AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP |
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Fadwa, de Naplouse Depuis 28 ans, Umm Radi, mère du plus ancien prisonnier dans les prisons israéliennes, Sa'id Atabeh, attend la libération de son fils. Elle vit dans l'espoir. Son plus cher désir est de le serrer dasn ses bras avant qu'elle ne meure, car elle est âgée, et elle attend depuis longtemps. Dans quelques mois, Sa'id Atabeh aura passé 28 ans de sa vie en prison.
Il a été arrêté le 29 juillet 1977,
alors qu'il avait 26 ans, accusé de diriger une cellule palestinienne
de résistance à l'occupation, cellule liée au FDLP, qui a exécuté
plusieurs opérations militaires et dont Sa'id était l'organisateur.
Les autorités de l'occupation ont condamné Sa'id à la prison à perpétuité.
Il a déjà passé plus d'années en prison que hors de prison.
Umm Radi, 74 ans, se rappelle le jour de
l'arrestation de Sa'id, 28 ans presque plus tôt. Les forces de
l'occupation israélienne ont encerclé la maison familiale dans le
quartier al-Jisr Titi, dans la montagne au nord de la ville de Naplouse,
à 4 heures du matin, pour couper court à la joie de la famille qui se
préparait à fêter le mariage de sa soeur, le soir même. Sa'id s'était
préparé pour la soirée, mais ce jour là, il a commencé une nouvelle
histoire, avec son arrestation.
Umm Radi dit que la photo de son fils ne
l'a pas quittée durant 28 ans, elle pense toujours à lui, à tel point
qu'elle se réveille tous le matins en vitesse pour écouter les infos,
car peut-être entendrait-elle la nouvelle lui annonçant que son fils
serait bientôt libéré. Elle ajoute que lorsqu'elle écoutait les
nouvelles concernant l'échange des prisonniers ou les libérations,
elle se sentait revivre à nouveau. Mais, tout aussi rapidement, elle
ressentait une déception car Sa'id ne faisait pas partie des listes de
prisonniers libérés, bien que ses camarades du même groupe aient été
libérés, ainsi que plusieurs prisonniers accusés par Israël de cas
similaires, surtout en 1985, lors de l'échange de prisonniers entre
Israël et le FPLP-Commandement général, d'Ahmad Jibril, et récemment,
lors de l'échange entre Israël et le Hezbollah, mais aussi les
diverses opérations de libération suite aux accords d'Oslo avec
l'Autorité palestinienne.
Israël considère le prisonnier Sa'id
Atabeh comme faisant partie de ceux dont les mains sont entâchées de
sang, qu'il refuse de libérer. Umm Radi dit que les mains des Israéliens
sont entâchées du sang des Palestiniens, et que son fils était un résistant
qui respectait le programme de l'OLP, qui considérait à l'époque que
la lutte armée est la voie de la résistance. Et aujourd'hui, avec la
modification de la charte de l'OLP, il respecte les orientations de
l'OLP et croit dans l'alternative de la paix, et a déjà écrit à ce
propos.
Umm Radi parle des conditions d'arrestation
de Sa'id, tout en examinant sa photo qu'elle a mis dans tous les coins
de la maison. Elle dit que Sa'id a été plusieurs fois soumis à des
punitions de la part des geôliers. Il a été mis en isolement
individuel pendant de longues périodes, il a été transféré d'une
prison à l'autre, et surtout suite aux luttes menées par les
prisonniers dans les prisons de l'occupation, pour essayer de réaliser
quelques revendications humanitaires.
Sa sœur Sana' se rappelle que Sa'id
refusait de faire savoir à sa famille la souffrance qu'il endurait en
prison, afin d'alléger leur peine. Il est solide et sa volonté est
forte. Sana' ajoute que les forces de l'occupation refusent que ses frères
et sœurs lui rendent visite, seule la mère qui endurait pour arriver
jusqu'à la prison, pouvait le faire, mais elle a été interdite de
visites pendant plus de 4 ans, la dernière visite ayant eu lieu le 22
août 2000. Sana' se rappelle du jour où son père est sorti pour
rendre visite à Sa'id dans la prison de Nafha, il n'est pas rentré,
ayant eu une attaque au coeur, devant la grille de la visite. La famille
l'a transporté d'urgence à l'hôpital lorsqu'il est rentré à
Naplouse, qui était soumise à l'époque au couvre-feu. La famille a été
contrainte de l'emmener à pieds, ce qui lui a causé une autre attaque,
ce qui l'a achevé. 4 jours plus tard, il décédait dans la section des
soins intensifs de l'hôpital, après avoir demandé d'avoir une radio
pour écouter les informations sur les prisonniers sur son lit d'hôpital.
Concernant les participants aux campagnes
de solidarité avec les prisonniers, Umm Radi affirme qu'elle a toujours
tenu à participé à toutes les activités, même ces dernières années.
Elle est devenue âgée, et son corps ne supporte plus. La famille
Atabeh a eu une lueur d'espoir lorsque le dossier des prisonniers a pris
la priorité de la direction palestinienne, ce dossier ayant été au cœur
même des programmes électoraux des différents candidats à la présidentielle.
La formation d'une commission palestino-israélienne pour définir les
nouveaux critères pour la libération des prisonniers a rendu un peu
d'espoir. Dans ce cadre, la famille Atabeh a demandé à la direction
palestinienne et notamment à Abu Mazen et tous les partis et
organisations palestiniennes ainsi qu'aux organismes des droits de
l'homme, de faire en sorte de libérer tous les prisonniers, et en
premier lieu les anciens prisonniers qui ont passé leur jeunesse derrière
les barreaux.
Il faut rappeler que le nombre des
prisonniers dans les prisons de l'occupation s'élèvent à 8000
prisonniers, 17 d'entre eux ont passé plus de 20 ans en prison, dont 5
plus de 25 ans, et Sa'id est le plus ancien.
Source : R. Ousseiran (Liste Assawra)
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