifada
al-Aqsa (5 ans).
Les exécutions après les arrestations
71 prisonniers ont été exécutés après avoir été arrêtés. Qasim
Ahmad Al-Jaabari de la ville d'al-Khalil, qui fut exécuté le 27 mai
1969 en le jetant d'un avion israélien après son arrestation. Il y a
aussi les martyrs Ahmad Abu Diy, Haris Abu Haya, Ali Abu Sultan, Hasan
Abu Rakba...
Il s'agit d'une ancienne politique pratiquée contre les prisonniers, dès
les premières années de l'occupation mais elle s'est étendue au cours
de l'Intifada al-Aqsa, avec 47 martyrs, alors qu'au cours des vingt
années de l'occupation de 1967 à 1987, 16 prisonniers ont été exécutés.
Les exécutions sont menées sous différentes formes, soit juste après
l'arrestation, le prisonnier est tué par un coup de feu, tiré de près,
ou il est emmené à un lieu où il est exécuté, prétendant qu'il a
essayé de fuit. Les coups de feu peuvent être tirés de loin en prétendant
que le prisonnier essayait de s'enfuir, alors qu'ils savent qu'il n'est
pas armé et qu'il est facile de le rattraper.
Il y a aussi la méthode de laisser un blessé se vider de son sang
jusqu'à sa mort, en le frappant, le torturant et/ou en refusant de lui
apporter les soins.
Certains martyrs ont été exécutés par les geôliers dans les
prisons. Ils sont au nombre de 6. Ils sont décédés lors des
affrontements entre les geôliers et les milices d'une part et les
prisonniers de l'autre. Le prétexte des coups de feu et des exécutions
est que le prisonnier s'est approché du soldat ou du geôlier pour
l'agresser, ou bien qu'il cherchait à s'enfuir. Dans tous les cas, le
prisonnier n'est pas armé, il ne représente aucunement un danger pour
la vie de ces gardiens ou soldats armés jusqu'aux dents.
Parmi les prisonniers exécutés de cette maière, Asaad Jabra Shawa de
Gaza, Ali Ibrahim Samoudi d'al-Yamoun (Jénine) qui furent exécutés
dans la prison du Naqab, le 16 août 1988, Nidal Zuhdi Dib de Ramallah,
exécuté le 8 février 1989 à Meggido, Abdallah Muhammad Abu Mahrouqa,
de Deir Balah, éxécuté le 2 septembre 1989 à Ansar II.
D'après les chiffres fournis par le ministère palestinien aux affaires
des prisonniers et libérés, les martyrs parmi les prisonniers furent
les plus nombreux au cours de l'Intifada al-Aqsa, en comparaison avec
les périodes 1967 - 1987 et celle de la première Intifada. Ce qui
prouve que l'Etat d'Israël a adopté une politique systématique visant
à tuer et exécuter les prisonniers.
Les raisons d'une telle politique
Lorsque l'Etat d'Israël a occupé le reste des régions palestiniennes,
en 1967, sa présence s'est étendu dans toutes les régions et les
camps. Il axait sa politique répressive sur les arrestations massives,
de façon à obtenir des informations sur la résistance et le lieu de
son action. Au cours des vingt années qui ont suivi l'occupation, de
1967 à 1987, 400.000 Palestiniens ont été arrêtés, ce qui représente
20.000 par an.
Au cours de cette période, les méthodes dures et mortelles ont été
utilisées dans les cellules des interrogatoires envers ceux qui sont
considérés comme étant les responsables des actes de résistance ou
comme étant les dirigeants de la résistance. Malgré la torture, les résistants
refusaient d'avouer, ce qui explique le nombre important de martyrs, décédés
par suite des tortures, au cours de cette période.
Au cours de la première Intifada, les arrestations se sont encore étendues,
200.000 arrestations entre décembre 1987 et ma mi-1994, soit 30.000 par
an.
Entre la mi-1994 et le début de l'Intifada al-Aqsa, au cours de
l'instauration de l'Autorité Palestinienne, les arrestations furent
moins importante, elles sont estimées cependant à 10.000, et le nombre
de martyrs au cours de cette période chute à 8 martyrs.
Au cours de l'Intifada al-Aqsa, la situation est entièrement changée.
Les forces de l'occupation ne domiment plus toutes les villes et ne sont
plus présentes dans toutes les régions, malgré leur puissance
militaire à laquelle il faut ajouter leur immoralité. Les forces de
l'occupation ont envahi des villes et procédé à des campagnes
d'arrestations massives, touchant toutes les catégories de la
population (jeunes, enfants, vieillards). Entre le 28 septembre 2000 et
juillet 2005, 40.000 Palestiniens ont été arrêtés, soit 8000 par an.
Mais les résistants actifs étaient toujours dans les régions
palestiniennes. Les forces de l'occupation, au lieu de se retirer, ont
au contraire intensifié leur politique d'assassinats. C'est ce qui
explique que pour les résistants faits prisonniers, les forces de
l'occupation les exécutaient par vengeance la plupart du temps, à
cause de leur rôle dans la résistance, comme Abu Jandal et Ali
al-Joulani.
Les autorités de l'occupation ont poursuivi leur politique
d'assassinats parce qu'elles n'ont pas été fermement dénoncées par
les gouvernements et les organismes internationaux de défense des
droits de l'homme, alors qu'il s'agit de crimes de guerre. Aucune
politique de dissuassion n'a été levée en face des pratiques israéliennes
qui sont pourtant de graves violations des droits de l'homme, et
notamment du droit à la vie.
Il faut ajouter que parmi les 181 martyrs parmi les prisonniers, 7
martyrs sont originaires des pays arabes et d'ailleurs, comme Muhammad
Khurayzat, du Liban, qui a été exécuté deux jours après son
arrestation, Hasan Sawarka, d'Egypte, décédé au cours de la torture
à la prison de Ascalan, Umar Shalabi, de Syrie, décédé sous la
torture dans la prison de Ascalan, Nasar Huwaytat, de Jordanie, décédé
à cause de la négligencemédicale à l'hôpital de la prison de
Ramleh, Naser Hayb, de Syrie, décédé sous la torture dans la prison
de Ramleh, Salah Abbas, d'Irak, Mikhaël Baba Lazaro, de la Grèce, décédé
en 1983 à l'hôpital de la prison de Ramleh.
Appel
En conclusion de cette étude, je m'adresse à toutes les organisations
et organismes des droits de l'homme, à tous les hommes et femmes épris
de paix et de démocratie dans le monde, leur demandant de considérer
la question des prisonniers comme une question centrale pour le peuple
palestinien. Seule la libération de tous les prisonniers peut permettre
la réussite de tout accord pour une paix juste.
Il est nécessaire que des plaintes soient déposées devant les
tribunaux internationaux contre les responsables des actes de tortures
commis dans les prisons israéliennes.
L'Autorité palestinienne, les forces nationales et islamiques ainsi que
les institutions civiles doivent agir pour mettre en place des
structures d'aide aux victimes de la torture, pour les prisonniers libérés,
des structures pour les aider à la réinsertin sociale, professionnelle
et psychologique.
Afin de préserver la mémoire des martyrs du mouvement national des
prisonniers, il est important de travailler à réunir toute la
documentation nécessaire.
Et gloire à tous nos martyrs.
Traduit par : Centre d'Information sur la Résistance en Palestine
Source : Palestine en marche
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