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Communiqué de Nadi al-asir al-filistini, No. 084 27/09/2004 (club
du prisonnier palestinien) LE MOUVEMENT NATIONAL PALESTINIEN EN PRISON GREVES ILLIMITEES DE LA FAIM ET REALISATIONS
http://www.arabs48.com/ – Hachim HAMDANE (traduit de l'Arabe)
Il était naturel de voir les avant-gardes nationalistes et éclairées se lancer dans les premières lignes de la confrontation avec l'occupant depuis que celui-ci a sali de ses pieds la terre de Palestine, afin de dissiper les sombres nuits de l'occupation et d'alléger son poids sur le peuple palestinien qui a payé et continue un lourd tribut : humiliations, violations, dépossession, blocus, pénuries organisées, arrestations, déportations et assassinats.
Si le rôle direct de chacun des milliers de martyrs s'arrête au moment où il tombe, il continue néanmoins à alimenter la conscience de son peuple d'une volonté de poursuite de la lutte. Le détenu, quant à lui, passe à la première ligne du front car il se retrouve seul, coupé du monde, armé de sa seule volonté en face d'un geôlier muni de tous les moyens de torture physique et psychologique qu'il ne se prive pas d'user et d'abuser pour détruire la personne en face et en faire une simple silhouette qui exécute les ordres.
Il est superflu de rappeler que ces méthodes utilisées sont condamnées par toutes les lois et conventions internationales et que les forces d'occupation ne se soucient aucunement de cela.
Lors des premières années de la révolution palestinienne, il n'y avait pas de mouvement national en prison organisé tel qu'on le connaît aujourd'hui. Au début des années 70, les prisonniers dont le nombre ne dépassait pas les 800, subissaient les pires formes de torture à longueur de journée. Ils étaient pour la plupart dans la prison de ASHKELON, (par la suite, et avec l'augmentation du nombre de prisonniers, ils ont également été incarcérés à BEER SHEVA, RAMLAH et NAFHA). Tous se rappellent les conditions difficiles de détention à ASHKELON pendant ces années-là, Ils étaient 70 personnes environ dans une grande salle sous forme de couloir où il n'y avait qu'une seule salle d'eau. Ils ne pouvaient recevoir qu'une visite tous les six mois. Il leur était interdit d'avoir livres, journaux, radio et télé. La sortie dans une cour était limitée à une demi-heure par jour, où les prisonniers devaient marcher deux par deux sans s'arrêter ou s'asseoir et sans s'adresser la parole. Ils ne pouvaient faire rentrer d'habits civils et ils avaient obligation de porter uniquement les tenues de la prison. Comptés 7 fois par jour, ils devaient rester accroupis et à l'appel de chaque nom, le prisonnier devait lever la tête pour être identifié avec l'obligation de s'adresser au maton avec : "s'il vous plaît monsieur".
D'un autre côté, la direction de la prison alimentait les régionalismes et les différences entre les militants de différentes organisations afin de casser toute tentative de s'organiser. Mais avec l'augmentation du nombre de prisonniers, la présence parmi eux de plus en plus de cadres alimentant le sentiment national et l'accélération des actions militaires à l'extérieur, les conditions objectives étaient réunies pour voir la naissance d'une organisation disciplinée et efficace dans le mouvement national en prison. Le plus grand mérite en cela revient à Abou-Ali BSISSOU et Abou-Ali SHAHEEN qui ont structuré le mouvement et défini son programme et ses objectifs avec ce qui était connu par la suite comme "la constitution carcérale" qui conçoit et organise la vie quotidienne à l'intérieur des prisons d'un point de vue militant nationaliste.
Devant ces évolutions, la direction de la prison a renforcé sa répression avec tous les moyens dont elle dispose et notamment l'isolement des leaders dans des cellules individuelles. En réponse, les prisonniers ont maintenu leurs revendications pour l'amélioration de leurs conditions de détention en usant de la grève de faim.
La grève de la faim est la cessation de toute nourriture sous toutes ses formes mis à part de l'eau et du lait, si la direction l'autorise, deux verres de lait par jour, selon les conventions internationales.
Un des prisonniers libérés raconte son expérience d’une des nombreuses grèves de la faim qu'il a vécue : La grève de la faim est différente du jeûne. Le premier jour, on boit beaucoup d'eau. Le deuxième jour, les maux de tête alourdissent la tête, les pupilles s'élargissent et on essaye de se réfugier dans le sommeil, on y arrive pendant quelques heures. Le troisième jour, la migraine s'intensifie, le quatrième jour, l'insomnie s'installe et la lutte commence contre la fatigue, le découragement, et les questions qui trottent. La migraine est remplacée par un état de faiblesse, des vertiges et la difficulté de mouvement. On essaye alors de préserver des forces pour les jours à venir, garder son pain blanc pour les jours noirs selon la formule des prisonniers. La nourriture et la boisson nous manquent, les odeurs et les images de la nourriture traversent l'esprit et le riz aux lentilles (al mejaddara) et autres plats de pauvres deviennent gastronomiques. La grève illimitée est un combat très dur entre la volonté d'un côté et l'envie de nourriture et de boisson de l'autre.
L'histoire du mouvement national en prison a connu différentes étapes de lutte et notamment de grèves de faim illimitées. Le registre des martyres est plein de victimes des combats des intestins vides. Parmi eux, Ali Al-JAABARI, Kassem HALAWA et Jamal Al-MARAGHA. Dans ce contexte, de nombreux acquis ont été réalisés. Ainsi, les prisonniers ont eu le droit de recevoir de la papeterie et les publications (livres, journaux et périodiques) autorisées en Israël, les produits alimentaires (huile, café …) et les habits civils ramenés par leurs familles. Ils ont pu obtenir des radios, des téléviseurs et des ventilateurs dans les cellules. Des bibliothèques ont été ouvertes et les prisonniers ont été autorisés à travailler en cuisine et préparer leurs propres repas. Ils ont eu une machine à laver le linge et une machine à coudre dans chaque prison. La promenade est passée d'une demi-heure à 3 heures et une heure de sport. La visite s'est prolongée à ¾ d'heure au lieu d'une demi-heure. Les prisonniers parents ont eu le droit de tenir dans leurs bras leurs enfants. Les études dans des universités étrangères et l'université ouverte sont devenues possibles et les visites entre détenus dans les différentes cellules de la même prison ont été autorisées.
Les plus célèbres des grèves qui ont pu réaliser ces acquis:
Il est important de rappeler que l'importance des réalisations des grèves de faim ne réside pas dans l'obtention d'un acquis matériel, mais plutôt dans la récupération des droits obtenus auparavant et leur pérennisation, la cessation de la politique de la main de fer, l'imposition d'un traitement plus humain des problèmes des détenus et l'accord de principe sur l'ouverture de négociations dans les semaines suivantes pour régler le sujet en suspens comme l'enseignement, la séparation par des verres d’isolement, lors des visites et le droit aux communications téléphoniques.
Sans occulter les avancées réalisées, il est important de signaler que les milliers de détenus dans les prisons de l'occupation, arrêtés après l'invasion des territoires de l'autorité palestinienne, sont pour la plupart des jeunes gens sans expérience carcérale. Certains manquent même d'expérience militante et politique. Cette grève contribuera donc à renforcer le mouvement national dans les prisons en accentuant la solidarité entre les détenus et le sentiment d'appartenir au même camp.
Les détenus, comme les réfugiés, sont persuadés que le peuple palestinien n'acceptera aucune solution ou demi-solution qui n'inclueront pas le règlement de leurs situations. Et ceci, malgré tous les remous sur la scène nationale et internationale. Nadi al-Asir al-Filistini (Club des prisonniers palestiniens) |
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