AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP |
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On
ne peut pas briser notre esprit ni notre détermination : 22
septembre 2004.
Les prisonniers politiques palestiniens ont commencé une grève de la faim illimitée le 15 août afin de mettre en lumière les conditions effroyables qui existent dans les centres de détention israéliens.
Ils disaient que c'était une grève de style « irlandais », signifiant par cela qu'ils étaient préparés à faire la grève jusqu'au bout : c'est-à-dire jusqu'à la mort. Au moment où la grève s'est arrêtée le 3 septembre après que les autorités israéliennes aient accepté de répondre à beaucoup de leurs demandes, 3.000 des 7.500 prisonniers politiques étaient entrés en grève de la faim. La protestation s'est étendue au-delà des murs des prisons, les palestiniens s'étant ralliés à la grève des prisonniers. Des tentes de solidarité ont été érigées près des bureaux de la Croix Rouge à Ramallah, Qalqilya, Naplouse, Bethlehem, Salfit, Az Zawiya et dans d'autres villes et villages de Cisjordanie et de Gaza. Des 'sit-in' et des marches ont été coordonnés par le Comité pour les Familles de Prisonniers Politiques et de Détenus en Cisjordanie. Les prisonniers protestaient contre les conditions effroyables sous lesquelles ils sont forcés de vivre. Ils demandaient simplement que les autorités pénitentiaires israéliennes respectent et appliquent les règles reconnues internationalement régissant l'emprisonnement. Dans la situation actuelle, le traitement des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes est en infraction non seulement avec la loi israélienne mais également avec les lois internationales concernant le traitement des prisonniers politiques. Les prisonniers politiques demandaient que les gardiens de prison arrêtent de les battre et qu'ils arrêtent de tirer des gaz lacrymogènes à l'intérieur des cellules. Ils insistaient pour que les autorités pénitentiaires mettent immédiatement fin à la pratique d'isolement sur de longues périodes. Les prisonniers demandaient que les autorités pénitentiaires arrêtent de déshabiller les membres de leurs familles qui leur rendaient visite. Ils ont également demandé que les restrictions concernant les visites familiales soient levées et que, lors des heures de visite, les prisonniers et leurs familles ne soient pas séparés par une paroi en verre, qu'il leur soit permis un contact physique avec des membres de leurs familles et que les prisonniers mineurs soient logés séparément des prisonniers adultes. Plus de 600 prisonniers mineurs sont actuellement détenus dans des centres de détention adulte. La ville de Salfit elle-même a 43 hommes en prison. La plupart d'entre eux n'ont pas reçu de visite de leurs familles depuis plus de 2 ans. Certains n'ont même pas eu le droit d'avoir des contacts avec leurs avocats. Une famille à Rafat a deux fils en prison, le troisième s'est tué sept ans auparavant….Une autre famille attend toujours un mot de leur fils, Mohamed, qui a disparu il y a deux mois. Un article dans les journaux a mentionné l'arrestation d'une personne que sa famille soupçonne d'être Mohammed, mais les autorités israéliennes n'ont aucun dossier sur lui. Un des prisonniers politiques de cette région se nomme Rabia Souf, 19 ans, dont la famille vit à l'étage en dessous du IWPS. Il est détenu depuis presque deux mois depuis qu'il a été arrêté à la frontière jordanienne par le Shabak (services secrets israéliens). Il partait pour la France afin de participer à un atelier de méditation avec de jeunes palestiniens et israéliens. L'atelier enseigne une méthode pour atteindre un état de bien-être pacifique. Lors des premières semaines d'interrogatoire, personne n'a eu le droit de lui rendre visite, même pas son avocat. Son père, Abu Rabia, est un avocat vedette de la résistance non violente contre l'occupation et un activiste partenaire du mouvement israélo-palestinien Ta'ayush. Une semaine après l'arrestation de son fils et après beaucoup de nuits blanches, il a écrit : « Rabia a peut-être été pris pour avoir fait quelque chose contre l'occupation : mais nous avons le droit de nous défendre. Ils essayent peut-être de détruire ma réputation en tant qu'activiste de la paix avec Ta'ayush et avec d'autre mouvements de résistance non violentes, en déclarant que mon fils a envisagé ou a utilisé la violence ». « Rabia a été fait prisonnier le 26 juillet 2004, le lendemain du jour où j'ai été fait prisonnier dix huit années auparavant. Rabia n'avait qu'un an et demi quand j'ai été arrêté le 25 juillet 1986. Il ne savait dire que « baba » (père en arabe). Tout comme mon père que j'ai vu être emmené en prison, mon fils m'a vu comme un prisonnier. Les épreuves se suivent et mon deuxième fils, Sharaf, est mort à cette même époque. Il n'avait qu'un mois. Moi en prison, ma femme et Rabia n'avaient rien à manger ». « Mon fils Rabia a grandi sans père. Il avait 14 ans quand il m'a revu : enfin un homme libre, mais cassé intérieurement. Rabia n'a jamais reçu de cadeaux d'anniversaire ni lors des différentes fêtes ; tout ce qu'il avait était un père absent et une mère qui se battait pour survivre seule ». « J'essayais d'imaginer à quoi ressemblait mon fils, comment il vivait et comment il se sentait. Je recevais souvent ses bulletins scolaires. Rabia était un étudiant modèle, le premier de sa classe. J'étais tellement fier de lui mais il ne le savait que de loin étant donné que je n'ai jamais pu être présent lors de ses remises de diplômes ». « Durant toutes les années pendant lesquelles j'étais en prison, mon frère Issa était comme un père pour mon fils. Je n'aurais pas pu demander un meilleur père qu'Issa. Issa a éclairé la conscience de Rabia avec des rêves de paix, de tolérance et d'une construction d'amitié avec les israéliens. Mais Rabia a dû encore une fois devenir le témoin d'une autre tragédie, cette fois-ci concernant son deuxième père. Le 15 mai 2001, l'armée israélienne a tiré sur Issa, le paralysant à vie. Cet incident horrible et injuste a traumatisé encore plus Rabia. » « Si j'avais fait quelque chose pour mériter cela, alors ils auraient dû m'attraper moi et non mon fils. Le fait d'avoir mon fils en prison est pire pour moi que si j'avais du passer le restant de ma vie en prison, en isolement. » Presque six semaines s'étaient passées depuis son arrestation avant que Rabia n'ait eu le droit de téléphoner à sa famille. Il a dit à son frère de trois ans, Sajid, qu'il était en Jordanie, et, à sa mère, qu'il était plus en sécurité maintenant que lorsqu'il étudiait à Naplouse. A la même époque où Rabia a été fait prisonnier, Nour, une femme de 23 ans du village de Salfit de Deir Istya, a été libérée de prison. Elle avait passé deux ans en prison. Nour avait été arrêtée au check-point Huwwara. Elle commençait juste à devenir active politiquement et les raisons de son arrestation ne sont toujours pas claires. Alors que la majorité des prisonniers politiques palestiniens sont des hommes, 106 prisonnières politiques sont détenues dans des prisons israéliennes. Les
conditions dans les prisons israéliennes pour les femmes sont semblables
à celles des prisons pour hommes. Les pièces sont sales est souvent
infestées de rats et de cafards. La ventilation des cellules est très
faible et la chaleur y est insupportable. Les prisonnières sont battues,
maltraitées et mises à l'amende régulièrement. Les gardiens appliquent
une punition collective. Les femmes subissent également des jets de gaz
lacrymogènes dans leurs cellules. On leur dénie régulièrement des
traitements médicaux. Des membres de l'IWPS ont interviewé plusieurs anciennes prisonnières politiques. Toutes rapportent qu'elles ont été torturées lors des interrogatoires et maltraitées en prison. Nour se souvient que pendant leurs règles, on empêchait souvent les femmes de se laver ou de changer de vêtements. Son amie Nerva a accouché en prison et son bébé est resté avec elle. Nour a été particulièrement affectée par le genre de torture infligé à Nour et son enfant et se souvient comment les gardiens utilisaient le bébé pour la tourmenter. Les gardiens séparaient le bébé de sa mère. Ils privaient l'enfant de nourriture et de contact humain et Nerva pouvait entendre les cris du bébé délaissé qui pleurait dans une autre cellule. C'était pour de telles formes de torture que les prisonniers politiques palestiniens, hommes et femmes, ont fait la grève de la faim. Alors que la grève entrait dans sa deuxième semaine, les officiels israéliens ont commencé à priver les prisonniers grévistes de traitement médical et à faire des barbecues de viande à l'extérieur des cellules pour briser leur détermination. 'Electronic Intifada' rapporte : « En accord avec les directives du ministre de la santé israélien, les hôpitaux israéliens ne peuvent pas recevoir les prisonniers grévistes…les gardiens des prisons israéliennes ont retiré les livres, journaux, cigarettes et le sel des prisons pour punir les grévistes. (Le sel est absolument nécessaire pour rester vivant pendant les périodes prolongées sans nourriture). Les avocats ont également été empêchés de rencontrer les prisonniers et les visites des familles ont été arrêtées. » On rapporte le 26 septembre que les prisonniers avaient perdu 13 kg en moyenne. Les autorités pénitentiaires israéliennes ont nié que les palestiniens avaient gagné quoique ce soit de cette grève. « Ils n'ont rien gagné. Nous n'avons pas eu de discussions avec eux. Ils ont recommencé à manger sans conditions » a dit le commandant des prisons, Yaacov Ganot, à Reuters. Néanmoins, Hisham Abdel-Razek, le ministre palestinien aux questions des prisonniers a dit que les prisonniers avaient décidé de mettre fin à la grève parce que leurs demandes pour une amélioration des conditions avaient été suivies. Il reste à voir si les autorités israéliennes mettront en oeuvre les standards internationaux humanitaires dans les prisons dans lesquelles sont enfermés les prisonniers politiques palestiniens. Il semble clair que les prisonniers ont inspiré une nouvelle vague de résistance parmi ces palestiniens qui jusqu'à présent n'avaient été emprisonnés que par les check-points, les murs et les barrières.
Appel à une action Malgré le fait que la grève de la faim ait maintenant pris fin, les demandes n'ont pas été satisfaites. Le Comité pour les Familles de Prisonniers Politiques et de Détenus en Cisjordanie, cherche le soutien de la communauté internationale pour sa campagne visant un meilleur traitement pour les 7.500 prisonniers politiques et pour eux-mêmes. Le Comité souhaiterait que des membres de la communauté internationale prennent quelques minutes de leur temps surchargé pour envoyer des messages de protestations aux individus et aux institutions responsables d'avoir adhéré aux standards internationaux sur les droits humains. Lettre type (en anglais) sur :
Le gouvernement israélien aimerait que le monde oublie qu'il viole les standards internationaux sur les droits humains quant à son traitement de milliers de prisonniers politiques, tout comme il aimerait qu'on oublie qu'il est toujours en train de construire le Mur de l'Apartheid que la Cour de Justice Internationale a jugé illégal.
Nous ne devons pas oublier. Sans notre action, rien ne changera. Source: http://www.ipc.gov.ps/france/article/065.html |
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