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Rapport de Nadi al-asir al-Filistini
Dans
un rapport établi le 25 janvier, Nadi al-asir al-Filistini livre des témoignages
sur les tortures subies par les prisonniers palestiniens, dans les centres
d'interrogatoire et au cours des arrestations.
1 - Le prisonnier Amine Ahmad Jamil Shuqayrat, de Sawahira Sharqiya,
Bethlehem
Il a témoigné avoir été sauvagement torturé au cours des
interrogatoires.
Les instructeurs l'ont menacé de prison à perpétuité, d'assassinat même,
lui
demandant la manière dont il souhaitait être assassiné, l'instructeur
braquant son pistolet devant ses yeux.
Ils ont agrandi sa photo qu'ils ont attachée au mur, pour tirer dessus
afin
de le démolir psychologiquement et l'obliger à avouer. Alors qu'il était
exténué, ils se sont mis à le frapper sur tout son corps, à l'obliger
à se
tenir dans la position du cheval, faisant un angle de 45°, pour une
longue
période, ce qui lui a causé des douleurs au dos. Il est tombé par terre
mais
les instructeurs l'ont relevé et l'ont battu de nouveau en l'insultant.
Les instructeurs l'ont également posé sur une chaise, les pieds attachés
sur
les pieds de la chaise, l'instructeur s'assit devant lui, lui tient
les
jambes et pousse le corps en arrière, lui faisant tirer sur le corps
pendant
trois heures de suite. Le prisonnier a perdu connaissance à cause de la
douleur. Il a ensuite été aspergé d'eau froide et ramené sur la
chaise.
Ses mains ont été attachées à l'arrière, et les instructeurs
ont tiré très
violemment les bras en arrière de telle manière que le prisonnier a
senti que
ses bras se découpaient, il souffre encore de lésions aux bras. Ils
l'ont
empêché de dormir, ce qui lui a fait perdre connaissance. Les
instructeurs
en ont profité pour lui dire qu'il a parlé au cours de son évanouissement,
et qu'il a avoué beaucoup de choses, augmentant la pression psychologique
sur lui, qui ne sait plus si cela est vrai ou pas. Les instructeurs ont
ensuite asperger ses oreilles d'un produit détergent, le prisonnier
affirmant qu'il a très mal et qu'il n'entend plus très bien. Il a été
réveillé en pleine nuit pour recevoir de l'eau froide sur tout son
corps.
Parmi les autres formes de torture, les instructeurs lui ont annoncé
avoir
arrêté son épouse enceinte de 8 mois, et qu'ils l'ont torturée, que le
bébé
est mort suite à son avortement forcé au cours de la torture. Ils ont
amené
ses parents au cours de l'interrogatoire, il les a vus dans un pièce
avoisinante. Il lui a été dit qu'il pourrait lui-même les délivrer
s'il
avouait. Il a été obligé d'inventer une histoire pour qu'ils soient libérés.
En conséquence des tortures savauges qu'il a subies, son corps est faible
et
sans force, il souffre de plusieurs maux. L'avocat Ma'moun Hashim qui l'a
visité a témoigné des traces des coups et de la fatigue extrême dans
laquelle il se trouvait. L'avocat indique qu'il a obtenu du juge de
poursuivre en commission d'enquête toutes les personnes responsables de
son
état.
L'avocat Hashim a déclaré : "Au cours des interrogatoires, les
instructeurs
ont menacé Shuqayrat de lui couper la gorge et de boire son sang, il
semble
qu'Israël utilise des instructeurs anthropophages..."
2 - Le prisonnier Uthman Ibrahim Younes : condamné à 4 perpétuités
Il a été arrêté le 26 août 2003, alors qu'il rendait visite à son
ami Khaled
Narouti, que les forces de l'occupation ont ensuite assassiné, alors
qu'il
se trouvait à l'hôpital de Rafidia, à Naplouse. Uthman était gravement
blessé, il était resté 5 jours sans connaissance, et le 6ème jour, les
forces de l'occupation sont entrées à l'hôpital et l'ont kidnappé de
la
salle de réanimation. Le prisonnier s'est réveillé et s'est retrouvé
dans un
hôpital des forces de l'occupation, où il est resté 25 jours. Il a été
ensuite emmené à Petah Tikva, centre d'interrogatoire, mais vu la
dégradation de sa santé, il a été ramené à l'hôpital.Il a passé
plusieurs
mois à être transporté d'un hôpital à l'autre, sans être soigné
sauf par des
antibiotiques. Il atterrit finalement à l'hôpital de Ramleh et comme il
était négligé, il a mis le feu à sa chambre. Il a ensuite été transféré
à la
prison de Haddarim en décembre 2004.
Le prisonnier souffre de sa main, deux doigts ont été coupés et le
reste de
la main est presque paralysée. Il est blessé à la jambe gauche,
et souffre
de plusieurs maux, dus à l'ablation de plusieurs organes digestifs. Il ne
peut s'alimenter qu'avec des liquides. Mais la direction de la prison
néglige entièrement son état de santé.
3 - Le prisonnier Ahmad Khaled Abdel Latif Jayyousi, Tulkarm, 25 ans,
condamné à 35 perpétuités et 10 ans
Il a été arrêté le 8 mars 2002 dans le camp de Tulkarm par les forces
spéciales de l'occupation qui avaient occupé le camp.
Le prisonnier témoigne : "ils nous ont attachés les mains avec des
liens en
plastique, et mis à l'arrière. Nous sommes restés assis pendant des
heures,
dans cette position, dans le froid. Ils battaient quiconque bougeait, ils
nous ont interdit de nous rendre aux toilettes. J'ai demandé au soldat de
desserrer les liens un peu à cause de la douleur, il a répondu en me
donnant des coups de pieds, il m'a levé et m'a jeté sur un tas de vitres
brisées, ce qui a causé des blessures sur tout mon corps.
J'ai été transféré le 9 mars à l'interrogatoire. Ils m'ont mis dans
la pièce
des interrogatoires, assis en position de shabeh, les mains et les pieds
attachés. Je suis resté dans cette position trois jours, avec
interdiction
de dormir. Quand je m'assoupissais, ils me lançaient de l'eau froide sur
le
corps et le visage. J'ai été bien entendu interdit de prières aussi.
Ils ont
menacé de tuer ma fiancée, ma mère et mon père, ou de les torturer.
J'ai ensuite été emmené à la prison de Jalameh, pour interrogatoire.
Les
cellules de la prison sont dans un état dégradant : saleté, cafards,
rats,
matelas sale....
Ensuite, je fut emmené à la prison de Akka, pour une semaine, et je suis
resté ensuite à Jalameh pendant 4 mois.
Le 2 juillet 2002, j'ai été transféré à la prison de Shatta, où ils
m'ont
fouillé à nu, tout en gardant mes chaînes. Ils m'ont déshabillé de
force, et
je suis resté quatre mois dans un état de privation et de déshumanisation
totale. J'ai été transféré à la prison de Ramleh pendant quatre mois,
puis à
Meggiddo, Shatta, puis Gilboa (section autre de Shatta). Le 15 février
2003,
j'ai été transféré à Haddarim. Je souffre dans tout le corps, j'ai
plusieurs
blessures à cause des coups pendant les interrogatoires.
4 - Le prisonnier Tamer Rasem Salim Rimawi, Beit Rima, Ramallah
Il a été arrêté le 28 mai 2003, lorsque les forces de l'occupation ont
investi l'immeuble à il habitait.
Il a eu les yeux bandés, les mains et les pieds attachés derrière le
dos
avec du plastique. Lorsque j'ai demandé de desserrer les liens, j'ai été
emmené chez l'officier qui m'a frappé avec la crosse du fusil et par des
coups de pieds. J'ai été ensuite emmené à Ofer, dans la jeep
militaire, j'ai
été frappé pendant tout le trajet sur tout mon corps. A peine arrivé
à Ofer,
je suis de nouveau transféré à Moskobiyya, où j'ai été fouillé à
nu. Ils
m'ont obligé à rester nu, accroupi, pendant l'interrogatoire.
Ils m'obligeaient à avoir des positions humiliantes pendant
l'interrogatoire. Ensuite, j'ai été attaché à une chaise, mes pieds et
mes
mains attachés par des chaînes liées à la chaise. Je suis resté dans
cette
position pendant 17 heures, sans nourriture, sans boisson, avec
interdiction
d'aller aux toilettes.
Ils ont insulté ma famille, avec des paroles humiliantes, ils m'ont menacé
d'arrêter tous les membres de ma famille, de détruire ma maison.
J'ai été transféré à Ascalan où je suis resté 50 jours, puis d'une
prison à
l'autre, pour finir à la prison de Haddarim. Dans cette prison, j'ai été
battu par les geôliers, surtout sur la tête.
5 - Le prisonnier Baha' Umar Azzam Abu Laymouna, du camp de Tulkarm
Il a été arrêté le 21 septembre 2004, dans sa maison par des forces de
l'armée d'occupation et des services de renseignements. "Ils m'ont
attaché
les mains et les pieds avec des liens en plastique, m'ont bandé les yeux,
ils m'ont pris dans une jeep militaire où ils m'ont frappé et insulté,
tout
le long de la route. Après un bref passage au centre militaire de Tulkarm,
j'ai été emmené sans savoir où, ils m'ont assis sur une chaise, je
suis
resté des heures, attaché, en plein air, dans le froid. Puis j'ai été
mis
dans une cellule pendant 47 jours, où j'étais interrogé.
L'interrogatoire
durait des heures sans arrêt, j'étais attaché. Ils m'ont menacé de démolir
ma maison, d'arrêter les membres de la familles, et m'ont provoqué de
plusieurs manières.
6 - Le prisonnier Mousa Nabil Musa Hazin, du camp de Qalandia, 20 ans.
Il a été arrêté le 29 septembre 2002. Les soldats l'ont frappé sur
tout le
corps avec des matraques, les mains, les pieds et les crosses des fusils,
au
cours de l'arrestation, jusqu'à ce qu'il arrive à Moskobiyya. Il est
resté 9
jours, en position de Shabeh pendant trois jours, les pieds et les mains
liées. Il fut longuement battu et il ajoute "l'instructeur me
battait
tellement fort que je pensais qu'il avait un problème personnel avec moi.
Il
était d'une sauvagerie inimaginable".
7 - Le prisonnier Khadr Hassan Khadr Debs, de Gaza, 24 ans
Le prisonnier était étudiant à l'université de Beer Zeit, il a été
arrêté le
12 janvier 2004 dans la ville de Beer Zeit. Il a été attaché et les
yeux
bandés. Il a été obligé de rester dans le froid et sous la pluie, plus
de
deux heures. Il a été ensuite emmené à sa maison, pour qu'elle soit
fouillée. Ils sont détruit toutes ses affaires personnelles, y compris
son
projet de mémoire qu'il devait bientôt présenter. Il a été jeté du
haut des
escaliers vers le bas, puis emmené dans une jeep militaire où pendant
une
heure et demi, il est battu sauvagement. Il a été fouillé à nu en
arrivant à
Moskobiyya. Ensuite, il est emmené en interrogatoire où il reste 120
heures
de suite, les mains et les pieds attachés, et les yeux bandés, sans
possibilité de dormir. Ils l'ont menacé de démolir sa maison, d'arrêter
les
membres de sa famille. L'interrogatoire a duré pendant 50 jours, dans les
cellules de Moskobiyya.
8 - Le prisonnier mineur Mahmoud Adnan Salah, de Bethlehem
Il affirme avoir été pendant 80 jours dans les cellules, entre les rats
et
les cafards, dans des petites cellules où se trouvaient quatre
prisonniers
alors qu'elles ne peuvent contenir que deux. Il a été frappé par les
membres
de la police, il a eu les mains et les pieds attachés, en position de
shabeh
pendant de longues heures.
9 - Le prisonnier Nabil Ahmad Salem Ubayat, de Bethlehem
Les instructeurs l'ont empêché de dormir pendant trois jours, il avait
les
mains et les pieds attachés, assis sur une chaise. Il ne pouvait pas
manger
ni aller aux toilettes. Il buvait uniquement grâce à un biberon que les
instructeurs mettaient dans sa bouche.
Il affirme souffrir de l'oreille et de douleurs très fortes au dos, à
cause
de la présence d'un ventilateur qui envoyait soit de l'air glacial ou de
l'air très chaud à l'intérieur de la cellule.
L'avocat de Nadi al-asir al-Filistini indique que le geôlier israélien
et
l'instructeur des services de renseignements ont amplifié les mauvais
traitements et la torture envers les prisonniers. Il indique que les
moyens
de torture ont augmenté et se sont développés, devenant une pratique
courante dans les centres d'interrogatoire mais aussi dans les prisons.
Selon une étude de Nadi al-asir, les moyens de torture utilisés contre
les
prisonniers palestiniens sont :
- le shabeh en continu et dans différentes positions le shabeh consiste
à
attacher les pieds et les mains du prisonnier et le tirer, de façon à
provoquer des douleurs au dos.
- les douches froides ou très chaudes.
- les prisonniers mis dans les pièces où se trouvent les agents.
- Interdiction de dormir ou/et d'aller aux toilettes.
- Les coups sur tout le corps
- Interdiction d'être en contact avec l'avocat pendant de longues périodes.
- Arrestation des membres des familles pour faire pression sur le
prisonnier.
- Provoquer des douleurs en dos dans la position assise sur une chaise, la
face vers le dos de la chaise
- Les insultes dégradantes surtout en direction des membres de la
famille.
- Menaces de démolition de la maison
- Mise dans des cellules sales et non aérées
- Interdiction de se laver
- Menaces de tuer, avec choix de la manière pour le prisonnier.
- Tentatives et menaces d'harcèlement sexuel, surtout en direction des
mineurs.
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Ce texte
n'engage que son auteur et ne correspond pas obligatoirement à
notre ligne politique. L'AFPS 59/62,
parfois en désaccord avec certains d'entre eux, trouve,
néanmoins, utile de les présenter pour permettre à chacun d'élaborer
son propre point de vue." |
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