AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP

   


-o- DOSSIER  PRISONNIERS  PALESTINIENS -o-



Communiqué de Nadi al-asir al-filistini, n° 080 19/09/2004

(club du prisonnier palestinien)

 

Les enfants de la prisonnière Qahira Saadi

Sandy, 13 ans, Muhammad 9 ans, Ra'fat, 8 ans et Zeina, 6 ans n'ont pu commencer cette année scolaire comme les autres années. Leur mère, Qahira Saadi, fait partie de la centaine de prisonnières palestiniennes, enfermées dans des conditions très dures, dans les prisons israéliennes.

Le jour de la rentrée, les enfants de Qahira ont durement ressenti l'absence des parents, du père et de la mère. Sandy explique, avec des mots simples, clairs, qui témoignent de sa maturité avant l'heure, de cette situation.

"Depuis l'arrestation de notre mère, moi et mes frères et soeur sommes dans une situation de tristesse infinie. Nous ne pouvons ressentir aucune joie. A chaque occasion de fête, notre situation douloureuse causée par l'occupation nous rappelle notre triste sort. Quelle loi autorise cette injustice, de quel droit nous sommes devenus sans parents, nous sommes privés de notre enfance et du droit à l'affection de notre mère ? Notre mère s'occupait de nous, nous apprenait nos leçons et nous assurait tous les besoins. A l'occasion des fêtes, elle nous achetait tout ce dont nous avons envie, elle nous préparait les gateaux. Mais les fêtes passent, et notre mère est encore en prison. Jusqu'à quand ?"

 Sandy n'a pas oublié les détails de l'arrestation de sa mère Qahira. Qahira était orpheline et s'est mariée au camp de Jénine avec Nasir Saadi. Sandy explique que le 5 mai 2001, les forces de l'occupation ont arrêté son père, et un jour plus tard, ce fut au tour de la mère. Les forces d'occupation ont investi la maison, dans laquelle ils vivaient, à Ramallah, ils l'ont fouillé, puis ont attaqué Qahira avant de l'emmener en prison.

 "Quant à nous, nous n'avions personne pour s'occuper de nous, ils nous ont obligé à vivre dans un foyer, celui où vivait ma mère, pendant 6 mois. Ce furent les moments les plus difficiles à vivre. Ma mère est actuellement dans la prison de Ramleh, elle attend le jugement. Elle a été torturée et isolée pendant une longue période."

L'avocat de Qahira Saadi explique que le procureur exige une condamnation de 4 fois la prison à vie contre Qahira Saadi, pour appartenance aux Brigades des martyrs d'al-Aqsa.

En avril 2004, les forces de l'occupation israélienne détruisent la maison de la famille Saadi, dans le camp de réfugiés de Jénine. Les enfants vivent sous une tente. Sandy raconte : "la maison n'est pas importante, il est possible de vivre sous la tente, mais la présence de notre mère parmi nous représente la vie, l'avenir, l'espoir. Chaque fois que la date du jugement approche, nous ressentons la crainte, nous vivons en permanence dans la crainte, dans l'attente, dans l'angoisse du sort qui va lui être réservé. Sous prétexte de la sécurité israélienne, ma mère risque de perdre sa jeunesse derrière les barreaux. et sa vie va devenir un enfer.

Lorsque nous nous levons le matin pour aller à l'école, nous sommes déchirés par la tristesse : notre mère n'est pas là pour nous préparer, pour le départ à l'école, pour nous préparer les repas, nous n'avons pas sa chaleur, son affection, son attention."

La nuit, les cauchemars sont fréquents pour les enfants de Qahira. Les enfants souffrent aussi de ne pas pouvoir rendre visite à leur mère. La photo est là, et Sandy essaie de dessiner son visage. Depuis trois ans, dit Sandy, l'occupation nous prive de notre mère, il nous prive même de la visiter. Mes frères et soeur ont presque oublié ses traits. Quelle plus grande injustice encore ?

Leurs souhaits ? Alors que d'autres enfants rêvent d'un nouveau vêtement pour les fêtes, d'un nouveau jouet, les enfants de Qahira, eux, ne souhaitent que la libération de leur mère et la libération de tous les détenus, "pour que nous puissions nous réunir dans la joie, tous ensemble". Sandy ajoute : "je souhaite me blottir contre ma mère, qu'elle sèche mes larmes, et qu'elle m'embrasse tous les matins. Je souhaite pouvoir l'embrasser sur le front, que nous puissions être tous réunis autour d'une table. Je souhaite ma mère, je souhaite la sécurité. Quelqu'un peut-il réaliser nos rêves et nous souhaits ?"

Nadi al-Asir al-Filistini (Club des prisonniers palestiniens)

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