AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP |
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"Prisonnier administratif, il témoigne" Jénine, Ali Samoudi
Le prisonnier libéré Wasfi Qubbaha témoigne au quotidien al-Quds des
souffrances des prisonniers administratifs
La direction de la prison du Naqab construit de nouvelles cages élevées
pour y enfermer les prisonniers
Pas une minute l'ingénieur Wasfi Izat Qubbaha n'a oublié les soucis et
les lamentations de ses compagnons prisonniers, qu'il a décidé de
porter malgré sa libération. Il avait été prisonnier pendant trois
ans, passés entre les prisons de Meggido, de Ofer et du Naqab (et ces déplacements
privent les prisonniers de stabilité). Qubbaha dit : "Même
le bonheur d'être libre, je ne peux le ressentir tant que mon peuple est
enfermé dans les dédales des prisons israéliennes, dans l'enfer
des souffrances et des mesures quotidiennes de la répression, privés
de leurs droits les plus simples. Tout Palestinien doit se consacrer et
consacrer sa vie à soutenir les prisonniers et à réclamer leur libération,
avant la signature de tout accord."
Alors que les visiteurs viennent encore chez lui, à Jénine, le félicitant
à l'occasion de sa libération après avoir été arrêté sans aucune
accusation ou sans procès, pendant trois ans, à peine le libéré
Qubbaha a-t-il entendu la nouvelle que les autorités de l'occupation
ont l'intention de libérer quelques-uns de ses frères qu'il se précipite
à son ordinateur pour sortir les noms et les traduire de l'hébreu en
arabe avant de contacter les familles dont les enfants allaient être
bientôt libérés. "La liberté est la chose la plus chère dans
la vie de l'être humain, malgré le désir de mes enfants et de ma
famille de me voir auprès d'eux, j'ai ressenti une joie encore plus
grande pendant que je traduisais les noms et que j'annonçais aux
familles la libération de mes frères et de mes amis. L'espoir est
grand et m'inonde car je sens que le jour de la liberté est proche, ces
prisons doivent être fermées, les tortures da ns ces prisons prendre
fin. La paix ne peut se réaliser alors que les Israéliens intensifient
leurs mesures répressives contre les prisonniers, et surtout dans la
prison du Naqab.
la forme la plus terrible de la détention
Dans ce centre de détention, l'ingénieur Qubbaha, qui est directeur du
département d'ingénierie dans la municipalité de Jénine, a passé
les derniers mois dans le cadre du refus de sa libération par les
autorités de l'occupation sur les recommandations de l'appareil sécuritaire
israélien qui a utilisé le dossier secret pour prolonger la durée de
sa détention. "Ce dossier a été utilisé pour prolonger ma détention
et m'imposer les privations de toutes sortes. J'ai été arrêté en
juin 2002 dans le cadre d'une campagne qui a touché les dirigeants et
cadres du mouvement Hamas, et bien qu'il n'y ait aucune preuve ou
confirmation ou chef d'accusation à mon égard, ma détention a été
renouvelée plus de 6 mois. C'est le sort de centaines de prisonniers
administratifs". Il ajoute "la détention administrative est
la pire forme de détention, car on ne sait jamais quand s'achève la
durée, l'appareil sécuritaire contrôle tout, les tribunaux n'ont
aucun rôle. Beaucoup de prisonniers ont vu leur détention renouvelée
automatiquement, sans passer par les tribunaux. Des dizaines ont même
terminé leur condamnation, et ne sont quand même pas libérés, mais
ils passent à la détention administrative, comme le prisonnier cheikh
Salih Arouri. Lorsqu'il a terminé sa peine de 12 ans, il a reçu une décision
de détention administrative, il en est de même pour cheikh Ibrahim
Jabr. C'est une mesure de punition, il s'agit de casser le moral, les
opinions et les croyances des détenus qui résistent et s'accrochent
malgré les conditions difficiles."
Qubbaha a déclaré que les forces de l'occupation ont arrêté depuis
l'opération d'avril 2002 plus de 1200 prisonniers administratifs, sans
aucune charge ou condamnation. Il ajoute que les données ont montré
que ce sont les dossiers secrets qui sont utilisés pour prolonger la détention.
Ces dossiers ne comprennent aucune accusation précise, ce ne sont que
des informations des services de renseignements qui s'appuient en fait
sur les prévisions des appareils sécuritaires concernant le danger
possible représenté par un individu sur la sécurité de l'Etat de
l'occupation. Parce que ces dossiers sont illégaux et qu'ils
constituent une preuve de l'innocence des détenus, les autorités de
l'occupation ont recours à la détention administrative décidée par
les services de renseignements qui prolongent la détention. Quant aux
tribunaux spécifiques aux détenus administratifs, ils sont utilisés
comme couverture pour les appareils de la sécurité, qui veulent
maintenir le plus grand nombre de prisonniers en détention. Ces détentions
touchent les couches les plus larges de la population, les vieillards,
les malades, les enfants, et mêmes les femmes et les mineures. Ce qui
prouve que les tribunaux ne sont qu'une couverture pour les services de
renseignements, ils n'ont émis aucune mesure de libération ces dernières
années, ce qui a obligé les détenus à les boycotter pour ne pas leur
donner un semblant de légalité. Mais la décision du boycott a été
lebe après l'annonce de l'accalmie, mais la réalité amère se
poursuit, rien n'a changé, et les tribunaux continuent à fonctionner
sous les ordres des services de renseignements. Les détenus vont
probablement revenir sur leur décision et de nouveau boycotter les
tribunaux prochainement.
Qubbaha a également expliqué que les autorités israéliennes sont en
train de construire de nouvelles sections dans la prison du Naqab, appelées
les cages, et les prisonniers parlent aussi du "mur raciste du
Naqab" semblable à celui qui est construit dans les territoires
occupés. Une grande colère gronde chez les prisonniers actuellement,
après l'achèvement par la direction des prisons de deux sections,
complètement encerclées par des blocs de ciment de tous les côtés.
Ces sections, les cages, ont été conçues d'après des critères de sécurité
renforcés pour empêcher la liaison entre les prisonniers d'une même
prison, et la direction a mis en place des appareils de brouillage pour
empêcher les prisonniers de communiquer entre eux et avec l'extérieur.
Chaque section peut contenir 120 prisonniers, qui seront entièrement
isolés des autres et du monde extérieur. Qubbaha a précisé que le
nombre des cages que la direction a achevé de construire est de 10,
chaque cage est séparée de l'autre, et à l'intérieur de chaque cage,
une porte électronique qui expose les prisonniers à des rayons
susceptibles d'influer sur leur santé.
Refus et résistance
Qubbaha affirme que les prisonniers réalisent l'immense danger représenté
par ces mesures, qu'ils considèrent comme faisant partie du plan israélien
de transformer la prison du Naqab, dont l'existence est une violation
des accords de Genève, en une multitude de cages où les prisonniers
seront privés de tout. Ils ont déclaré à la prison qu'ils refusaient
d'être transférés dans ces cages, et avant que Qubbaha ne soit libéré,
les prisonniers ont organisé plusieurs protestations, comme un sit-in
dans les cours. La direction a alors pris des mesures répressives
contre eux, mais les prisonniers sont déterminés à affirmer leur
position, et ils lancent un appel à toutes les institutions locales,
nationales et internationales pour agir et faire pression pour supprimer
ces cages-sections qui manquent du minimum vital pour une vie humaine.
Qubbaha a finalement avancé les chiffres concernant les prisonniers
administratifs. Pour lui, il y a actuellement 6000 prisonniers
administratifs, répartis dans les prisons de Ofer et du Naqab, dont 15
sont isolés à l'intérieur de leur centre de détention, et privés de
tous leurs droits.
Pour les autorités de l'occupation, Qubbaha est, selon le dossier
secret, un des plus importants dirigeants du mouvement Hamas en
Cisjordanie, alors qu'il a passé de longues périodes en prisons.
Une citoyenne du camp de Jénine témoigne du parcours de la souffrance
de son fils, détenu administratif
Son fils, privé d'études, est devenu malade.
Samedi dernier, ce fut le jour le plus terrible pour Umm Rabi', du camp
de Jénine, qui a reçu un choc lorsque l'avocat lui a rapporté que son
fils Rabi' Qasem al-Saadi, 21 ans, ne reviendra pas dans sa famille,
pour six mois encore, car les autorités de l'occupation ont refusé sa
remise en liberté, décidant de prolonger sa détention administrative
sur la base du dossier secret. En l'espace d'une seconde, le visage de
la mère, Hayat Saadi, a été bouleversé par cette nouvelle. Elle qui
attendait depuis des mois la libération de son fils et la fin da dure
souffrance qu'elle vit depuis l'arrestation arbitraire et injustifiée
de son fils Rabi'. Ses joues s'inondent de larmes, elle crie, elle est
en colère et se demande pourquoi ? "Pourquoi cette injustice,
cette oppression, cette répression ? Jusqu'à quand cette souffrance
devra-t-elle durer, qui a transformé notre vie en un enfer, qui a détruit
l'avenir de Rabi' qui a perdu ses belles anné es derrière les
barreaux, privé de ses études universitaires ?"
Privé d'études
"La prison", dit Hayat, "a privé mon fils de poursuivre
ses études universitaires. Il est étudiant en deuxième année de
comptabilité à l'université arabo-américaine, la direction de la
prison le prive, ainsi que tous les autres prisonniers, de poursuivre
leurs études, en prison. Je sens une profonde douleur, chaque jour, car
s'il n'avait pas été en prison, nous aurions pu célébrer cette année
sa réussite, celle que nous avions tellement attendue, moi et son père.
Mais l'occupant est là, il nous vise, il nous prive de tout. L'avocat a
fait plusieurs demandes pour autoriser Rabi' à poursuivre ses études,
mais sans résultat. L'instruction est interdite, et c'est cela, la
punition la plus dure, car il ne pourra pas être diplômé comme ses
collègues et amis, cette année.
Arrêté sans raisons
Hayat ajoute : "il a été arrêté sans aucune raison. Il a été
arraché à notre maison le 5 décembre 2002, lorsque les forces de
l'occupation ont mené un raid sur notre maison, à la recherche de son
oncle, cheikh Bassam Saadi, qu'elles considéraient comme quelqu'un de
recherché, accusé d'être le chef du Jihad Islamique. Malgré la
fouille de notre maison et les interrogatoires, et après avoir constaté
que cheikh Bassam n'est pas là, ils ont arrêté Rabi' sans aucune
raison. Depuis son arrestation, ce sont des moments très pénibles, car
le sort de Rabi' est inconnu. La raison de son arrestation n'a pas été
donnée, il a d'abord été emmené au camp de Salem, où il a passé
6 jours sans qu'il ne soit pas interrogé. Puis il a été transféré
à la prison de Ofer, il est devenu détenu administratif, sans aucune
accusation. Malgré les efforts de ses avocats auprès des tribunaux,
pour le faire libérer, le procureur, sur les recommandations des
services de renseignements a renouvelé sa détention de six mois.
Avant la fin de la deuxième période de détention, les forces de
l'occupation ont transféré subitement Rabi' à la prison de Meggido,
il y a resté deux mois, avant de revenir au camp de Salem. Là, il a été
interrogé par la police et les renseignements. Il a été accusé de
faire partie du mouvement du Jihad islamique, et d'avoir des activités
estudiantines au profit du mouvement. Malgré ses protestations et sa négation
de tous les charges, les autorités de l'occupation ont cependant
maintenu son arrestation, et il a été transféré à Meggido. Un mois
plus tard, il est de nouveau transféré à la prison du Naqab, pour une
troisième période.
La Haute cour israélienne refuse sa libération
Les mesures israéliennes ont encouragé l'avocat à s'adresser à la
haute cour israélienne pour réclamer sa libération, car le procureur
et l'appareil de sécurité, ne pouvant prouver les charges, l'ont mis
en détention administrative. Mais la haute cour a refusé, à partir
des recommandations des services des renseignements, disant elle aussi
que le dossier secret inclut des renseignements dangereux. Mais l'avocat
affirme que le procureur disait avoir deux témoins à charge, mais il
n'y a rien. En réalité, le procureur veut punir Rabi' et sa famille,
surtout que cheikh Bassam Saadi est son oncle. Ils ont décidé de le
maintenir en prison, et de le mettre en détention administrative afin
de prolonger la détention autant qu'ils le souhaitent.
Mais l'avocat ne baisse pas les bras. Un an et demi après l'arrestation
de Rabi', l'avocat veut prouver qu'il est arrêté sans preuves, sans
accusations. Toutes les tentatives ont jusqu'à présent échoué, et
pendant ce temps, on assiste à la détérioration de la santé de
Rabi', avec un ulcère et des maux de ventre, des maladies de peau. La
direction de la prison refuse de le soigner. La mère affirme qu'il ne
souffrait d'aucune maladie avant d'être arrêté. Ce sont les
conditions de détention qui l'ont rendu malade.
"Rabi' a déjà passé 18 mois en prison, en détention
administrative. C'est actuellement la même situation pour son frère
Abdel Rahman, 16 ans, qui a été arrêté il y a quatre mois et qui se
trouve dans la prison de Meggido. Mais c'est aussi le cas de son cousin,
étudiant, blessé, Izzidine Bassam Saadi, 17 ans, détenu administratif
depuis un an et demi. Il y a une semaine, alors que Rabi' attendait sa
libération, il a reçu un document renouvelant sa détention pour six
mois. Quelle est cette injustice qui impose à nos enfants de perdre
leurs belles années de jeunesse dans les prisons de l'oppression, sans
raison ? J'en appelle à toutes les organisations humanitaires pour
susciter le dossier de la détention administrative, d'intervenir pour
sauver la vie et l'avenir de nos enfants, de lever cette oppression qui
n'a plus de limites.
Centre d'Information sur la Résistance en
Palestine
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