Lutte
des prisonniers Palestiniens:
une
nouvelle étape de l’Intifada
Le
15 août 2004, les prisonniers palestiniens ont commencé
une grève de la faim pour protester contre la détérioration
critique de leurs conditions de détention. 1500 prisonniers
dans trois prisons centrales ont commencé le 15 août, et
2500 prisonniers des autres prisons centrales les ont
rejoint le 18 août, le total étant actuellement de 4000
prisonniers palestiniens en grève de la faim. Le mouvement
est également suivi par les prisonniers enfermés dans les
camps militaires (Ofer, Naqab et Meggido) qui, ne pouvant
pas mener la grève de la faim, organisent d’autres formes
de lutte pour affirmer leur participation à ce large
mouvement de protestation. De même, les prisonniers malades
menacent de rejoindre le mouvement à partir du lundi 23 août.
Ce
n’est pas la première fois que les prisonniers
palestiniens mènent une grève généralisée de la faim
dans la plupart des prisons. Déjà en 1992, une grève de
la faim de 15 jours avait forcé la direction des prisons à
apporter des améliorations dans les conditions de détention.
Avant et après, plusieurs mouvements de grève ou de grève
de la faim ont déjà eu lieu, surtout dans les prisons de
Beer Saba’, Ascalan, Nafha, et même dans l’ensemble des
prisons, pour des revendications politiques ou pour améliorer
les conditions de détention, comme la grève actuelle.
Que
réclament les prisonniers?
Une
vie digne et humaine, derrière leurs barreaux. La liste des
revendications est longue, elle a été plusieurs fois
diffusée, avec plus ou moins de précisions, selon les
diverses associations de solidarité avec les prisonniers.
En résumé, les prisonniers palestiniens réclament des
conditions décentes (nourriture, propreté), la suppression
des amendes, des vitres d’isolement dans les parloirs (américanisation
des prisons), des fouilles corporelles à nu, des fouilles
ininterrompues et provocatrices des pièces, ils réclament
également la fin des humiliations, des coups, des tortures
physiques et morales, l’autorisation des visites régulières
des familles, l’autorisation des appels téléphoniques
aux familles, le droit à étudier librement, le droit de
recevoir des colis (nourriture, vêtements, effets
personnels), le droit aux soins pour les malades et blessés,
etc…
Ce
sont des revendications justes et tout simplement humaines,
des revendications répondant aux normes des traités et
conventions internationales.
Autour
des prisonniers, c’est toute la société palestinienne
qui s’est mobilisée. Dans toutes les provinces et villes
de Cisjordanie et de Gaza, dans les territoires occupés en
1948, les Palestiniens ont affirmé dès le premier jour de
la grève leur solidarité et leur soutien au mouvement des
prisonniers. Des tentes de la liberté ont été montées
dans les principales villes, les populations y affluent, et
plusieurs personnalités ont déclaré entreprendre la grève
de la faim, en solidarité, comme cheikh Tamimi et
l’archimandrite Hanna Atallah.
Un
mouvement unifié
Les
appels du mouvement unifié des prisonniers (deux jusqu’à
présent) sont clairs : le mouvement de grève
entrepris par les prisonniers sous la direction unifiée des
prisonniers est un mouvement unitaire et non partisan. Le
second appel met clairement en garde contre le dévoiement
du mouvement par les organisations politiques, non pas parce
que les grévistes ne sont pas politiquement engagés, loin
de là, mais des prisons où ils sont, ils ont décidé de
porter un coup aux divisions de la scène palestinienne de
l’extérieur. Leur mouvement rassemble toutes les forces
politiques engagées dans la résistance palestinienne à
l’occupation, sans que leur mouvement revendicatif n’ait
de portée politique palestinienne.
C’est
en ce sens que nous devons, nous qui sommes engagés dans le
soutien au peuple palestinien et à ses justes
revendications de libération, respecter cette unité et la
mettre en valeur dans nos actions de solidarité.
Autour
des prisonniers, la société palestinienne est unie.
Combien de fois avons-nous entendu parler que dans telle
famille, il y a deux ou trois prisonniers, et que chacun
appartient à une organisation différente ? C’est
aussi le nombre des personnes arrêtées, toujours en prison
ou relâchées, qui unit la population palestinienne. Aucune
famille n’a été épargnée par les arrestations. Car il
ne suffit pas d’être membre d’une organisation pour être
arrêté ou jugé.
Quiconque
peut être arrêté par les soldats et emmené dans les
centres de détention, pour être enfermé de quelques jours
à plusieurs années, même sans jugement. Les familles qui
n’ont actuellement personne en prison en ont eu par le
passé. C’est pourquoi la question des prisonniers est la
question générale qui touche tous les Palestiniens. De
plus, les prisonniers appartiennent à toutes les catégories
d’âge : il y a les enfants, les jeunes, les adultes
et les vieux. Ils viennent de toutes les régions, du nord
et du sud, du centre, de l’est ou de l’ouest. Aucune
province n’a été épargnée, aucun camp n’a évité
les rafles ou les attaques armées.
Qui
sont ces prisonniers ?
D’après
les données des organisations de secours aux prisonniers,
comme Ansar al-sageen, il y a d’abord près de 418
prisonniers qui sont en prison depuis plus de dix ans, avant
les accords d’Oslo. Ce sont les prisonniers que l’Etat
sioniste a refusé de libérer dans le cadre de ces accords.
Depuis l’Intifada al-Aqsa, tous les autres.
Parmi
les prisonniers, 6 ont passé plus de 25 ans
11 prisonniers ont passé plus de 20 ans
297 prisonniers ont passé plus de 10 ans.
Le
plus ancien prisonnier est Saïd Atabeh, arrêté en 1977
(27 ans de prison).
Il
y a des Palestiniens accusés et jugés par Israël pour
avoir commis des actes de résistance armée contre
l’occupation, il y a ceux qui ont été kidnappés par les
troupes d’occupation lors des rafles massives, surtout
pendant le printemps et l’été 2001, il y a ceux qui ont
été accusés d’appartenir à des organisations
politiques « ennemies », il y a tous ceux qui
ont été arrêtés au cours des manifestations, des
affrontements avec l’armée d’occupation, soit en train
de lancer des pierres, en train de brûler des pneus, etc..
Il y a aussi ceux qui ont été arrêtés pour faire
pression sur les membres de leurs familles, recherchés par
les forces d’occupation. Il y a des jeunes accusés
d’avoir émis des souhaits de mener des actions contre
l’occupation. Parmi les prisonniers, des dirigeants
politiques : deux députés, Marwan Barghouty et Hussam
Khadr, un membre du comité exécutif de l’OLP, Abdul
Rahim Mallouh, des dirigeants de formations politiques,
Muhammad Kana’ina et Cheikh Raed Salah, ainsi que le chef
des Brigades d’Al-Aqsa, Nasir Uways, pour ne citer que
quelques-uns.
Concernant
leur origine, il y a d’abord tous les Palestiniens, de
Cisjordanie, de Gaza, des territoires occupés en 1948, et
d’al-Quds, il y a aussi les prisonniers arabes, comme
Samir Qintar, le seul prisonnier libanais encore en détention,
et des prisonniers jordaniens que le régime jordanien a
refusé qu’ils fassent partie des prisonniers libérés
par le Hezbollah, il y a aussi les prisonniers syriens du
Golan occupé. Le terme « prisonniers palestiniens »
renvoie à tous ces prisonniers.
Seuls
les prisonniers de Cisjordanie et de Gaza sont considérés
par Israël comme étant des prisonniers de l’Autorité
palestinienne, dont le sort peut être négocié. Les
prisonniers de la ville d’al-Quds (annexée), les
prisonniers du Golan (annexé) et les prisonniers de la
partie occupée en 48 (les Palestiniens de l’Intérieur)
sont considérés comme une affaire interne. Les prisonniers
arabes et étrangers peuvent également être l’objet de négociations.
Toutefois,
les prisonniers de Cisjordanie et de Gaza ne sont pas considérés
comme des prisonniers de guerre, ni traités en tant que
tels. Au contraire. Lors des accords d’Oslo, une partie
des prisonniers ont été libérés, mais une autre partie
gardée en prison et transférée dans les prisons situées
dans l’Etat d’Israël, en violation des traités
internationaux et surtout des conventions de Genève.
Depuis, Israël a fait fi de toutes ces considérations
juridiques, et emprisonne les Palestiniens dans des prisons
ou des centres de détention, sans distinction. Normalement,
les Palestiniens arrêtés en Cisjordanie et à Gaza sont
dans des centres de détention jusqu’à ce qu’ils
passent dans un tribunal militaire, qui prononce la peine.
Lorsque la peine est prononcée, ils sont transférés dans
les prisons centrales, situées dans l’Etat sioniste. Mais
de nombreux prisonniers sont restés dans les centres de détention
même après leur jugement par le tribunal.
Les
prisonniers administratifs sont les personnes arrêtées
mais non jugées, gardées en détention à cause de «dossiers
secrets » tenus par les services de renseignements.
Ils étaient 1135 détenus administratifs au mois de juillet
dernier. Leur détention peut être renouvelée sans arrêt,
de six mois en six mois. Pour ce millier de prisonnier,
l’incertitude qui entoure le temps de leur détention est
leur plus grande souffrance. Tous les six mois, ils espèrent
faire partie du lot de ceux qui partent. Il y a aussi ceux
qui n’ont pas été jugés, mais qui ne sont pas
administratifs encore, et ils sont près de 3000. Ce sont
les personnes récemment arrêtés, qui se trouvent souvent,
avec les prisonniers administratifs, dans les prisons
militaires.
Les
prisonniers de la ville d’al-Quds, de Palestine 48 et du
Golan sont considérés comme des prisonniers « intérieurs ».
Si le droit de visite des familles est plus souple, ils n’échappent
cependant pas aux traitements humiliants et musclés faits
aux autres prisonniers palestiniens. Dans les prisons, ils mènent
les mêmes luttes, partagent les mêmes espoirs et
retrouvent l’unité du pays que les dirigeants sionistes
essaient de morceler. A la différence des prisonniers
arabes, les prisonniers du Golan syrien occupé ont le même
sort que les Palestiniens de 48, à cause de l’annexion.
Bien que la plupart des Syriens du Golan aient refusé la
nationalité israélienne, ils subissent le sort des
Palestiniens de 48.
Dans
toutes les négociations entre l’Autorité Palestinienne
et le gouvernement israélien, la question des prisonniers a
été soulevée, probablement pas avec assez de fermeté de
la part de l’Autorité palestinienne. Il est vrai que les
résultats ont été bien maigres. A deux reprises, le
gouvernement israélien a « libéré » des
prisonniers au cours des deux dernières années : en
août 2003, les prisonniers relâchés sont ceux dont les
peines étaient presque achevées ou qui étaient en détention
administrative et en février 2004, lors de l’échange de
prisonniers entre l’Etat d’Israël et le Hezbollah, les
prisonniers palestiniens libérés ont été ceux dont les
charges étaient les moins lourdes ou qui devaient prochaînement
sortir. Nadi al-asir al-Filistini décrit ces « libérations »
comme une mesure pour régler la surpopulation momentanée
des prisons et centres de détention.
Les
prisonniers palestiniens suivaient de près les négociations,
en y mettant beaucoup d’espoir. Leurs attentes ont été déçues,
et en attendant leur libération, ils souhaitent au moins améliorer
leurs conditions de détention. C’est le sens de ce large
mouvement de protestation des prisonniers. Depuis plusieurs
mois, les prisonniers mènent des luttes sporadiques,
partielles, espérant se faire entendre de la direction des
prisons, mais sans succès. Au contraire, non seulement les
mouvements sont réprimés férocément, comme la répression
des prisonniers de Shatta, au mois de juillet dernier, mais
les conditions de détention empirent : les amendes qui
étaient irrégulières sont devenues la norme dans toutes
les prisons, les fouilles à nu ont augmenté depuis le
scandale de la prison irakienne d’Abu Ghurayb, les
provocations dans les pièces sont devenues quasi
quotidiennes et la politique d’isolement est devenue systématique
envers tout prisonnier qui montre une tendance à la révolte.
Comme
l’armée israélienne face à la population palestinienne
dans les villes, camps et villages, les autorités carcérales
durcissent le ton envers les prisonniers, comme s’il y
avait une volonté politique précise de casser tout
mouvement, de montrer une intransigeance de fer sans faille
envers tout le peuple palestinien et ses revendications.
Guatanamo,
Abu Ghrayb et Khiam
Depuis
quelques mois, les prisonniers et leurs avocats, leurs
familles ou les comités de soutien sont unanimes à dire
que la répression qui sévit contre les prisonniers a
atteint des niveaux jamais vus jusque là. Les coups et les
humiliations sont généralisés, les privations
quotidiennes. La plupart des réalisations antérieures des
prisonniers, obtenues par leurs luttes, ont été supprimées.
Deux explications peuvent être avancées pour éclairer
cette situation:
1
– Le gouvernement Sharon renforce sa répression contre
tout le peuple palestinien. Il veut en finir avec la résistance
palestinienne, avec toute revendication de libération du
peuple palestinien. Les assassinats ciblés, les
bombardements aveugles, les destructions de maisons, de
quartiers tout entiers, la construction du Mur,
l’accentuation de la colonisation, l’étouffement de
toute vie à al-Quds, tout est fait pour écraser et faire
taire le peuple palestinien. La répression dans les prisons
procède de cette même politique de la terre brûlée,
comme si Sharon et son gouvernement voulaient en finir le
plus tôt possible avec « une épine » au moment
où les Etats-Unis sont dans la même logique dans le monde,
contre ce qu’ils nomment « le terrorisme ».
2
– Comme les Etats-Unis à Guantanamo et à Abu Ghrayb en
Irak, Israël veut imposer une situation où il est dégagé
des divers traités internationaux qui le lient, sous prétexte
que les prisonniers palestiniens sont des « terroristes ».
Ce qui ne signifie pas que jusque là, Israël a respecté
ces traités ou les conventions de Genève relatives aux
prisonniers, mais quand les représentants du gouvernement
sioniste se retrouvaient dans les tribunes internationales,
ils essayaient de se justifier, concernant les traités
qu’il a signé, et promettaient d’améliorer, de régler,
etc… la situation. Concernant les conventions de Genève,
Israël n’a jamais voulu admettre qu’il est concerné
par elles car il ne reconnaît même pas qu’il est un Etat
occupant.
Mais
actuellement, il s’agit encore d’autre chose. Israël ne
cherche même plus à faire semblant, car il prend pour modèle
l’attitude des Etats-Unis à Guantanamo. Des milliers de
gens enfermés, dans des conditions épouvantables, sans
jugement, sans visites, hors de toutes les normes
internationales, avec l’arbitraire le plus total, sous prétexte
de lutte contre le « terrorisme ».
Des
prisonniers palestiniens ont récemment fait état que la
direction des prisons ou même les gardiens les menaçaient
de faire comme à Abu Ghrayb, s’ils n’étaient pas
contents de leur sort. Car après Guantanamo, l’horreur
des pratiques dans la prison irakienne est un autre modèle
que les occupants sionistes n’ont pas imité, du moins
dans toute son ampleur. En réalité, le modèle d’Abu
Ghrayb a commencé à être mis en pratique, comme les
fouilles collectives à nu. Plusieurs témoignages récents
ont fait état de ces pratiques humiliantes. Il faut dire
aussi que certaines pratiques américaines à Abu Ghrayb ont
quand même été devancées par les sionistes dans la ou
les prisons secrètes, dont la prison numérotée 1391 :
une prison à l’abri de tous les regards, où les services
de renseignements israéliens pratiquent les actes les plus
vils et les plus féroces pour faire « avouer »,
pour humilier et punir les personnes arrêtées.
Combien
de prisons secrètes reste-t-il encore à découvrir ?
Au
moment de l’affaire d’Abu Ghrayb, plusieurs personnes
bien intentionnées ont immédiatement fait circuler des
informations sur des tortures et viols commis par les
gardiens israéliens dans les prisons, voulant mettre en
parallèle les deux situations. Il est vrai que les tortures
sont pratiquées et qu’elles sont généralisées, puisque
la plupart des prisonniers subissent le shabeh, qui n’est
ni plus ni moins un acte de torture. Plusieurs témoignages
de prisonniers viennent confirmer les tortures morales et
physiques pratiquées contre les adultes et les enfants,
lors des interrogatoires. Concernant les viols, ils existent
également et des témoignages ont été recueillis auprès
des prisonniers, notamment des enfants.
Il
est vrai aussi que des instructeurs israéliens ont participé
aux tortures des prisonniers d’Abu Ghrayb, mais ce qui
différencie fondamentalement les deux expériences est que
dans Abu Ghrayb, les gardiens et leurs responsables américains
voulaient humilier et se venger d’un peuple, des valeurs,
d’une civilisation, juste après leur invasion de l’Irak,
comme pour « goûter à leur victoire ». Alors
que dans les prisons sionistes, bien que les pratiques
soient anciennes, elles n’ont pas été généralisées.
Mais dans le climat actuel, les gardiens et les soldats
sionistes montrent un sadisme de plus en plus affirmé. Des
soldats commencent à prendre des photos de leurs « exploits »
à l’extérieur des prisons.
D’ailleurs,
les soldats et gardiens sionistes ont jusque là laissé
faire, du moins en apparence, ce « sale boulot »
aux non-juifs. Comme pour les massacres de Sabra et Chatila,
où l’armée de Sharon a laissé faire les milices chrétiennes
libanaises, supervisant les opérations et assurant la
tranquillité des bourreaux, les soldats et gardiens font exécuter
les basses et viles opérations par les « druzes »
et les membres des milices chrétiennes récupérés après
la libération du sud-Liban. Beaucoup de témoignages de
prisonniers se plaignent de la répression sauvage menée
par ces catégories, à tel point que les responsables de la
communauté druze (palestinienne de 48) ont été obligés
de publier un communiqué désavouant les pratiques des
membres haineux de leur communauté (juillet 2004).
Un
précédent israélien, quand même, avant Guatanamo, c'est
la prison de Khiam, au sud-Liban occupé. Située en
territoire conquis et non occupé, selon les normes israéliennes,
cette prison était administée par les sionistes et les
miliciens de Lahd. Si les militaires israéliens ne se
mouillaient pas fréquemment dans les actes les plus dégradants,
laissés comme à l'ordinaire aux miliciens qui
assouvissaient leur soif de vengeance, la prison de Khiam
est restée pendant très longtemps une prison "secrète",
hors des contrôles internationaux, hors des normes.
Comment
soutenir les prisonniers palestiniens
Aujourd’hui,
les prisonniers palestiniens ont engagé un mouvement de grève
de la faim illimitée pour réclamer l’amélioration de
leurs conditions de détention. Ils ont mis leur propre vie
en jeu, sachant que le gouvernement israélien et la
direction des prisons affichent jusqu’à présent une
intransigeance arrogante à leurs demandes. Les déclarations
des dirigeants sionistes sont claires: « les
prisonniers peuvent mourir », « on ne les
accueillera pas dans les hôpitaux israéliens » a déclaré
le ministre israélien de la sécurité intérieure. Une
dure bataille est engagée, et les prisonniers affirment
qu’ils iront jusqu’au bout.
Il
est évident que nous devons populariser leur lutte, que
nous devons exprimer très haut notre solidarité avec eux
et faire en sorte que le gouvernement israélien cède à
leurs revendications. Nous devons multiplier les actes de
solidarité, expliquer largement les conditions dans
lesquelles ils se trouvent et les raisons de leur mouvement.
Nous
devons également exiger des responsables politiques
qu’ils fassent pression sur le gouvernement israélien
pour l’amener à céder.
Nous
devons contacter les organisations internationales
humanitaires pour les amener à se rendre dans les prisons
israéliennes au plus tôt : la Croix-Rouge
internationale ne peut continuer à pratiquer la politique
de l’autruche devant les autorités israéliennes.
Mais,
au-delà de ces actions qui visent à faire aboutir les
revendications actuelles des prisonniers palestiniens, il
est nécessaire de reposer cette question sur ses bases
correctes:
nous
devons exiger la libération de tous les prisonniers
palestiniens. Il faut exiger de tous ceux qui participent
aux négociations de mettre la libération des prisonniers
palestiniens comme préalable à toute négociation. Il faut
que cette question soit au centre de l’activité de toutes
les associations qui soutiennent le peuple palestinien. Les
prisonniers palestiniens sont tous des combattants pour la
liberté. Aucune avancée politique ne peut être réalisée
si les prisonniers palestiniens ne sont pas libérés et
aucune partie, ni israélienne ni autre, n’a le droit de
distinguer entre eux, entre ceux qui ont les mains « tâchées
de sang » et les autres. Car à la base, c’est
l’occupation d’un pays qui a mené à la résistance et
à la lutte pour la libération.
R.
Ousseiran
22
août 2004